Pari réussi pour cette association de Haute-Loire : ils ont gravi le Kilimandjaro en joëlette
L’expression veut que plus on s’élève et plus dure sera la chute. Pour les quinze Altiligériens intrépides qui ont dompté le Kilimandjaro, la redescente a été, au terme d’un effort hors du commun, une immense source de joie.Avec l’aide de plusieurs amis sportifs de l’association Mézenc Melting sport, Pierre-Julien Jouve, moniteur de parapente agréé biplace handi à l’initiative de l’aventure Kili hand’Icare, a réussi un défi fou dimanche dernier : celui d’amener, à l’aide d’une joëlette, Gautier Dellannoy, un sportif handicapé, jusqu’au sommet de l'Afrique (5.895 mètres d’altitude, ndlr).En 2013, une femme handicapée avait vécu la même expérience grâce à l’association coubonnaise Handi’cap aventure 43. Pierre-Julien Jouve a souhaité aller plus loin. Une fois sur le toit de la Tanzanie, il a réalisé le rêve de Gautier Dellannoy : à bord de la joëlette, le sportif a pris son envol !
Six kilomètres en enferLe groupe, accompagné de son guide David Malemba, avait entamé son ascension du Kilimandjaro six jours plus tôt, mardi 20 août. Le lendemain, les quinze randonneurs arrivaient à leur deuxième checkpoint, au refuge de Horombo, situé à 3.720 mètres d’altitude. Une étape franchie sans difficulté par ces sportifs rodés à l’exercice depuis leur séjour à la Meije dans les Hautes-Alpes, où ils s’étaient préparés avant leur départ.Cet arrêt leur a permis de reprendre des forces avant de fournir un nouvel effort pour parvenir au dernier camp de base de Kibo, culminant, lui, à 4.800 mètres d’altitude. Avant de se lancer, « on a fait deux journées de randonnée pour acclimater notre corps à l’environnement, ce qui nous a permis d’arriver en forme au refuge », rapporte Pierre-Julien Jouve. Mais la dernière portion de six kilomètres a failli avoir raison du groupe.Après trois essais, un envol magique au-dessus de la mer de nuages. PHOTO KILI HAND’ICARE
Avec un dénivelé positif de 1.200 mètres et après avoir dépensé énormément d’énergie pour arriver jusque-là, les jambes ne carburaient plus qu’au courage. « À partir des 5.500 mètres d’altitude, on a vraiment galéré », concède le moniteur. Ses amis et compagnons de route, Mathieu Blaudy et David Vey, ne peuvent que confirmer l’enfer vécu. « Il est 6 heures du matin, tu es dans du sable, tu commences à reculer de 50 centimètres, tu ne parles plus, tu penses que tu ne vas pas y arriver… Et puis tu vois tes camarades qui n’en peuvent plus », relate Mathieu. Pour autant, tous poursuivent leurs efforts. L’heure n’est plus à « se poser des questions. Le mental, c’est une force collective et notre expédition était basée sur l’inclusion par le handicap. Gautier nous montre qu’avec l’envie, tu peux tout défoncer. Rendre l’impossible désormais possible. »
À mesure que les chemins se font de plus en plus étroits, que la température chute drastiquement, la montée du Kilimandjaro devient un véritable parcours du combattant pour Gautier Delannoy. « J’ai été obligé de sortir de ma joëlette pour escalader les derniers kilomètres », raconte-t-il. Mais le sportif atteint d’une diplégie spathique de naissance a pu compter sur le soutien sans faille de ses partenaires. « On devait manipuler la joëlette dans des virages où les marches étaient très hautes. Mathieu et David ont aidé Gautier pour l’amener au sommet », salue Pierre Julien Jouve.Au terme de l’ascension, le plus dur était fait. Ne restait plus qu’à faire décoller le parapente avec la joëlette et Gautier Dellanoy à son bord. Une expérience qu’il n’oubliera jamais. « Dans les airs, on avait une vue imprenable sur le Kilimandjaro avec sa mer de nuages. C’est la troisième fois que je pratique le parapente, mais jamais à de telles altitudes. »À près de 6.000 m, un décor à couper le souffle s’offre à l’équipe. PHOTO KILI HAND’ICARELe décollage n’était pourtant pas gagné d’avance. « Passé les 3.800 mètres d’altitude, résume Pierre-Julien Jouve, j’ai averti les guides qu’il y avait des risque que la descente en parapente ne se fasse pas. Ils sont tombés des nues, mais ils ont accompli un miracle en décalant le décollage d’un jour, pour trouver un point d’envol adapté ».
Alex Jehanno