French Tech : Toulouse, ville du Sud qui ne perd pas le nord
Toulouse est une ville où il fait bon vivre pour les entreprises. Souvent mentionnée au rang des villes françaises les plus accueillantes pour les startups, la Ville Rose est évidemment réputée pour sa place dans l'aéronautique et le spatial, accueillant des géants de l'industrie tels qu'Airbus ou le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES). Cependant, l'attrait de la quatrième métropole française après Paris va bien au-delà de ces seuls secteurs : avec un écosystème adapté aux besoins des entrepreneurs (incubateurs, pépinières d'entreprises, etc.), Toulouse s'affirme depuis quelques années comme un vivier de jeunes pousses innovantes, notamment dans le domaine de la GreenTech et des nouvelles technologies.
Une ville qui pousse à l'innovation par tous les moyensLa capitale de la région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée est particulièrement propice à l'innovation. La métropole de 800 000 habitants peut compter notamment sur de nombreuses structures accompagnant les entreprises, à l'instar d'incubateurs, pépinières, espaces de coworking et consorts. Les entrepreneurs y sont amenés à se tourner vers des dispositifs tels que Toulouse Tech Transfer (société opérant la valorisation et le transfert de technologies vers les entreprises), des incubateurs comme Nubbo (anciennement Midi-Pyrénées), Première brique, Le Starter by La Mêlée (pré-incubateur) ou l'ESA BIC SUD France, l'incubateur de l'Agence spatiale européenne, mais également des accélérateurs, clusters d'entreprises (Digital 112, IoT Valley, etc.) et des lieux de coworking tels que La Cantine, FabLab Artilect (coworking), ou Le Catalyseur, le tiers lieu et pré-incubateur l'université Paul Sabatier. Au coeur de cette émulation, La Cité, un site de 13 000 m2 installé dans les anciennes halles de l'entreprise Latécoère et qui, depuis mars 2020, accueille près de 300 jeunes pousses. 100 % dédiée à l'innovation, la Cité comprend à la fois un tiers lieu (hébergement de startups, salles de réunions et de conférences, etc.), un laboratoire, l'incubateur Nubbo ainsi que les équipes de l'Agence régionale de développement économique. A noter que l'écosystème entrepreneurial propre à la Ville Rose s'appuie notamment sur de grandes écoles et institutions dont les échanges participent de l'émergence de solutions innovantes : deuxième ville universitaire de France, Toulouse accueille 130 000 étudiants, compte 10 écoles d'ingénieurs dont l'ISAE-SUP AERO (le plus grand campus au monde consacré à l'ingénierie aérospatiale) et l'INSA (Institut National des Sciences Appliquées), mais aussi l'INP (Institut national polytechnique) et de nombreuses formations reconnues en informatique, entre autres. La ville reflète, en somme, le rayonnement l'Occitanie en matière de R&D.
GreenTech, mobilité, IA... des startups à la pointe de l'innovationOutre son statut indisputé de capitale de l'aéronautique et du spatial à l'échelle mondiale, la Ville Rose abrite également de nombreuses startups de la French Tech, oeuvrant dans plusieurs domaines clés :
La mobilité. Un bel exemple de la pérennité de la filière dans la capitale occitane est l'aéroport de Francazal, qui constitue aujourd'hui un véritable hub d'une cinquantaine d'hectares entièrement dédié à la conception de transports autonomes et innovants qui feront la ville de demain. On y trouve des entreprises tels que Beyond Aero (avion à hydrogène), les navettes EasyMile (véhicules autonomes), Batconnect (batteries au lithium connectées), etc. C'est sans compter sur les projets expérimentés au sein de la plateforme de recherche et d'innovation autOCampus, lieu où devront naitre des véhicules durables, connectés et autonomes de demain et où des liens s'opèrent entre la recherche publique, des industriels, le territoire, les transports urbains et les usagers. Citons également TOTEM, nom donné au cluster de la mobilité en Occitanie et qui compte à ce jour 160 entreprises membres. L'Intelligence artificielle. Toulouse concentre à elle seule 4 000 entreprises du numérique, dont 700 startups. La Ville Rose constituerait-elle la nouvelle place forte de l'intelligence artificielle ? Tout semble aller dans ce sens : il y a tout d'abord le projet ANITI, qui rassemble plus de 200 chercheurs et prévoit d'impulser la création d'une centaine de startups de futurs étudiants-entrepreneurs. Ce projet de l'Université de Toulouse fait d'ailleurs partie des neuf lauréats de l'appel à projets " IA Clusters " identifiés par le gouvernement, auxquels sont consacrés un plan de 360 millions d'euros dans le cadre de France 2030. Côté startups, on retrouve, pour n'en citer que quelques-unes, Hubi.ai, créée par Alexandre Joly, qui propose des chatbots à destination des entreprises, ou Aloen, qui a développé une solution en IA à destination des call-centers. GreenTech et AgriTech. Axée sur la transition écologique et énergétique ainsi que la décarbonation de l'industrie, la GreenTech (plus de 300 000 emplois dans la région) et l'AgriTech sont deux filières en plein essor au sein de la métropole toulousaine. Après tout cela reflète les ambitions de l'Occitanie (en 2023, Bpifrance y a soutenu plus de 5 400 entreprises, pour un montant total de 1,9 milliards d'euros), qui espère être la première région européenne à énergie positive d'ici 2050. La Ville Rose a ainsi vu éclore des jeunes pousses prometteuses telles que vorteX.io, qui révolutionne la surveillance de l'eau, de même que Blue Water Intelligence, qui propose une solution de surveillance de débit des rivières ; sur l'énergie, Immoblade réduit la consommation énergétique des bâtiments, tandis que Water Horizon innove dans le stockage thermique. La filière hydrogène est très en vue dans le cadre du plan Hydrogène Vert Occitanie. Les startups travaillant sur les potentiels usages d'un hydrogène vert ne manquent pas : H2Pulse, Hycco ou encore l'entreprise nantaise Lhyfe, qui a implanté sa deuxième usine près de Toulouse. Côté AgriTech, les solutions toulousaines se multiplient à l'instar d'Abelio, Micropep (solution de biofongicide) ou encore Agreenculture et Naio Technologies, deux startups spécialisées dans la robotisation de l'agriculture. 120 millions d'euros levés : la résilience de la French Tech ToulousePreuve de son dynamisme, l'écosystème des startups toulousaines affiche un état de forme constant : en 2023 déjà, celles-ci étaient parvenues à lever plus de 220 millions d'euros, à contre-courant d'un ralentissement global des levées de fonds à l'échelle nationale. Dans une conjoncture économique encore relativement morose depuis le début de l'année, les startups du collectif French Tech Toulouse sont malgré tout parvenues, sur le premier semestre 2024, à lever pas moins de 118 millions d'euros sur 14 opérations, signe de la vitalité des entreprises implantées autour de la Ville Rose. Trois de ces opérations ont dépassé les dix millions d'euros : Isibuy (10 millions), Infinite Orbits (12 millions) et One Stock : avec 72 millions d'euros levés, cette start-up accompagnant les acteurs du retail dans leur transformation digitale réalise la meilleure opération de ce premier semestre. La French Tech Toulouse, nouvellement présidée par Salomé Géraud (cofondatrice du Drive Tout Nu, qui a récemment lancé le tout premier supermarché zéro déchet et sans emballages en France), s'affirme décidemment comme l'une des capitales les plus dynamiques du réseau French Tech.
Cet article a été publié initialement sur Big Média French Tech : Toulouse, ville du Sud qui ne perd pas le nord