"On s'attend au pire" : des familles étrangères de Clermont-Ferrand convoquées par la police aux frontières
La nouvelle est tombée comme un couperet, vendredi 4 octobre. Près de deux mois après l'évacuation de la Maison du peuple, à Clermont-Ferrand, des familles (une dizaine de personnes, sans les enfants) sont convoquées à Gerzat, lundi matin, par la police aux frontières. Une information reçue avec effroi par ces couples et femmes seules étrangers, actuellement au centre d'hébergement temporaire pour déboutés, à Clermont-Ferrand. "Cela ne sent pas bon du tout", se désole un militant engagé à leurs côtés depuis l'installation de tentes place du 1er-Mai, début avril.
Après le choc, la recherche d'une réponse adaptéePour Réseau éducation sans frontières (RESF) 63, dont des membres défendent les droits de ces familles depuis le printemps, ce qui les attend à l'issue de cette convocation ne fait guère de doute : "Soit elles recevront une assignation à résidence, soit elles seront orientées vers un centre de rétention administratif (CRA) pour être expulsées. Mais si elles ne se présentent pas à la police aux frontières, ces personnes auront une inscription au casier judiciaire et c'en sera fini pour leurs démarches."
Le 8 avril dernier, des dizaines de familles sans-abri ont monté, avec des citoyens, associations et militants, un campement, place du 1er-Mai, à Clermont-Ferrand, avant de se déplacer à la Maison du peuple, trois jours plus tard. Elles y resteront jusqu'en août. Le 13 août, la grande salle était de nouveau vide.
D'après des militants qui les ont accompagnées ces derniers mois, plusieurs d'entre elles rassemblent les conditions d'une régularisation.
Depuis la réception de ces convocations, leur entourage s'active et s'emploie à trouver une réponse proportionnée, malgré "la violence de ce choc", se désole Simon Lamure (RESF), l'un des cadres de l'ex-campement de la Maison du peuple.
"Convoquer tout le monde, comme ça, d'un coup et à la même heure, c'est inédit. Est-ce que leur situation a réellement été réexaminée ? On peut se le demander. Cela montre surtout que le centre d'hébergement était un piège. On s'attend au pire."
Après plus de trois mois passés dans la grande salle de la Maison du peuple, dans des conditions précaires, des dizaines d'hommes, femmes et enfants étaient temporairement sortis de l'impasse. Une trentaine de places avaient été libérées par la préfecture dans un ensemble d’immeubles géré par l'association CeCler.
Un courrier adressé au préfet, Bruno Retailleau viséDans un courrier adressé au préfet du Puy-de-Dôme Joël Mathurin, RESF 63 réclame la levée de ces convocations et lie ces dernières aux récentes déclarations du nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui multiplie les sorties sur l'immigration.
"C'est bien l'extrême droite qui dicte sa politique d'immigration, écrit le collectif. Une politique placée sous le signe de la répression, de la stigmatisation et de la xénophobie. Nous redoutons que ces premières convocations aillent dans ce sens. Jamais nous ne laisserons faire cette politique dans le silence." Contactée, la préfecture du Puy-de-Dôme n'a pas pu être jointe ce week-end.
Malik Kebour