Comment l'association Arbre remplit son double objectif social et environnemental en Corrèze
L’Association ramassage briviste de revalorisation de l’environnement (Arbre) fête ses 30 ans le 8 octobre 2024 avec ses partenaires. Bien identifiée dans ses missions de récupération des déchets, elle veut mettre en avant son autre objectif qui est l'accompagnement socioprofessionnel de personnes éloignées de l'emploi.
Une croissance liée au développement du triArbre a été créée le 26 novembre 1991 pour répondre à deux problématiques, l’une sociale, l’autre environnementale.
« L’association est née d’une volonté d’acteurs locaux, municipalité de Brive et chargés de mission du RMI géré par le conseil général, afin de créer du travail aux personnes éloignées de l’emploi en vue de leur réinsertion, explique l’actuelle directrice Céline Pallut. Et en ces prémices du développement durable, il y avait un besoin pour le recyclage des cartons. » En 1992, l’association démarre ainsi avec le conditionnement des papiers-cartons pour le Sirtom du pays de Brive, par un chantier d’insertion de 18 personnes?; puis la ville de Brive lui confie le gardiennage des deux déchetteries.
En chiffres. 48 salariés dont 10 permanents travaillent pour l’association Arbre?; 18 dont 7 permanents pour la SASU Arbrenvironnement.
Au fil des ans et du développement du tri des déchets, l’activité se développe avec des collectes spécifiques concernant les déchets d’activités de soins à risques infectieux Dasri (déchets de santé médicaux) les fermentescibles, les équipements électriques électroniques et électroménagers, le verre…
« Et comme les agents transportaient des produits dangereux, l’association a dû se professionnaliser : une société d’action simplifiée unipersonnelle (SAS), entreprise d’insertion, a été créée en 2010 pour assurer la partie collecte et transport de tous déchets vers les centres de traitement. »
L’association, elle, a grandi avec le Sirtom du pays de Brive et intervient en 2024 dans 18 déchetteries?; elle propose aussi des services aux particuliers (tri et débarras). Bien identifiée dans ses missions de récupération des déchets, elle a, depuis un an, renforcé son accompagnement social. 130 personnes sont accompagnées par an.
Une passerelle vers la vie activeDepuis deux mois, Max a retrouvé un rythme de travail. Max, un Martiniquais arrivé en 2011 en Corrèze, est l’un des 38 agents employés par l’Association ramassage briviste de revalorisation de l’environnement (Arbre), en insertion dans une des dix-huit déchetteries du Sirtom de la région de Brive et de la Dordogne (*). Ce travailleur déclaré handicapé ne peut plus assurer le métier de mécanicien auto, moto et bateau pour lequel il a été formé à cause d’un problème au dos et galère pour trouver du travail.
Depuis août 2024, à la déchetterie d’Ussac, Max conseille et aide les usagers à jeter leurs déchets dans la bonne benne. Il donne des coups de main, avec patience, pour que les remorques et coffres se vident plus vite. Cet emploi, obtenu à 40 ans, lui permet ainsi de « m’orienter dans la vie active et ça m’apprend à survivre?! »
Un encadrement technique et socialMax a été notamment formé par un encadrant technique de l’association. « Nous sommes trois encadrants pour les agents des déchetteries, souligne Daniel Nedaud. Donc nous ne sommes pas tout le temps avec eux. Ils travaillent en autonomie et à temps complet pour la plupart : certains avec un agent du Sirtom, d’autres seuls dans des déchetteries comme Masseret ou Lubersac On tourne sur les différents sites : on vient voir si ça fonctionne, si le tri se passe bien. Les agents peuvent à tout moment nous appeler en cas de besoin. »
C’est Karen Magne, accompagnatrice socioprofessionnelle, qui embauche ces agents en contrat de 4 à 24 mois : des personnes éloignées de l’emploi depuis longtemps, des travailleurs handicapés, des détenteurs du RSA…, via des prestataires comme Cap emploi ou en candidatures spontanées. Elle les accompagne ensuite tout au long de leur contrat.
Le travail en insertion permet de remettre le pied à l’étrier, de retrouver un rythme de travail, de casser l’isolement social. Mais le but est d’aller vers un emploi durable
Karen Magne se définit comme « une coach professionnelle » en construisant avec la personne un projet propre à sa personnalité, ses problématiques, ses compétences. « Chaque parcours professionnel est différent, suivant le profil des agents : certains viennent d’un milieu carcéral, d’autres vivent dans la rue, d’autres ont connu une rupture familiale… Ils peuvent se diriger vers un métier dans le secteur des espaces verts, comme cariste ou agent de sécurité. »
Max souhaite, par exemple, se reconvertir dans la réparation électronique, de l’électroménager : « Un stage d’immersion dans une entreprise spécialisée va permettre de voir si c’est possible », précise son accompagnatrice.
Des parcours de vie très variésA la déchetterie d'Ussac, les agents sont également chargés de peser les déchets amenés par les professionnels. À 60 ans, Bruno, qui sort d’une période de chômage de longue durée, aimerait aller jusqu’à la retraite dans ce secteur professionnel. Il était, ce jour-là, chargé de la pesée des déchets amenés par les professionnels : « Le boulot me plaît bien, je suis en contact avec les gens, c’est physique, ça bouge. J’ai retrouvé un travail et un salaire décent (un peu plus que le smic) : je vivais avant avec les 500 € par mois du RSA. En Île-de-France, j’ai travaillé en tant que chauffeur-livreur pendant 10 ans. Aujourd’hui, on me propose d’être chauffeur messagerie, avec un rythme effréné et la livraison de 80 colis par jour?; à mon âge, ce n’est pas possible. »
Le taux de réussite vers un emploi durable est de 60 %. « Mais il faut aussi regarder l’avancée sociale. Des personnes très cassées nous rejoignent, certaines sans logement, sans voiture, précise Karen Magne. Si on arrive à améliorer leur situation, recréer du lien social et casser l’isolement, c’est déjà réussi?! »
(*) Une déchetterie est basée à Condat.
Photos : Stéphanie Para ; texte : Christine Moutte