Michelle, tétraplégique : "On doit toujours anticiper nos déplacements, c’est fatigant"
C’est lorsque Michelle s’est retrouvée en fauteuil roulant qu’elle s’est rendu compte des difficultés de circulation. Le décret de 1978 sur l’accessibilité des installations neuves ouvertes au public n’a pas été suffisant pour observer une avancée.
1991 et 2005 en dates clésMichelle explique qu’il a fallu attendre "la loi de 1991, sur l’accessibilité aux personnes handicapées des locaux d’habitation, des lieux de travail et des installations recevant du public." Et c’est surtout avec la "loi de 2005 sur l’égalité des droits et des chances" que les choses ont bougé.
Michelle est plutôt autonome : "J’ai une voiture, je peux vivre sans l’aide de personne" confie-t-elle. Néanmoins, des aménagements lui sont nécessaires, en ville. Les places de parking réservées aux personnes en situation de handicap en sont un exemple. "Avec les travaux, trouver une place près de l’établissement auquel je souhaite me rendre, à Clermont-Ferrand, est difficile. D’autant plus que la ville est pentue. Quand on est à la place de Jaude et qu’il faut se rendre à la place de la Victoire, c’est difficile. Après les travaux, on espère également que les trottoirs seront plus accessibles. La ville affirme qu’il y aura toujours des places de parking qui nous seront réservées. Mais on craint qu’il y en ait moins. Surtout avec cette volonté de piétonnisation de la ville, qui nous inquiète".
Au fil des années, Michelle a su s’habituer aux différentes configurations des lieux dans lesquels elle se rend. Cela n’empêche pas qu’elle doit toujours "anticiper ses déplacements et c’est fatigant".
Anticipation en maître motCela n’empêche pas qu’elle doit toujours "anticiper ses déplacements". Les incivilités rendent aussi "les déplacements compliqués", poursuit-elle.
Il est difficile de circuler quand une voiture est garée à cheval sur le trottoir, ou que les poubelles sont sorties. La ville met des poteaux sur les trottoirs pour empêcher cela, mais cela peut nous handicaper aussi.
Mais Michelle constate une évolution : "Depuis les lois de 1991 et 2005, nous circulons plus facilement. Les gens nous voient davantage puisque nous sortons davantage. Cela peut créer parfois un cercle vertueux, qui permet l’amélioration de notre quotidien. On pense à nous car on nous voit." Des lois qui ont donc permis une amélioration de l’accueil des personnes en situation de handicap dans les lieux recevant du public, comme les commerces.
Du retard, encoreLa sexagénaire remarque une amélioration, mais aussi du retard : "Les commerces se débrouillent pas trop mal à Clermont-Ferrand. Il y a des rampes amovibles normalement, mais elles se font parfois rares. En restauration, les WC sont rarement adaptés. Le comble, ce sont les anciens bâtiments de santé, qui ne nous sont souvent pas adaptés".
Dans le milieu de la culture, l’accessibilité a été modifiée. "Avant, dans les opéras, cinéma, au Zénith..., on devait être regroupés entre fauteuils roulants. Maintenant, ce n’est plus le cas. Mais au Zénith on n'a droit qu’à un seul accompagnant, c’est trop peu", conclut-elle.
Anna Pimpaud