Et si la dégradation de la note souveraine du Sénégal était plutôt une opportunité ? Par Dr. Papa Demba Thiam
On nous apprend dans les grandes écoles de prise de décision, que le principe premier, quand on apprend une nouvelle, c’est de ne réagir à chaud, que si le fait de ne pas le faire provoque des dommages immédiats.
Ce n’était pas le cas. Il fallait économiser la réaction immédiate. Parce qu’il faut quand même admettre que, pour l’instant, le seul résultat tangible de cette sortie publique hyper médiatisée, en est la dégradation de notre note souveraine.
Et l’agence de notation qui l’a faite, savait bien que les résultats de l’audit annoncés dans la conférence de presse par le Premier ministre et son ministre de l’Economie, du Plan et la Coopération étaient et sont toujours provisoires, en attendant le rapport définitif de la Cour des Comptes, qui va aussi procéder avec le sacro-saint principe contradictoire, en donnant la possibilité aux anciens responsables mis à l’index, de s’expliquer, si nécessaire.
C’est donc difficile d’être péremptoire à ce stade de la procédure. C’est pourquoi le Fonds Monétaire International (FMI) reste prudent, réservé et pudique, malgré les tentatives de détournements de l’objectif de sa communication, au gré des intérêts politiques concurrents.
Par contre, l’agence Mody’s a dégradé la note souveraine du Sénégal, parce qu’elle a anticipé des réactions négatives, l’argent n’aimant le bruit. C’est déjà une chance que les deux autres agences de notation ne l’aient pas encore suivi.
C’est pour justement faire des tirs de barrage pour éviter cette occurrence catastrophique, que des experts crédibles font entendre leurs voix, en publiant des analyses qui incitent à la prudence.
C’est ce que je fais pour protéger les intérêts de mon pays. Ce n’est pas s’opposer à la politique de nos nouvelles autorités.
Il ne faut donc pas confondre vitesse dans la transparence et précipitation, sans prendre le temps de gérer les risques auxquels on s’expose avec cette précipitation.
Le principe est que chaque fois qu’on annonce un risque, on en parle que si on a trouvé un instrument pour mitiger ce risque. Or, au lieu d’adopter cette démarche, le Premier ministre et son ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération ont plutôt laissé l’impression que la solution à nos problèmes de déficit budgétaire et d’endettement, ne devait dépendre que du FMI.
Une catastrophe avec une balle tirée dans les pieds du PROJET, qui a prôné le développement économique et social inclusif, endogène et empreint de souveraineté. Me taire, n’était pas protéger l’intégrité du PROJET!
Par exemple, on aurait pu utiliser le temps entre la remise du rapport provisoire de l’audit des comptes publics et, la publication du rapport final par la Cour des Comptes, pour travailler sur des instruments financiers qui nous permettent d’annoncer les résultats, en même temps qu’on démontre qu’on peut annihiler les risques que ces résultats présentent pour notre solvabilité.
Cela s’appelle gérer. Ce n’est pas cacher ou mentir.
Et le président de la République a d’ailleurs été très sobre, en postant qu’il “salue l’esprit collaboratif du FMI après la DIVULGATION des résultats PROVISOIRES” [de cet audit]. Les deux mots que j’ai mis en lettres capitales sont lourds de signification.
Un ouf de soulagement pour moi ! Les autres agences de notation vont peut-être observer le statut quo en attendant.
Parce que le FMI aussi, n’a ni endossé, ni rejeté les résultats de cet audit qui ne sont pas définitifs. Et c’est normal. Il s’est simplement dit disposé à collaborer étroitement avec le gouvernement, dans les Prochaines Semaines.
Ma culture d’ancien fonctionnaire international, y compris près de 14 ans, dans une institution financière multilatérale, me suggère que le FMI attendrait d’entrer d’abord en possession du rapport définitif de la Cour des Comptes pour l’étudier, avant d’entrer en matière avec le gouvernement.
Cela prendra donc temps, avant que le FMI ne formule ses éventuelles “recommandations” qui ne pourraient d’ailleurs, de mon point de vue, qu’être drastiques, si les allégations qui ont été faites lors de la conférence de presse du Premier ministre, venaient a être étayées.
