Les Jeux paralympiques de Paris 2024, une compétition pour pays riches ?
Paris accueille les Jeux paralympiques 2024 depuis maintenant une semaine. Une compétition qui ne cesse de réunir de plus en plus de délégations. Cependant, certaines zones géographiques restent à la marge de cet évènement planétaire où règnent encore en maître les pays les plus développés. Pour cause, sur la dernière édition, à Tokyo, qui a réuni 4.399 athlètes en 2021, 43 % d’entre eux étaient engagés sous les couleurs d’un pays européen. Pour être tout à fait complet, il faudrait ajouter à ces 1.892 sportifs, les 235 athlètes américains, les 254 sportifs japonais, les 148 athlètes chinois, ainsi que les 174 Australiens.
En revanche, seuls 319 étaient Africains. C’est tout juste 100 de plus de l’Océanie qui n’avait envoyé que 4 délégations à Tokyo, contre 44 pour l’Afrique, soit autant que l’Europe. À Tokyo, les athlètes africains ne représentaient que 7,25 % des engagés.
Un manque de politiques publiquesLa très large sous-représentation des athlètes africains aux Jeux paralympiques s’expliquerait d’abord par le manque de politiques publiques en faveur du parasport. Pour les experts du think tank (groupe de réflexion) Thinking Africa, il s’agit même de la principale raison de cette mise à l’écart. « En Afrique le handicap n’est pas encore assez pris en compte dans les politiques publiques et les populations doivent, pour la plupart, se débrouiller seules. »
Une situation confirmée par le président du Comité paralympique africain, Samson Deen : « Cette catégorie de sport est la moins bien soutenue financièrement ». Même constat chez les athlètes. Smaali Bouaabid, lanceur de poids tunisien atteint de nanisme, médaillé de bronze aux Jeux de Rio en 2016 a même l’impression que certains dirigeants en Afrique « considèrent le parasport comme un loisir pour les personnes atteintes d’un handicap ».
À cela s’ajoute une mauvaise allocation des ressources. En effet, le continent africain ne dispose pas de moyens moins suffisamment importants pour investir massivement dans le parasport. Pour cause, « la plupart des pays n’ont pas les moyens d’envoyer leurs athlètes handisports sur des compétitions de qualification olympique et doivent supplier leurs gouvernements pour obtenir des fonds afin d’y engager leurs athlètes », déplore le président du comité paralympique africain.
« Mieux maquetter le handicap »« Il n’y a plus de tabou autour du handicap aujourd’hui », affirme Samson Deen. « Le problème, c’est la façon de présenter le parasport aux gouvernements et aux populations », complète-t-il. « Il faut mieux maquetter le handicap pour réussir à le promouvoir par l’avenir, tout est une question de perception », clame-t-il.
Et pourtant, l’Afrique présente des résultats probants. En 2021, à Tokyo, l’Afrique totalisait 52 médailles, soit 13 de plus que lors des derniers JO de Paris 2024. « Peut-être ces résultats permettront-ils aux dirigeants d’investir davantage dans le parasport », espère Samson Deen.
L’Afrique n’est certainement pas la seule responsable de sa mise à la marge des discussions internationales. Pour les experts de Thinking Africa, « le sport n’est que la traduction des rapports de force à l’international et reflète la faiblesse de l’Afrique ». L’Égypte souhaite accueillir les Jeux en 2036, mais pour se faire une place sur l’échiquier mondial du sport, « les Africains doivent comprendre qu’il s’agit d’un business », affirment les membres de Thinking Africa.
Combien coûte une prothèse orthopédique ?
Si on parle de prothèses conçues pour la vie quotidienne, cela peut aller de 3.000 (entrée de gamme) à 21.000 euros pour le très haut de gamme. Si on parle de sport, il faut débourser en moyenne 15.000 euros. Le problème est qu’elles ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale.
Comment sont fabriquées les prothèses ?
Les prothèses sont fabriquées en laboratoire, la plupart du temps, dans des usines avec des ingénieurs. On leur commande des pièces sur mesure, et nous ne nous chargeons « que » de réaliser la jonction entre le membre amputé et la prothèse. La chance, que nous avons, en France, c’est d’avoir du matériel neuf, performant et durable, ce qui n’est pas le cas de tous les pays. En Afrique, par exemple, ils travaillent souvent avec des matériaux de seconde main. Il y a quelques années, je les ai vus réaliser des prothèses avec des gouttières en PVC...
Quelle est leur durée de vie ?
C’est très variable. Pour les prothèses tibiales, en moyenne, c’est 3 ans. Il n’est pas forcément nécessaire de les changer au bout de cette durée, en revanche, il est parfois impératif de faire quelques ajustements sur ces équipements. Pour le genou, la durée de vie moyenne peut aller jusqu’à 6 ans.
Si on parle de prothèse de sport, évidemment, la durée de vie est encore plus courte, puisque les prothèses s’usent beaucoup plus vite. Tout ce qui est sportif et esthétique a un prix.
Que pourrait améliorer la France sur le matché orthopédique ?
L’attribution des prothèses. En France, la loi oblige à donner deux prothèses identiques au patient (une de rechange). Ce qui est étrange, compte tenu de l’usure des prothèses et de l’évolution de celles-ci par les patients, qui eux-mêmes sont amenés à changer physiquement au cours de leurs vies. En France, la prothèse de rechange n’est pratiquement jamais utilisée. Pire, encore, elle ne peut pas être remplacée pour un appareillage avec une utilisation différente, comme le sport. Les sportifs sont donc condamnés à payer par eux-mêmes leurs équipements pour une pratique à haut niveau.
David Allias