"Les enfants de la résistance", une bande dessinée "de transmission" sur la Seconde Guerre mondiale
« Il fallait éloigner l’agent au plus vite. On roula longtemps. Sans échanger un seul mot. On changea de voiture. Personne ne se regarda. Chacun devait rester inconnu. Le notaire avait trouvé une planque […] à mille lieues du reste du monde. D’un monde en guerre. D’un monde des ombres. »Dans le tome 9 de la bande dessinée Les enfants de la résistance, dont l’action prend place au début de l’année 1944, les trois jeunes héros, François, Eusèbe et Lisa, plongent encore un peu plus dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, sans cesser le combat. Le scénariste belge Vincent Dugomier revient sur cette aventure qui a su, depuis 2015, séduire toutes les générations de lecteurs.
Comment vous est venue l’idée, avec le dessinateur Benoît Ers, de réaliser une BD sur la Seconde Guerre mondiale ? Nous nous connaissons depuis longtemps avec Benoît. Et il avait un intérêt très marqué pour cette période, mais plus sur le plan des combats. Moi, cela ne m’intéressait pas tellement. Je suis donc revenu avec l’idée de nous mettre du côté des civils. Nous sommes vite tombés d’accord sur le fait d’évoquer la résistance, car on s’est rendu compte, en échangeant nos souvenirs de famille, qu’on avait tous un parent résistant. Puis on s’est dit qu’on allait parler d’enfants qui observeraient l’occupation, d’enfants résistants.Le Lombard
Les bandes dessinées sont très documentées. Cela a dû nécessiter de nombreuses recherches historiques. Effectivement. En permanence on recoupe les informations, on écoute des témoignages sur l’époque… Tout cela nourri l’ensemble du projet. J’ai dernièrement eu des personnes qui expliquaient avoir été enfants sous les barricades en août 1944 pendant la libération de Paris. Benoît fait aussi un travail énorme sur la représentation de l’époque. Le moindre objet, y compris les uniformes, est très réaliste, même avec un dessin jeunesse.
Pensiez-vous que « Les enfants de la résistance » allaient avoir ce succès ? Nous n’avions pas imaginé, au départ, que nous ferions une série aussi longue. On avait signé pour deux tomes. Assez rapidement, il y a eu un réel intérêt. Là, on devrait arriver à douze tomes. On va lancer ensuite une nouvelle série qui racontera l’histoire de Lisa (jeune allemande dont les parents, opposés à Hitler, ont été tués N.D.L.R) avant qu’elle arrive en France. C’est, de loin, le personnage préféré des lecteurs. Et c’est une fierté pour nous. Lisa lutte contre le nazisme sans jamais s’en prendre à son peuple.
C’est une thématique importante, le pardon. Se dire qu’il faudra se pardonner et reconstruire quelque chose ensemble.
Quel était votre souhait, votre message, en écrivant cette histoire d‘enfants résistants ? L’idée était de faire une bande dessinée mémorielle pour toute la famille. De transmission entre les générations. Que les enfants posent des questions à leurs parents. J’espère ainsi pouvoir planter des graines. On le voit lors des interventions scolaires (la série peut servir de support pédagogique aux établissements, N.D.L.R). Il y a un intérêt incroyable pour l’époque, cela les touche, ils ont de l’empathie pour les drames qui se sont déroulés. Il y a des choses à transmettre aux enfants. Qu’ils prennent soin de notre monde, de notre démocratie, de notre liberté. Rien n’est jamais acquis.
Marion Chavot