De la scierie à la SAS : 60 ans d’épopée de la RDL Beaudonnat à Vernines

 "J’ai grandi dans les copeaux de bois". Laurent Beaudonnat sera charpentier. Les charpentes donc, mais aussi les maisons à ossature bois, la menuiserie extérieure, le bardage, l’isolation… La couverture aussi, notamment en ardoises de Brive, ce qui vaut à la RDL Beaudonnat une belle renommée dans le secteur du bâtiment.

Dans la famille Beaudonnat, je demande le père, Laurent (à droite), le frère, Didier (à gauche), l’épouse, Cécile (à côté de Laurent), et la fille, Romane. Manquent sur cette photo réalisée dans un caisson d'isolation pour la crèche de Nébouzat, le fils, Lionel, et le cousin, Mathieu.  

L’entreprise familiale, installée à Vernines, vient de fêter ses 60 ans :  « Mon père l’a créée le 1er septembre 1964 ».

Presque date à date, 350 invités ont répondu à l’invitation pour souffler les bougies, témoignant de la renommée de cette entreprise de charpente bois artisanale et familiale.

Dont l’histoire remonte même avant 1964, au temps de l’arrière-grand-père, qui travaillait dans la scierie et l’agriculture en 1903. Déjà à Vernines. Puis le grand-père développe l’ébénisterie.

Ensuite, le père, à 21 ans, avec son CAP menuiserie en poche, prend la relève en créant réellement l’entreprise, avec son épouse Marie-Paule. À 81 ans, ce dernier, René Beaudonnat, était là pour la fête d’anniversaire dans les ateliers de l’entreprise avec vue sur le puy de Dôme. On imagine son émotion.

Aujourd’hui, l’entreprise s’est développée et propose désormais les services d’un bureau d’études. Elle s’est aussi diversifiée en fabriquant son propre bois à Combronde, en association avec trois scieurs et deux charpentiers. Et elle s’est surtout transmise.

En 1984, le premier fils, Didier, rejoint l’atelier. En 1992, Laurent, son frère, le rejoint. L’entreprise individuelle devient SARL six ans plus tard. En 2003, René leur laisse la boutique. Les ateliers sont agrandis. L’effectif passe à 20 personnes, dont trois apprentis, en 2024. L’an dernier, la RDL Beaudonnat devient une SAS pour acter l’arrivée des enfants. Ceux de Laurent et de son épouse Cécile : Lionel, 32 ans, et Romane, 27 ans. Et le fils de Didier : Mathieu, 32 ans.

"Nous sommes une entreprise passion", assure Laurent. "Le bois est vivant. Il y a des odeurs, des sons. Quand on a fini une pièce, on passe la main pour voir si c’est sec. On la caresse. Oui, il y a quelque chose de sensuel."

Les enfants peuvent-ils vraiment y échapper ? "On se pose des questions, bien sûr", rit Romane. "Mais quand on a grandi ici, c’est difficile de ne pas être emporté par cette passion."

Elle passe un BTS assistante de gestion et une licence en relations humaines. Son frère, un diplôme de BP Charpente et un titre de meilleur apprenti de France en charpente bois en 2013 et Mathieu est ingénieur spécialité bois.

Tous les trois, désormais associés, ont pour ambition de développer l’entreprise, qui a déclaré, en 2023, trois millions d’euros de chiffre d’affaires. La rénovation énergétique, les panneaux solaires… "Nous avons toujours pensé faire des métiers d’avenir", assure Laurent.

Eric Robert est entré dans l'entreprise en juillet 2004 comme apprenti, il est aujourd'hui chef d'atelier."On n’a jamais dévié de notre route. Avec la confiance de nos fournisseurs, quasi tous du Massif central, et de nos clients, à 90 % des particuliers, et du savoir-faire de nos salariés, nous nous sommes toujours adaptés. Chez nous, l’évolution se fait naturellement, et ce n’est qu’en se retournant que l’on constate que c’était une révolution."

Cécile Beaudonnat, l’épouse de Laurent, en plus de ses responsabilités dans l’entreprise, occupe des fonctions officielles. Elle est vice-présidente de l’organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) et présidente de la Commission nationale des femmes de l’artisanat à la Capeb, où elle milite pour l’accompagnement des femmes dans le secteur de l’artisanat.

Cécile BergougnouxPhotos Francis Campagnoni et RDL Beaudonnat