Qu'est-ce qui a convaincu cette trentaine de seniors d'emménager dans une résidence ultra-moderne à Issoire ?
C’est une nouvelle vie qui a commencé pour Nadine Kemp, le 5 juin dernier. Une nouvelle vie, à Issoire, pour cette Clermontoise de 71 ans. "J’ai eu des gros soucis de santé, quand j’étais à Clermont. Mon fils vit à Issoire et j’ai souhaité me rapprocher de lui, que ça soit plus facile pour qu’il vienne me voir. J’ai vu un article dans la presse, qui évoquait ce projet de résidence pour seniors : tout de suite, je me suis inscrite", explique-t-elle, aujourd’hui très satisfaite d’avoir emménagé dans la résidence Happy, un lieu de vie inclusif développé par l’Ophis Puy-de-Dôme et le Conseil départemental du Puy-de-Dôme. Pour Nadine, il était important de conserver son autonomie, sa liberté et son indépendance en occupant "son" appartement.
Chacun chez soi. Mais il y a une grande solidarité: on est proche, et on prend soin les uns des autres... On se voit presque tous les après-midi.
Faciliter le vivre ensemblePaul et Yvette Hermet, juste devant leur nouvel appartement. Juste avant l’été, la résidence aux 30 logements a accueilli ses tout premiers locataires afin de permettre aux personnes en perte de mobilité ou fragilisées de bénéficier d’appartements adaptés à leurs besoins et problématiques.
Construction d'une nouvelle gendarmerie et d'une résidence seniors en 2024 à Issoire
"Les lodges (pour LOgements Des GEnérations Séniors) jouent un rôle essentiel pour favoriser les échanges et rompre l’isolement. Pour les locataires qui ne se connaissent pas encore, la salle commune offre un cadre idéal pour initier des échanges. Elle permet de créer des liens et d’encourager le dialogue, tout en éloignant la solitude", soulignait Anne-Marie Maltrait présidente de l’Ophis, et conseillère départementale, lors de l’inauguration de la résidence issoirienne, ce jeudi. La résidence a surtout été pensée de façon sur-mesure : adaptée au territoire issoirien.
S'il s'agit des cinquièmes Lodges ayant vu le jour dans le Puy-de-Dôme, chaque projet est différent. Jamais la même architecture, jamais le même projet, jamais la même dimension. Du vrai sur-mesure entre commune et partenaires qui déclinent ces Lodges. Et qui présente, à chaque fois, une salle commune pour accueillir et réunir tous les locataires, quand ils le veulent. Afin qu'ils ne se sentent pas isolés et qu'ils créent du lien.
Le virage domiciliaireCette sorte de chaînon manquant entre le logement privé et l’établissement d’accueil pour personnes âgées, abrite désormais 36 locataires « dans des logements entre le T2 et le T3 sur trois niveaux » précisait Philippe Brunet-Debaines, directeur général de l’Ophis.
Quel coût ? Les Lodges ont coûté un peu moins de 4 M €. Ils ont bénéficié de subventions : soit 83.205 € de l’Etat, 345.000 € du conseil départemental, 50.000 € de la Carsat (pour la salle commune). L’Ophis a investi 624.000 € sur ses fonds propres ( + 31.253 € pour la salle commune) et emprunté : 2,55M€ auprès de la Banque des territoires et 102.000 € auprès de la Carsat. (Garanties d’emprunt : 50 % Ville d’Issoire ; 50 % Conseil départemental).
Une alternative qui permet, en quelque sorte, de se rapprocher d’un maintien à domicile. « Le “chez-soi” ce n’est plus juste un logement. C’est un logement plus un prolongement de celui-ci, offert par la salle commune. Celle-ci permet de se retrouver, entre voisins de la résidence, de ne pas être isolé et de bénéficier de tout un tas d’activités organisées par une animatrice, soulignait Claudette Meynadier, chargée de projet social et référente seniors à l’Ophis.
Des animations pour tous les locataires qui sont partantsÀ Issoire, Juliette, a déjà proposé de nombreux projets : des visites et idées de sorties, une activité aquarelle, de la couture, de la cuisine, du sport adapté, du jardinage entre les résidents dans un petit potager, etc.
"C’est super. Faire de l’aquarelle, j’en rêvais. Je n’en avais jamais fait. Qu’est-ce que j’ai aimé ! Et puis je n’avais jamais jardiné, par exemple. Là, on a mis des salades, du persil et on vient se servir"
apprécie Nadine Kemp qui déplore seulement un manque criant de transports en commun à proximité de son nouveau “chez-elle”… Peu adaptés et peu fonctionnels, la retraitée souffre de ne pas pouvoir les utliser plus commodément, et les trouve trop éloignés de sa nouvelle résidence.
Jardiner à plusieurs ou bien sur son balconJardiner, c’est bien de le faire ensemble, dans le potager partagé, mais Paul Hermet a aussi choisi de faire pousser un plant de tomates, sur son balcon, au 2e étage, avec un bel ensoleillement.Paul Hermet apprécie l'exposition de son balcon. Une nouveauté, car ce nouvel Issoirien, qui résidait à Saint-Germain-Lembron depuis 40 ans n’en cultivait pas jusqu’alors. Paul et Yvette Hermet ont emménagé dans un coquet T3 de 64 m2. Et s’y sentent bien.
Quand on est entré, notre fille et notre gendre avaient tout aménagé : à l’intérieur mais aussi jusqu’aux jardinières de géraniums sur le balcon. Ils avaient tout fait !
souligne Yvette. Son époux, Paul, a ajouté sa note personnelle à la décoration de sa chambre : des sujets en bois et des petits animaux, qu’il avait fabriqués, et aujourd’hui exposés dans une vitrine. Paul a apporté avec lui des souvenirs : ses petites réalisations en bois, et représentations d'animaux, glissées dans la vitrine de sa chambre.
Yvette est enchantée par le parc et la verdure tout autour. "Sans les arbres, ça n’aurait pas été pareil ; on ne l'aurait peut-être pas pris...", sourit-elle, pas franchement mécontente d’avoir laissé leur maison "et les 2.000 m2 de terrain. Ça faisait beaucoup d’entretien !" Trop pour le couple de retraités. Aujourd’hui, Yvette est contente de son petit rythme de vie à la résidence Happy. Yvette et Paul ont trouvé leurs marques dans leur nouvel appartement, à Issoire, dans la résidence sécurisée où ils ont élu domicile en juin.
Je trouve même que c’est presque trop grand, ici… À notre âge le ménage c’est toujours difficile
Leur appartement, comme tous les autres de la résidence, est aménagé pour les personnes ayant une perte de mobilité, grâce à des espaces élargis, très fonctionnels, comme dans la salle de bains ou les toilettes, et où la domotique leur facilite la vie : les détecteurs de présence permettent d’allumer la lumière dans les pièces avant même qu’ils n’y mettent le nez. Les appartements sont également équipés de volets roulants facilitant leur ouverture, de détecteurs de chute. Le tout, suivant leurs besoins actuels ou à venir afin de "bien vieillir chez soi". Des facilités domestiques afin de s’adapter et palier la perte d’autonomie des locataires.
Marie-Edwige Hebrard