Parce que ce même FMI poussait déjà ses recommandations drastiques, avant la divulgation des résultats provisoires de l’audit des finances publiques.
À mon humble avis, le gouvernement du Sénégal n’aurait alors évidemment pas les moyens politiques d’appliquer de telles recommandations, pour les raisons qui suivent :
.
Parce que les premières mesures du nouveau gouvernement, ont été d’essayer de baisser le coût de la vie. Pourtant, depuis lors, le coût de la vie a pris l’ascenseur et rien ne permet de croire qu’il va baisser.
Or, les seules mesures auxquelles les institutions de Bretton Woods nous ont habituées, ont consisté à réduire les subventions publiques, à appliquer la vérité des prix et à augmenter les ressources fiscales pour rembourser la dette publique contractée auprès d’elles, en priorité.
Non seulement de telles mesures vont impacter la compétitivité des entreprises et menacer leur viabilité, mais elles vont aussi accroître le chômage des jeunes, augmenter le coût général de la vie, créer plus de pauvreté, tout ne donnant aucune marge de manœuvre budgétaire au gouvernement, pour s’engager dans des investissements en infrastructures physiques et institutionnelles, autant que dans la recherche, l’éducation et la formation, etc., qui sont tous indispensables à la transformation des systèmes et structures économiques, qui est la clé de voûte du PROJET.
S’il faut ajouter aux éventuels appuis budgétaires du FMI et la Banque mondiale, des emprunts encore plus chers sur les marchés financiers, du fait de la dégradation de la note souveraine du Sénégal, je ne crois pas que le Gouvernement de Rupture devrait perdre trop temps à aller essayer d’emprunter auprès de ces institutions, pour finir par s’entendre “conseiller” (contraint), de NE PAS FINANCER son programme de transformation des systèmes et structures avec de l’argent public.
C’est cela, le piège de la dette qui nous a toujours empêché de développer l’industrialisation, par la transformation systématique de nos ressources, pour continuer à exporter nos matières premières [et des emplois], dans les pays où elles sont transformées. Un élément capital de la fabrique de pauvreté !
En repensant à tout cela, la situation actuelle de nos finances publiques et leur divulgation (peut–être maladroite mais probablement de bonne foi, aux fins d’inspirer la confiance dans notre volonté de transparence), pourrait être une chance provoquée par la Main de Dieu, un “Deus Ex Machina”.
Parce que ces nouvelles contraintes nous mettent le dos au mur et nous obligent à développer notre économie de manière endogène, résiliente et plus souveraine, avec moins de dette publique.
Et c’est parfaitement possible, en congruence avec les objectifs globaux du PROJET !
Alors, pourquoi ne pas essayer, pour l’amour de notre pays, de ses populations et par la Grâce de DIEU?
Osons donc nous donner rendez-vous, au lendemain de la présentation officielle de la Stratégie Nationale de Développement (SND), pour en discuter entre membres d’une même et seule Nation et, voir ensemble, si on pourrait l’enrichir, y compris avec des modèles de financement qui cadrent avec les objectifs du PROJET.
Dans une telle perspective, la SND devrait être un document de base, pour déclencher des concertations nationales, pour donner une approche consensuelle de notre développement économique et social, à laquelle tous les partis politiques et la société civile va adhérer.
Une telle approche aiderait d’ailleurs à mieux organiser et rationaliser l’activité politique, comme dans les pays où les partis politiques sont d’accord sur l’essentiel, tout en proposant des voies différentes d’y parvenir.
Pour y arriver, nos nouvelles autorités devraient se décomplexer des liens de leurs promesses de politiciens, alors dans l’opposition, pour ne pas souffrir par orgueil mal placé et profiter de la diversité d’une nation qui compte beaucoup d’experts, dans beaucoup de domaines qui sont essentiels à la création de richesses partagées.
Il nous faut tous nous rappeler que nul ne naît expert dans tous les domaines et que les dirigeants des nations les plus avancées, ont recours à l’expertise, y compris celle qui peut les coacher, en se disant que plus ils sont seniors dans leurs domaines professionnels, plus ils ont besoin de coaching, quand ils viennent à exercer leur leadership dans d’autres domaines qu’ils ne connaissent pas.
Vive la Nation Sénégalaise !
