Cinq décennies de rugby gaulois fêtées dans le Cantal
Il y avait de l’émotion le long de la main courante du stade de Prentegarde, samedi. Cinquante ans est un bel âge pour un club de rugby, et un anniversaire agréable à fêter tant il permet de profiter de la gouaille des fondateurs toujours présents tandis que le souvenir de ceux partis trop tôt est encore vif.
Michel Bonnet, 83 ans, représenté par son fils, raconte bien l’histoire du rugby club des Landes, à l’image des valeurs de la ruralité. Il y a la convivialité, la générosité, que l’on devine lorsqu’il décrit des personnages hauts en couleur, la Marcelle, le Jojo, les troisièmes mi-temps et les appels au stade, pour « rameuter tout le monde. Oui, nous étions une meute ».
Le rugby se fait une placeMais c’est aussi le symbole de cette ruralité maligne, efficace, pugnace. Nous sommes en 1974, Saint-Paul-des-Landes n’est pas encore le village moderne entouré de lotissements que l’on connaît, et c’est le football qui tient le haut du pavé.
Mais le rugby s’y fait une place, notamment grâce à Georges Maury accueilli sur le tard dans la commune. Professeur au lycée Émile-Duclaux, il apprécie les chenapans du fond de la classe et consacre, avec d’autres, comme les anciens asémistes Jean-Paul Roquetanière et Jacques Rieu, son temps libre à développer la pratique du ballon ovale sur place. Et « la volonté farouche d’un homme peut faire des miracles », apprécie Michel Bonnet.
Pour le terrain, les fondateurs misent sur un pré mal dégrossi dans les marécages de Prentegarde, une prairie plus fameuse pour ses bécassines que pour la qualité de sa pelouse. Mais à 100.000 francs anciens, il ne fallait pas faire la fine bouche, d’autant que la parcelle a un nom évocateur : en occitan, elle s’appelle « Longanhe ». Quant aux vestiaires, c’était dans la stabulation du voisin…
Cinquante ans que le RCL gagne sur le pré de « Longanhe »Et c’est là que les Gaulois ont construit leur légende. Gilles Combelle, aujourd’hui invité en tant que conseiller départemental, fut convié en tant qu’adversaire. Il se souvient d’un « terrain qui parlait, lourd, qui colle aux crampons, et de belles parties de mandolines en bord de touche… »
À l’image de Georges Maury, le Rugby club des Landes devient « un club iconoclaste, rebelle, un peu sauvage dans ses plaines, mais aussi bienveillant, accueillant », salue Jean-Louis Gomez. Un club moderne, aussi, qui monte une équipe féminine en 2007 et qui, pour son anniversaire, invite les filles de l’ASM Romagnat et du CAB pour un match amical en tête d’affiche.
Ce samedi, le club a aussi dévoilé le nouveau nom du stade. Ne l’appelez plus Prentegarde, même si les adversaires du RCL, en R2, devront toujours faire attention au moment de préparer ce déplacement. La pelouse porte désormais le nom de Georges-Maury, et c’est lui-même qui accueillera le XV adverse, béret sur la tête, à l’arrière du club-house.
Un bel hommage pour marquer « l’histoire d’une passion commune, résume Frédéric Murat, coprésident (avec Yannick Printinhac, Thierry Raymond et Géraud Raynal). Ce stade, c’est plus qu’un lieu, c’est le cœur battant de notre village ».
Pierre Chambaud