Quelles sont les conséquences de l’addiction aux écrans sur notre santé et notamment celle des enfants ?
Gaëlle Le Moal est assistante sociale et sa collègue, Chloé Gaillard, est infirmière. Toutes les deux prennent en charge les addictions des patients du CSAPA. Elles font aussi de la prévention, notamment sur les effets néfastes des écrans auprès des enfants.
Qu’est-ce qui définit une addiction ? À quel moment la pratique des écrans devient néfaste ?
Gaëlle Le Moal : On parle d'addiction à partir du moment où il y a perte de liberté et de choix.Chloé Gaillard : En consultation, nous allons vérifier s’il y a des « clignotants rouges ». Est-ce que le patient sort ? A-t-il des amis ou est-il seul ? Est-il introverti ? A-t-il du mal à s’insérer professionnellement ?G.LM : Pour l’addiction aux écrans, les gens sont souvent cloîtrés chez eux. Parfois, ils ont aussi une addiction aux jeux et aux dépenses compulsives sur les jeux en ligne.
Quels sont les principaux risques de cette dépendance ?
C.G : Hormis les dépenses compulsives, le patient peut faire des insomnies ou avoir un grand manque de sommeil. Les notifications et les messages peuvent créer une angoisse. Il peut y avoir de l’isolement social, notamment pour ceux qui sont addicts aux jeux, car ils ne veulent pas couper une partie en cours et abandonner leur équipe.
On conseille d’attendre 3 ans avant de mettre les enfants devant les écrans. Pour quelles raisons ?
G.LM : Aucun écran avant 3 ans et maximum 15 à 30 minutes par jour durant encore plusieurs années. Pourquoi ? Parce que cela peut causer un retard de développement pour les plus jeunes. Un retard de langage et de compétences sociales dû au manque d’interaction. Mais aussi dans la gestion des émotions. Les écrans mettent l’enfant dans un état de sidération. Oui, il sera calme durant cette période, mais il aura plus de mal à rester concentrer par la suite.C.G : Il faut aussi faire attention à leur proposer du contenu adapter à leur âge ! Jusqu’à 10 ans, un enfant ne fait pas de distinction entre le réel et l’irréel. L’ambiance d’un film peut le placer dans une situation délicate dans laquelle il ne saura pas gérer, ni comprendre ce qu’il regarde.
Quels conseils donneriez-vous aux parents ?
G.LM : Privilégiez les moments de qualité avec vos enfants ! Ne culpabilisez pas, parfois les écrans permettent aux parents de souffler un peu. Mais il faut doser. Pour toutes les addictions, plus vous vous ancrez dans la vie réelle et moins vous êtes enclin à devenir addict.C.G : Parfois, on reçoit des parents démunis qui ont du mal à poser un cadre, notamment avec leurs ados. Avec les enfants, c’est plus simple d'avoir de l'autorité, mais lorsqu’ils sont plus grands, ce n’est pas la même… Ce que je leur dis de faire, c’est d’expliquer les raisons de ces limites, et surtout, de les respecter aussi?! Si l’enfant voit l’adulte être constamment sur son téléphone, il ressentira forcément un sentiment d’injustice. Une addiction, c’est souvent quelque chose de culturel que l’on va transmettre à son enfant. Si on se fixe des objectifs sains, qu’on développe d’autres centres d’intérêt, nos ados seront plus enclins à faire de même.
Zoé Blateyron
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