Comment la fédération des chasseurs est devenue le principal restaurateur de mares dans l'Allier ?
Embauchée en 2022, Amandine Pollet est devenue cheffe du service environnement de la fédération de l’Allier, avec déjà 154 mares à son actif et 202 chantiers en cours cet automne. Le tout avec le soutien de techniciens naturalistes qui sont au nombre de quatre maintenant. La fédé compte en effet dix-sept salariés, neuf de plus qu’il y a dix ans.
Les chantiers de restauration de mares sont réalisés entre mi-août et mi-novembre, à la saison la plus sèche possible, par les entreprises Dejoux pour l’est du département et Meunier pour l’ouest.Ces mares appartiennent à des particuliers ou à des communes pour qui l’opération ne coûte rien. Elles font de 50 à 1.000 m2. La ville d’Yzeure, par exemple, fait restaurer deux mares cet automne : au parc des rives du Danube et à côté du gymnase de Bellevue.
Des chantiers spectaculairesÀ Liernolles, Stephen de Reilhac a fait restaurer sa mare, fin août, en moins de deux jours, le long d’une route communale (photo). Envahie par la végétation et les ragondins, elle ne mesurait plus qu’une cinquantaine de mètres carré, couverts de lentilles d’eau.
Après débroussaillage, sa silhouette en forme de U est réapparue et elle mesure 400 m2. Les pentes ont été aplanies pour favoriser la biodiversité ; le tronc d’un arbre arraché a été repositionné sur la berge dans le même objectif. Et des gravats de chantier, stockés non loin sur la commune, ont permis de recréer une digue que les ragondins ne pourront plus percer.
Une convention engage le propriétaire et éventuellement l’agriculteur (abreuvement pour les bêtes) à l’entretenir pendant dix ans au moins. Il ne doit pas y avoir plus d’un tiers d’ombre sur leurs surfaces, au risque qu’elles se referment, et elles ne doivent pas être empoisonnées.
Trois financeursTrois organismes publics permettent de financer ces restaurations : l’Office français de la biodiversité, la Région et l’Agence de l’eau.Toutes les mares ne sont pas éligibles à tous les financements.Par exemple, la subvention de l’Agence de l’eau dépend de la présence certifiée sur la commune de la cistude d’Europe. Quant à l’OFB, elle peut assurer le financement d’une restauration si des hirondelles rustiques sont présentes ; elles construisent leur nid avec la boue.
Un an d’attenteActuellement, 44 communes de l’Allier et 186 propriétaires ont déjà fait appel à la fédération pour faire restaurer une mare.« On a déjà créé une liste d’attente pour 2025, on a beaucoup de demandes. On essaie de chercher des financements autant qu’il y a de demandes. Pour l’instant, il faut un an entre le premier coup de fil [au siège de la fédération] et le chantier », déclare Amandine Pollet. « Il faut procéder à des inventaires des espèces, instruire le dossier et le faire valider par la DDT. »La fédé revient un ou deux ans après la réalisation vérifier sa bonne évolution. « La biodiversité revient vite, grenouilles, roseaux… », assure la cheffe du service environnement.
Stéphanie Ména