Jeux paralympiques de Paris 2024 : pourquoi les fauteuils sont-ils si différents selon les compétitions ?
Arnaud Faupin, Professeur des Universités, Université de Toulon
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
En effet, il a été montré que les réglages du fauteuil roulant dépendent des critères de performances étroitement liés avec les capacités physiques du sportif. Ces réglages ont un impact direct sur la capacité de propulsion, la performance et le risque de blessure.
Des fauteuils roulants de sport à la stabilité variableLa stabilité d’un fauteuil roulant de sport dépend principalement de ses points de contact avec le sol. Cette stabilité découle notamment de la longueur du fauteuil et du carrossage des roues.
Un châssis plus long améliore la stabilité antéropostérieure (de l’avant vers l’arrière) et la trajectoire du fauteuil roulant. Dans des activités comme le rugby fauteuil, par exemple, les fauteuils roulants défensifs avec un châssis plus long offrent une plus grande stabilité. En effet, dans ce sport, il y a des fauteuils différents selon les postes de jeux et les attaquants ont un fauteuil avec un châssis plus court donc plus maniable mais moins stable. Ces fauteuils roulants, utilisés par des sportifs dont le maintien du tronc est limité, sont adaptés aux exigences de la discipline et aux nombreux chocs.
Le fauteuil roulant de course est un exemple d’autant plus évocateur. En athlétisme, des longueurs de châssis allant jusqu’à 2 mètres sont utilisées pour maintenir la stabilité dans les virages. Le carrossage quant à lui augmente la distance entre les points de contact des deux grandes roues, ce qui contribue à améliorer la stabilité latérale du fauteuil de sport.
Il semble que les sportifs dont la capacité fonctionnelle est plus atteinte, avec un handicap plus important – notamment au niveau des muscles abdominaux et dorsaux – utilisent des angles de carrossage plus élevés, jusqu’à 24°, en particulier dans des sports tels que le tennis et le rugby.
Dans certains sports, la stabilité est d’une telle importance qu’elle requiert une fixation au sol du fauteuil roulant. C’est le cas de l’escrime, du tir, ainsi que des fauteuils de lancer de poids ou de disque. Il est difficile de classer ce dernier type de fauteuil dans la catégorie des fauteuils roulants de sport dynamique, car ces fauteuils roulants n’ont pas de roues et le « fauteuil » est ancré au sol.
Certaines disciplines requièrent une grande manœuvrabilitéLa maniabilité est également un critère pertinent pour les performances sportives. Contrairement à la stabilité, la maniabilité devient plus importante pour les sportifs ayant une classification plus élevée (c’est-à-dire une capacité fonctionnelle plus importante, le handicap étant moins important).
En particulier au tennis fauteuil, la recherche de la maniabilité et la capacité à pivoter rapidement sont importantes. À l’inverse, au badminton fauteuil, les changements de direction sont moins cruciaux, car les sportifs pivotent rarement et se déplacent principalement vers l’avant et vers l’arrière rapidement.
Pour étudier cette manœuvrabilité, deux facteurs sont particulièrement importants : le carrossage, qui apparaît non seulement comme un facteur de stabilité mais aussi, comme un facteur de manœuvrabilité ; et la longueur du châssis, élément particulièrement remarquable dans les disciplines d’endurances, dont l’effet se confronte la plupart du temps à celui du carrossage.
Les études biomécaniques et la perception des sportifs démontrent une corrélation entre l’angle de carrossage et la capacité à pivoter rapidement. L’évolution du matériel tend à favoriser des angles de carrossage de plus en plus importants. Par exemple, il y a une trentaine d’années, l’angle de carrossage utilisé par les basketteurs ne dépassait pas 12°. Aujourd’hui, la quasi-totalité des sportifs choisit des angles de carrossage compris entre 15° et 24°. La conséquence de ce réglage est une augmentation directe de la largeur du fauteuil.
Par conséquent, pour certaines activités dont l’aire de jeu est restreinte et interpénétrée – c’est-à-dire que dans la même surface s’oppose les deux équipes – les parasportifs peuvent limiter l’angle de carrossage des fauteuils afin d’éviter une taille excessive qui pourrait entraîner plus de contacts avec les adversaires. Ce n’est pas le cas au tennis fauteuil, où les sportifs n’ont pas la contrainte de naviguer entre plusieurs adversaires.
Si un châssis long améliore la stabilité, il réduit en même temps la maniabilité. Les sportifs sont confrontés à un compromis basé sur les contraintes de l’activité. Pour des activités comme le basket-ball, le tennis et le rugby fauteuil, où il est important de pouvoir pivoter rapidement, les châssis sont courts. À l’inverse, pour des activités comme l’athlétisme ou le cyclisme des châssis plus longs sont utilisés. De même, pour le rugby, la longueur de châssis varie au sein d’une même activité en fonction des capacités physiques des parasportifs et de leur rôle sur le terrain.
La recherche du fauteuil idéal alliant stabilité, maniabilité, accélération et vitesse est un rêve que chaque sportif tend à réaliser en fonction des contraintes de l’activité et de ses capacités physiques.
L’objectif général de mon travail de recherche consiste à proposer une approche pluridisciplinaire permettant d’optimiser l’adéquation du couple athlète-équipement par une évaluation biomécanique et physiologique individualisée et de déterminer les facteurs de risques de blessures et environnementaux liés aux contraintes de la discipline et l’ergonomie du matériel.
Mes activités de recherche m’ont permis de développer un réseau et des compétences me permettant de développer et piloter un axe de recherche portant sur des populations de jeunes sportifs en situation de handicap.
Le projet PARAPERF est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.