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La Montagne
Октябрь
2024

Elles racontent la douleur de perdre un bébé : "J'entends les autres pleurer alors que le mien ne pleure plus"

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Il fait gris, ce matin de janvier 2018. Devant une école d’Ytrac, près d’Aurillac, Dorothée Chavanon et Aurélie Vidalinc se regardent, sans arriver à poser un mot. Elles s’observent et pleurent alors que leur enfant respectif rejoint la classe de CP qu’ils partagent. Elles trouvent chez l’autre la même souffrance. Cette simple idée les soulage sans même avoir besoin de parler alors qu’elles ne se connaissent pas.

Les deux Cantaliennes auraient pu ne jamais se rencontrer si leur histoire ne s’était pas bousculée. En un mois, elles ont vécu le pire déchirement. En décembre 2017, Malo est mort au bout de huit mois de grossesse, dans le ventre de Dorothée Chavanon. En janvier, c’est Alyssa, 2 mois, la fille d’Aurélie Vidalinc, qui est retrouvée morte au réveil, dans son berceau.

Si elles se percutent devant cette école, c’est que leur enfant subit les mêmes moqueries, innocentes et cruelles, de la part de leurs camarades. « Je ne vais la voir que pour évoquer ce problème avec elle, se souvient Dorothée Chavanon, près de sept ans plus tard. Je n’aurais jamais osé, autrement. » « On n’a pas beaucoup parlé ce jour-là, mais ça m’a beaucoup aidée, se souvient Aurélie Vidalinc. Tu savais ce que je ressentais. Je n’étais plus seule. »

Les deux femmes parlent des mêmes émotions, du même anéantissement quand l’enfant disparaît « alors qu’on est dans le bonheur total », se rappelle Aurélie Vidalinc. Elles évoquent aussi le devoir d’assurer face à l’imprévu, de continuer à s’occuper des plus grands, protéger le couple car « chacun vit les choses différemment et il faut l’accepter », se souvient Dorothée Chavanon.

« Tu savais ce que je ressentais. Je n’étais plus seule »

Enfin, elles racontent la violence des formulaires, les maladresses administratives brutales. Pour voir le corps d’Alyssa, qui repose en pédiatrie, Aurélie Vidalinc doit traverser la maternité. Elle entend « les bébés pleurer, alors que le mien ne pleure plus ». Les résultats de l’autopsie lui parviennent par courrier, de nouveaux examens sont demandés sans qu’elle ne soit tenue au courant, sans réellement savoir les causes du décès.

« On m’a demandé si je voulais “abandonner le corps”. C’est le terme utilisé… », s’étonne encore Dorothée Chavanon. Malo est mort dans son ventre, elle rentre chez elle avec des médicaments pour déclencher le travail, deux jours après. Une période qu’elle juge salvatrice, « cela m’a donnée le temps d’assimiler ». Plus douloureux, ce rendez-vous avec une sage-femme qui épluche le dossier et la regarde : « Vous avez donc deux enfants ». Jusque dans son dossier médical, Malo n’existe pas.

Cette maladresse se retrouve partout, même parmi les proches. « La question est taboue, alors que c’est un sujet qui touche tout le monde », assure Dorothée Chavanon. Dans combien d’arbres généalogiques figure une petite branche sans photo au milieu d’une fratrie ? En France 7.000 bébés meurent dans le délai dit périnatal (entre 22 semaines d’aménorrhée et avant la première semaine de vie), dont la définition est, déjà, restrictive. Cela concernait 10,2 naissances sur 1.000, en 2019.

Comment se comporter lorsqu’on est un proche ?

Déjà, il ne faut pas changer de trottoir quand on arrive, soupire Aurélie Vidalinc. C’est comme ça, c’est arrivé. Il faut nous demander si nous voulons en parler et respecter si on ne le veut pas.

« Il ne faut pas faire comme s’il n’avait jamais existé… », renchérit Dorothée Chavanon. Elle cite un cadeau pour une grand-mère, avec le nom de tous les petits-enfants, sans Malo. Elle comprend :

C’est compliqué pour l’entourage. Souvent, ils sont gênés d’en parler. Il ne faut pas que ce soit tabou. C’est ça qui est dur pour nous.

Cette période, les deux femmes l’ont vécue ensemble. Parfois en parlant, en s’indignant. Parfois, simplement, en pleurant, en s’effondrant. Les deux femmes ont eu un enfant ensuite, « c’était un besoin », explique Dorothée Chavanon. « Ce n’est surtout pas pour remplacer, c’est l’envie d’un autre enfant. » Comme elles n’ont pas vécu tout à fait la même histoire, elles se rassurent : l’une veut accoucher le plus tard possible pour protéger le bébé au maximum, tandis que l’autre veut vite voir l’enfant arriver…

Près de sept ans plus tard, les souvenirs d’Alyssa et Malo sont toujours là. Les frères et sœurs d’Alyssa ont récupéré ses doudous et la plus grande fait voyager le sien autour du monde. « On se protège les uns les autres », sourit sa mère. Malo est sur le collier de sa grand-mère, au milieu de ses cousins. Surtout, ils sont dans le titre de l’association que les deux femmes ont créée, les Paranges d’Alyma.

Dans le Cantal, département rural de moins de 150.000 habitants, une telle structure n’existait pas. L’idée est de rassembler ceux qui ont vécu la même expérience pour les aider, les soulager. Il leur a fallu prendre du recul pour arriver à faire preuve d’empathie en se détachant de leur histoire personnelle.Sept ans après, le regard qui lie les deux femmes a changé. Il est désormais solaire, apaisé.

« J’ai changé de caractère. Avant, je montais dans les tours tout de suite, rit Dorothée Chavanon. Maintenant, tout glisse, les choses futiles me passent à côté. »

Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de grand-chose pour être heureuse, termine Aurélie Vidalinc. Au début, on pense qu’on ne pourra jamais s’en sortir. En fait, c’est possible. C’est dur, c’est long, mais c’est possible. Il faut apprendre à vivre avec. 

Pierre Chambaud




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