Par Dr. Papa Demba Thiam,
Entrepreneur-conseil, professeur, spécialiste en ingénierie financière et expert en développement industriel intégré par des chaînes de valeurs.
Ce n’était pas le cas. Il fallait économiser la réaction immédiate. Parce qu’il faut quand même admettre que, pour l’instant, le seul résultat tangible de cette sortie publique hyper médiatisée, en est la dégradation de notre note souveraine.
Et l’agence de notation qui l’a faite, savait bien que les résultats de l’audit annoncés dans la conférence de presse par le Premier ministre et son ministre de l’Economie, du Plan et la Coopération étaient et sont toujours provisoires, en attendant le rapport définitif de la Cour des Comptes, qui va aussi procéder avec le sacro-saint principe contradictoire, en donnant la possibilité aux anciens responsables mis à l’index, de s’expliquer, si nécessaire.
C’est donc difficile d’être péremptoire à ce stade de la procédure. C’est pourquoi le Fonds Monétaire International (FMI) reste prudent, réservé et pudique, malgré les tentatives de détournements de l’objectif de sa communication, au gré des intérêts politiques concurrents.
Par contre, l’agence Mody’s a dégradé la note souveraine du Sénégal, parce qu’elle a anticipé des réactions négatives, l’argent n’aimant le bruit. C’est déjà une chance que les deux autres agences de notation ne l’aient pas encore suivi.
C’est pour justement faire des tirs de barrage pour éviter cette occurrence catastrophique, que des experts crédibles font entendre leurs voix, en publiant des analyses qui incitent à la prudence.
C’est ce que je fais pour protéger les intérêts de mon pays. Ce n’est pas s’opposer à la politique de nos nouvelles autorités.
Il ne faut donc pas confondre vitesse dans la transparence et précipitation, sans prendre le temps de gérer les risques auxquels on s’expose avec cette précipitation.
Le principe est que chaque fois qu’on annonce un risque, on en parle que si on a trouvé un instrument pour mitiger ce risque. Or, au lieu d’adopter cette démarche, le Premier ministre et son ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération ont plutôt laissé l’impression que la solution à nos problèmes de déficit budgétaire et d’endettement, ne devait dépendre que du FMI.
Une catastrophe avec une balle tirée dans les pieds du PROJET, qui a prôné le développement économique et social inclusif, endogène et empreint de souveraineté. Me taire, n’était pas protéger l’intégrité du PROJET!
Par exemple, on aurait pu utiliser le temps entre la remise du rapport provisoire de l’audit des comptes publics et, la publication du rapport final par la Cour des Comptes, pour travailler sur des instruments financiers qui nous permettent d’annoncer les résultats, en même temps qu’on démontre qu’on peut annihiler les risques que ces résultats présentent pour notre solvabilité.
Cela s’appelle gérer. Ce n’est pas cacher ou mentir.
Et le président de la République a d’ailleurs été très sobre, en postant qu’il “salue l’esprit collaboratif du FMI après la DIVULGATION des résultats PROVISOIRES” [de cet audit]. Les deux mots que j’ai mis en lettres capitales sont lourds de signification.
Un ouf de soulagement pour moi ! Les autres agences de notation vont peut-être observer le statut quo en attendant.
Parce que le FMI aussi, n’a ni endossé, ni rejeté les résultats de cet audit qui ne sont pas définitifs. Et c’est normal. Il s’est simplement dit disposé à collaborer étroitement avec le gouvernement, dans les Prochaines Semaines.
Ma culture d’ancien fonctionnaire international, y compris près de 14 ans, dans une institution financière multilatérale, me suggère que le FMI attendrait d’entrer d’abord en possession du rapport définitif de la Cour des Comptes pour l’étudier, avant d’entrer en matière avec le gouvernement.
Cela prendra donc temps, avant que le FMI ne formule ses éventuelles “recommandations” qui ne pourraient d’ailleurs, de mon point de vue, qu’être drastiques, si les allégations qui ont été faites lors de la conférence de presse du Premier ministre, venaient a être étayées.
Parce que ce même FMI poussait déjà ses recommandations drastiques, avant la divulgation des résultats provisoires de l’audit des finances publiques.
