Les questions qui se posent après l'incendie à l'ancien cinéma Les Bourbons, à Montluçon
Des Bourbons, avenue de la République à Montluçon (Allier), il ne reste plus que la façade monumentale et trois murs qui cachent un trou béant dont on peut mesurer la dimension vue du ciel, après l’incendie survenu dimanche 6 octobre, en milieu d’après-midi.
Les photos aériennes que le Service départemental d’incendie et de secours de l’Allier a publiées, sur ses réseaux sociaux, témoignent de la violence des flammes qui ont ravagé l’ancien cinéma, fermé depuis 2009.
La fumée, visible à des kilomètres, a attiré une foule de curieux autour du site, quadrillé par les pompiers jusqu’au lendemain. Ils ont levé le camp à midi, laissant un barriérage autour du bâtiment, fragilisé par l’effondrement de la toiture qui a désolidarisé l’ossature.
Un expert du tribunal administratif de Clermont-FerrandLa Ville a interdit la rue de la Bascule aux véhicules, et ce pour une durée indéfinie, confirme Pierre Laroche, adjoint à la mairie de Montluçon en charge de la sécurité. L’accès piéton est conservé. « Nous avons sollicité un expert auprès du tribunal administratif de Clermont-Ferrand, pour pouvoir prendre un arrêté de péril. »
L’expert a examiné les lieux vendredi 11 octobre et ses conclusions sont attendues ce lundi 14 ou ce mardi 15 octobre. « En fonction de ses préconisations, l’arrêté mettra en demeure le propriétaire de faire les travaux pour sécuriser les lieux. »
Photo Florian Salesse
Une démolition possible ?Le propriétaire, c'est Frédéric Dubourgnoux (*), aussi directeur du cinéma Le Palace (société Ciné 2000), boulevard de Courtais. Celui-ci a alerté son assurance dès lundi 7 octobre et déposé plainte auprès du commissariat de Montluçon. Une enquête de police a été ouverte pour tenter de déterminer l’origine de l’incendie. « Je sais que son expert est venu jeudi [10 octobre] et un autre doit venir la semaine prochaine », rapporte le maire, Frédéric Laporte.
Une réunion s’est tenue mercredi 9 octobre, à la cité administrative, avec chacune des parties concernées. La municipalité, elle, penche pour une démolition de l’immeuble, mais le choix final revient au propriétaire.
« Ce serait bien qu’on puisse s’entendre avec lui. Cela fait un moment qu’on voudrait en faire un jardin, à l’image de ce qu’on a fait à la Verrerie. Il faut “dédensifier”, redonner une respiration à un quartier qui en a bien besoin. »
Photo Florian SalesseUne histoire qui a démarré en 2006En 2006, le maire d'alors Daniel Dugléry voulait raser Les Bourbons pour transformer le terrain en parking. L’accord, à l’époque, prévoyait le rachat du cinéma par la municipalité pour 175.000 €. Tandis que cette dernière devait céder l’ancienne usine Bréa System, en zone Saint-Jacques, à Ciné 2000, qui devait construire un nouveau cinéma, avec cinq salles et 850 places. L’ouverture était prévue… pour 2008, puis 2010.
Depuis, la saga a connu de multiples rebondissements, politiques et judiciaires, et il n’y a toujours pas de multiplexe à l’horizon. Le projet est porté par Megarama depuis 2014, cette fois sur le site de l’ancien magasin Point P, avenue de l’Europe.
Photo Florian Salesse
Bataille judiciaire autour du multiplexeLe groupe Megarama a déposé une nouvelle demande de permis modificatif, délivré par la Ville le 23 décembre 2022. Et le document a de nouveau été attaqué par l’association Un certain regard sur Montluçon, devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. La juridiction n’a toujours pas examiné le recours et aucun coup de pioche ne sera donné tant que le volet judiciaire ne sera pas clos.
Frédéric Dubourgnoux avait lancé un projet de réouverture des Bourbons. En 2017, il évoquait la construction d’un nouveau bâtiment, avec trois salles pour 300 places. Depuis 2011, il s’était retiré du projet « Saint-Jacques » suite à des mésententes avec le promoteur de la zone, Sopricom. Des discussions avaient repris jusqu’en 2013, sans aboutir.
(*) Malgré nos multiples sollicitations, nous n’avons pas pu échanger avec Frédéric Dubourgnoux.
Seher Turkmen