Les voitures anciennes et de prestige, un atout pour le tourisme en Corrèze

C’est un tourisme de niche, mais qui a beaucoup d’allure. Pas forcément de vitesse, les mécaniques anciennes ne flirtant pas avec les records. Mais du style à coup sûr.

Cela fait plus de 10 ans que Corrèze Tourisme porte, en son sein, une structure d’organisation de rallyes touristiques pour véhicules anciens et de prestige. « Il y avait des demandes, mais pas de structure pour y répondre », rappelle Xavier Courty, l’actuel référent voitures de collection à Corrèze Tourisme. « L’idée de départ, c’était de faire découvrir les joyaux du département et de favoriser une activité commerciale, hébergement, restauration, mais aussi activités culturelles et de loisirs, ainsi que l’artisanat local. »

Une première en France. Rapidement, la Dordogne rejoint la Corrèze au sein de Corrèze Dordogne Tourisme et « ça a très bien marché ! », apprécie Xavier Courty. Le référent d’alors, Jean-Paul Brunerie, a ouvert un gîte pour collectionneurs de véhicules anciens, « il avait un bon carnet d’adresses et on était présent sur les salons spécialisés, à Paris ou Lyon. »

« Les petites routes de Corrèze, c’est de la folie ! »

Aujourd’hui, les rallyes touristiques restent « une activité de niche », reconnaît-il, mais qui forgent une identité particulière à la Corrèze. « Cela nous positionne comme un territoire, où l’on peut faire des choses hors des sentiers battus, apprécie Marie Saule, directrice de Corrèze Tourisme. Et cela nous permet d’attirer une nouvelle clientèle. »

Une clientèle variée. Pour le plaisir des yeux et des curieux, on a ainsi vu passer, en juin dernier, le cortège du rassemblement international des Ford T, ces mythiques Américaines des premiers temps de l’industrie automobile, venues de France, Belgique, Suisse, Grande-Bretagne, Italie et, même, des États-Unis. Avant cela, des Morgan, des tricyclecars (des cabriolets à trois roues), des Porsche venues de Lorraine ; en septembre, le club Jaguar Grande-Bretagne et deux clubs multimarques d’Annecy et de la Vienne qui sont attendus.

La saison des anciennes, d’avril à début juillet, puis de fin août à mi-octobre - « l’été, il y a trop de monde sur les routes », constate-t-il -, ne vise « pas forcément le haut de gamme, constate Xavier Courty. On est sollicité par des clubs de 2CV aussi. »Les pilotes de voitures anciennes ont envie de se faire plaisir.

Par quelques fous du volant aussi. « Le premier week-end de janvier, l’Écurie des Trapadelles, l’un des plus vieux clubs de voitures anciennes (des cabriolets anglais, N.D.L.R.), a voulu rouler en conditions hivernales, décapotées, avec une étape de nuit sur des routes à peine carrossables. C’est le plus atypique qu’on ait reçu », s’amuse Xavier Courty.

Des séjours clé en main. « Sur la base d’un cahier des charges précis, on leur prépare des séjours clé en main », assure Xavier Courty. Environ 150 km de roulage, deux visites dans la journée, des haltes qui régalent, des hébergements parking compris… « Ça peut être populaire, mais les pilotes veulent se faire plaisir. En Corrèze, on a un potentiel énorme. »

Ce qui fait le succès de la Corrèze ? « Les routes s’y prêtent, elles sont vallonnées, variées et tranquilles, analyse Xavier Courty. Les paysages sont magnifiques. Et on leur peaufine des roadbooks millimétrés, c’est notre force. Fléchés, métrés et transposables en version numérique. Je les fais passer par des petites routes, c’est de la folie ; on n’imagine même pas !, sourit-il. Je travaille avec des cartes IGN, pas Michelin. Certains parcours, aucun guide touristique ne les préconise. »

Résultat, ironise-t-il, « on a un gros problème : ceux qui sont venus veulent revenir. Certains pour la cinquième ou la sixième fois. Au bout d’un moment, il faut trouver de nouveaux trajets de visites, on ne peut pas les emmener voir Hautefort ou Bort à chaque fois. Mais on en a encore sous le coude ! » 

Les paysages sont magnifiques. Et on leur peaufine des roadbooks millimétrés, c’est notre force.

« Depuis 11 ans, reprend-il, d’autres départements ont voulu s’y mettre, mais soit ils sont moins adaptés touristiquement, soit ils n’ont pas un référent. »Un territoire qui séduit. La Xaintrie, les gorges de la Dordogne, les Ardoisières de Travassac, le château de Hautefort ou les Jardins d’Eyrignac, Collonges, Curemonte, Sarlat ou Pompadour, les vignobles de Branceilles ou la distillerie Denoix… Les pilotes de voitures anciennes ont leurs spots de référence.Les roadbooks très précis font la renommée de Corrèze Dordogne Tourisme.

Quant aux retombées de leurs visites en Corrèze, elles sont difficiles à chiffrer, reconnaît Xavier Courty. « Quatorze séjours d’une vingtaine de personnes, à raison de trois nuits et deux repas pendant 2 jours… Mais il y a aussi les visites et tous les achats qu’ils font chez les commerçants ou artisans locaux. Pour les Ford T par exemple, certains sont arrivés une semaine avant pour visiter la région. Les retombées sont souvent bien plus larges que celles du rallye. Et il y en a souvent qui reviennent après ou qui font connaître la région autour d’eux. »

« En fait, c’est une opération de promotion clé en main, relayée mondialement. Ça peut valoir des campagnes d’affichage dans le métro, d’autant que là, on touche directement le public cible. » 

A Uzerche, La Corrrèze à mobylette surfe sur la vague du tourisme vintage

Peu nombreux donc, les touristes en voitures anciennes, mais très avantageux. « Ils restent longtemps et ils offrent un fort pouvoir d’achat. Cela permet de diversifier nos clients. Nous ne sommes pas une destination bling-bling, mais ces séjours nous permettent d’attirer une clientèle plus habituée à un certain standing. Et cela leur permet de revenir en dehors du séjour en voitures anciennes. »

Autre avantage : « C’est une clientèle qui permet de désaisonnaliser une partie de notre activité, poursuit Marie Saule. Cela contribue à nos objectifs d’élargir la saison. »

« L’idée, avance Marie Saule, c’est de conforter cette offre. De maintenir, voire de développer cette activité, sans nous disperser sur la moto par exemple. L’enjeu n’est pas de la démultiplier, mais nous développons les actions de prospection. Être sur les salons permet de cultiver notre réseau. C’est une clientèle très affinitaire, comme le trail par exemple, les salons nous permettent de toucher vraiment la cible. Nous menons aussi un travail important de terrain avec les opérateurs locaux pour que leurs offres soient adaptées à ce public. »

Blandine Hutin-Mercier