Le viaduc de Garabit en fête avec l'Unesco dans un coin de la tête

Il y a 140 ans, le viaduc de Garabit permettait enfin au train d’enjamber la Truyère. Ce qui était alors un authentique exploit technique est devenu, au fil du temps, un totem esthétique, un des monuments emblématiques du Cantal. Au point d’entrer au patrimoine mondial de l’Unesco ? C’est en tout cas une volonté de longue date.

Après d’autres initiatives, Saint-Flour communauté a décidé de s’allier, en 2017, puisque les candidatures collectives sont désormais privilégiées, à cinq autres ponts européens du XIXe siècle : le viaduc de Müngsten, en Allemagne ; le pont San Michele, en Italie ; les deux ouvrages emblématiques de Porto, Maria Pia et Luis 1 et le viaduc du Viaur, à la frontière du Tarn et de l’Aveyron. Depuis, tous se retrouvent chaque année, en congrès, autour d’un des sites, pour faire avancer leur dossier.

La candidature du viaduc de Garabit à l'Unesco en six questions

Cette candidature s’appuie sur une réelle cohérence, expliquait Bertrand Lemoine, historien et directeur de recherches au CNRS, au sortir de la deuxième rencontre : « Il y a une vraie unité dans ces ouvrages, des grands viaducs en métal avec arche tous construits entre 1876 et 1900. Ils ont une valeur universelle car ils ont servi de modèle à d’autres ponts, que ce soit à Sydney, New York ou encore en Afrique du Sud. Ils sont aussi le fruit d’échanges entre ingénieurs de l’époque qui a abouti à un savoir-faire commun. Ils sont uniques, notamment eu égard aux sites les entourant. Et ils sont rares, il n’en reste que peu de préservés ».

Préservés et en activité, car il s’agit de l’une des conditions sine qua non pour l’obtention du label Unesco : qu’ils transportent encore les hommes. Sur ce point, l’énorme chantier engagé par SNCF Réseau sur la ligne Aubrac en ce moment est un plus. Comme l’a été, en début d’année, l’inscription du viaduc de Müngsten sur la liste indicative allemande. « L’Allemagne à une spécificité, précise Céline Charriaud, présidente de Saint-Flour communauté. Elle n’inscrit sur sa liste que les sites qu’ils défendront jusqu’au bout pour l’Unesco, c’est donc plus restrictif qu’en France. Dès lors qu’elle l’a obtenu, tous les autres ponts travaillent à figurer sur les listes respectives. » Si une visite ministérielle était attendue, en juin, à Garabit et au Viaur, la dissolution et la période de réserve qui l’a accompagnée l’ont reportée, probablement au printemps prochain. D’ici là, le prochain congrès se tiendra, début novembre, en Allemagne.

Selon Céline Charriaud, « sur ces volets techniques, le dossier suit son cours. On est dans un temps long, mais on ne perd pas de temps ». Reste, désormais, le volet populaire. « L’Unesco est particulièrement sensible à ce que les territoires se fédèrent autour des ouvrages, à ce qu’il y ait une ferveur. D’où l’idée de cette manifestation, au-delà du simple fait de marquer un anniversaire important. C’est pour nous l’occasion de déclarer notre fierté d’avoir sur notre territoire un ouvrage à la réputation nationale, qu’on espère bientôt internationale. Pour préparer cette fête, de nombreux acteurs ont su se fédérer. On espère que la mobilisation populaire y fera écho, pour envoyer un message à l’Unesco. »

Yann Bayssat