Pourquoi l'ancien grand maître du Grand Orient de France était-il en Creuse ce week-end ?
Comment situer le Grand Orient de France au sein de la franc-maçonnerie ?
Avec 300 ans d’existence, c’est l’obédience la plus ancienne du continent européenne. Avec 1.400 loges, c’est aussi la plus importante obédience dite “libérale” d’Europe.
“Libérale” ?
Il existe deux grands courants maçonniques : la franc-maçonnerie anglo-saxonne d’un côté, et la franc-maçonnerie libérale de l’autre. La première caractéristique de cette franc-maçonnerie libérale est qu’elle n’impose rien en termes de croyance ou de non-croyance. Contrairement à l’anglo-saxonne, qui impose la croyance en Dieu. Ce qui nous distingue aussi de cette dernière est le fait que nous abordons tous les sujets que nous souhaitons, y compris les sujets de société.
Vous donniez une conférence intitulée “Démarches initiatiques et engagements humanistes”, à Guéret, ce samedi 7 septembre. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
L’idée est de s’ouvrir au monde “profane”. De permettre à des gens qui ne sont pas francs-maçons, mais qui pourrait être intéressés par cela, d’en savoir un peu plus sur l’utilité de la franc-maçonnerie, son fonctionnement…
Il s’agit aussi de pouvoir dialoguer, et de montrer ce qu’est la réalité de la franc-maçonnerie, au-delà des préjugés et des fantasmes qui peuvent être véhiculés à son égard.
Êtes-vous dans une démarche de recrutement ?
Nous ne faisons pas de prosélytisme. Tant mieux si nous avons de nouveaux initiés. Mais nous ne cherchons pas à avoir des adeptes. Pour nous, je dirais que la qualité l’emporte sur la quantité. Ce qui nous importe, c’est d’avoir des gens très motivés.
Comment peut-on rejoindre votre mouvement ?
Soit, vous êtes approchés par un franc-maçon qui vous connaît. Soit, vous participez à une initiative comme celle organisée à Guéret ce samedi, ce qui est l’occasion de rencontrer des francs-maçons. Mais il est aussi possible d’écrire à la loge locale ou à l’obédience.
Un nombre croissant de candidatures nous parviennent par voie électronique. Nous attirons de plus en plus de jeunes gens et de jeunes filles, puisque nous sommes ouverts aux femmes depuis une quinzaine d’années.
Une fois la démarche enclenchée, les choses s’inscrivent dans le temps long.
C’est-à-dire ?
C’est une démarche initiatique. Celle-ci va permettre au franc-maçon de se retrouver dans un univers différent de celui qu’il côtoie dans son quotidien. Et qui va l’aider à progresser, à s’améliorer, à l’aide de rites, de légendes, de symboles très anciens… C’est une démarche d’émancipation.
En quoi la franc-maçonnerie pourrait-elle nous aider à affronter les grands défis de notre temps ?
Elle nous permet de sortir de la confusion dans laquelle nous baignons souvent dans ce monde où une information chasse l’autre, où il n’y a plus véritablement de hiérarchie entre ce qui est de l’ordre de l’éphémère et du durable, entre ce qui est important et ce qui est secondaire.
En franc-maçonnerie, on prend le temps d’examiner les choses. Tout en étant aidé par cette grammaire symbolique particulière qui nous permet d’échapper au raisonnement binaire, par la pensée analogique. Tout cela permet à des gens de mieux se situer, d’échapper aux injonctions d’urgence permanente, de se poser pour réfléchir tranquillement et de prendre du recul.
Pratique. Les personnes intéressées par les activités du Grand Orient de France en Creuse peuvent écrire à libertedeconscience23@gmail.com
Propos recueillis par François Delotte