En Creuse, ces lycéens ont le pouvoir de sauver une œuvre
« Grâce à vous, une œuvre aujourd’hui cachée car en trop mauvais état va pouvoir être restaurée et remise dans l’espace public », a expliqué Philomène Vuillard, de La Sauvegarde de l’art français, aux 23 élèves de première professionnelle SAPAT (Services aux personnes et aux territoires) du lycée agricole d’Ahun, lundi 7 octobre.
Lancée en 2018 par cette fondation reconnue d’utilité publique, la campagne « Les lycéens à la découverte du plus grand musée de France » a déjà permis à 24 classes de préserver un élément de leur patrimoine local.Cette année, Philomène Vuillard accompagne 14 classes (*) de lycéens partout en France. Dont ceux d’Ahun. Pour tous, le principe est le même :
« 10.000 € vous sont confiés pour choisir une œuvre à restaurer, et vous serez les seuls à décider laquelle. »
Lundi 7 octobre, les élèves creusois ont découvert les cinq œuvres d’art, objets ou lot d’objets sélectionnés dans un rayon de 30 km par La Sauvegarde de l’art français et Géraldine Thévenot, conservatrice des antiquités et objets d’art de la Creuse. « Ça va être dur de faire un choix, estiment Noémie et Ornella, 16 ans. Toutes ces œuvres méritent d’être sauvées. »
Les deux adolescentes et leurs camarades ont six mois pour prendre leur décision, au terme d’une enquête complète.
Une mission pour l'année scolairePour commencer, les élèves vont examiner les œuvres dans leur environnement actuel et bénéficier des explications d’élus locaux lors d’une journée d’exploration prévue jeudi 17 octobre.
Ensuite, répartis en cinq groupes (un par œuvre), ils effectueront des recherches complémentaires, accompagnés par leurs enseignants : Annouck Rousselin, professeur d’éducation socio-culturelle, Patrick Chatard, professeur d’histoire-géographie et Carine Chaulet, professeur documentaliste.
Dans l’hiver, les lycéens auront la chance de participer à des ateliers de création (*) : avec une restauratrice d’art qui leur fera découvrir et tester ses outils et avec un écrivain qui les fera travailler sur la notion de patrimoine.
Les lycéens vont voter pour leur œuvre préféréeEnfin, au printemps, chaque groupe défendra « son » œuvre lors d’un concours d’éloquence à la suite duquel les lycéens seront invités à élire celle qui sera restaurée.
« C’est une belle opportunité. Cette opération va permettre aux jeunes d’aborder le patrimoine de façon non rébarbative et au final, ils seront fiers d’avoir contribué à sauver une œuvre. »
Céline Colin
(*) Mécène de quatre de ces 14 classes, dont celle d’Ahun, la fondation TotalEnergies a ajouté, cette année, un dispositif d’ateliers de création au programme.
Photo : Géraldine Thévenot Actuellement conservée dans le grenier de la mairie, cette bannière est associée à un lot d’instruments de fanfare (fin XIXe, début XXe siècle).
SAINT-PARDOUX-LES-CARDS : un corbillard hippomobilePhoto : Géraldine Thévenot
Inscrit à l’inventaire des Monuments historiques, ce véhicule du XIXe siècle est resté relativement complet dans une grange communale.
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Ce monument aux Morts édifié entre les deux guerres mondiales est agrémenté d’une sculpture exposée aux intempéries.
MOUTIER-ROZEILLE : quatre tableaux de Madeleine Luka
Photo : Géraldine Thévenot Quatre œuvres sur papier de l’artiste féminine sont accrochées dans la salle du conseil municipal. Elles représentent les quatre saisons.
MOUTIER-D’AHUN : la fontaine de la Métive
Photo : commune du Moutier-d'AhunCette fontaine conservée dans un jardin avait déjà fait l’objet d’un projet de réhabilitation avec les lycéens d’Ahun, en 2020.