À mon humble avis, le gouvernement du Sénégal n’aurait alors évidemment pas les moyens politiques d’appliquer de telles recommandations, pour les raisons qui suivent :
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Parce que les premières mesures du nouveau gouvernement, ont été d’essayer de baisser le coût de la vie. Pourtant, depuis lors, le coût de la vie a pris l’ascenseur et rien ne permet de croire qu’il va baisser.
Or, les seules mesures auxquelles les institutions de Bretton Woods nous ont habituées, ont consisté à réduire les subventions publiques, à appliquer la vérité des prix et à augmenter les ressources fiscales pour rembourser la dette publique contractée auprès d’elles, en priorité.
Non seulement de telles mesures vont impacter la compétitivité des entreprises et menacer leur viabilité, mais elles vont aussi accroître le chômage des jeunes, augmenter le coût général de la vie, créer plus de pauvreté, tout ne donnant aucune marge de manœuvre budgétaire au gouvernement, pour s’engager dans des investissements en infrastructures physiques et institutionnelles, autant que dans la recherche, l’éducation et la formation, etc., qui sont tous indispensables à la transformation des systèmes et structures économiques, qui est la clé de voûte du PROJET.
S’il faut ajouter aux éventuels appuis budgétaires du FMI et la Banque mondiale, des emprunts encore plus chers sur les marchés financiers, du fait de la dégradation de la note souveraine du Sénégal, je ne crois pas que le Gouvernement de Rupture devrait perdre trop temps à aller essayer d’emprunter auprès de ces institutions, pour finir par s’entendre “conseiller” (contraint), de NE PAS FINANCER son programme de transformation des systèmes et structures avec de l’argent public.
C’est cela, le piège de la dette qui nous a toujours empêché de développer l’industrialisation, par la transformation systématique de nos ressources, pour continuer à exporter nos matières premières [et des emplois], dans les pays où elles sont transformées. Un élément capital de la fabrique de pauvreté !
En repensant à tout cela, la situation actuelle de nos finances publiques et leur divulgation (peut–être maladroite mais probablement de bonne foi, aux fins d’inspirer la confiance dans notre volonté de transparence), pourrait être une chance provoquée par la Main de Dieu, un “Deus Ex Machina”.
Parce que ces nouvelles contraintes nous mettent le dos au mur et nous obligent à développer notre économie de manière endogène, résiliente et plus souveraine, avec moins de dette publique.
Et c’est parfaitement possible, en congruence avec les objectifs globaux du PROJET !
Alors, pourquoi ne pas essayer, pour l’amour de notre pays, de ses populations et par la Grâce de DIEU?
Osons donc nous donner rendez-vous, au lendemain de la présentation officielle de la Stratégie Nationale de Développement (SND), pour en discuter entre membres d’une même et seule Nation et, voir ensemble, si on pourrait l’enrichir, y compris avec des modèles de financement qui cadrent avec les objectifs du PROJET.
Dans une telle perspective, la SND devrait être un document de base, pour déclencher des concertations nationales, pour donner une approche consensuelle de notre développement économique et social, à laquelle tous les partis politiques et la société civile va adhérer.
Une telle approche aiderait d’ailleurs à mieux organiser et rationaliser l’activité politique, comme dans les pays où les partis politiques sont d’accord sur l’essentiel, tout en proposant des voies différentes d’y parvenir.
Pour y arriver, nos nouvelles autorités devraient se décomplexer des liens de leurs promesses de politiciens, alors dans l’opposition, pour ne pas souffrir par orgueil mal placé et profiter de la diversité d’une nation qui compte beaucoup d’experts, dans beaucoup de domaines qui sont essentiels à la création de richesses partagées.
Il nous faut tous nous rappeler que nul ne naît expert dans tous les domaines et que les dirigeants des nations les plus avancées, ont recours à l’expertise, y compris celle qui peut les coacher, en se disant que plus ils sont seniors dans leurs domaines professionnels, plus ils ont besoin de coaching, quand ils viennent à exercer leur leadership dans d’autres domaines qu’ils ne connaissent pas.
Vive la Nation Sénégalaise !
Par Dr. Papa Demba Thiam,
Entrepreneur-conseil, professeur, spécialiste en ingénierie financière et expert en développement industriel intégré par des chaînes de valeurs.