Paul Auster, auteur de la “Trilogie new-yorkaise”, est mort

Il avait écrit 34 livres, dont la célèbre Trilogie new-yorkaise qui l’a fait connaître. Paul Auster est mort des suites de complications d’un cancer du poumon, dont il parlait ouvertement, mardi 30 avril aux États-Unis. Son dernier roman, Baumgartner, qu’il annonçait lui-même comme tel, est paru cette année en France chez Actes Sud, son éditeur de longue date. Dans Baumgartner, c’est comme s’il s’était regardé en inversant le réel : c’était le mari qui était veuf, son épouse morte neuf ans plus tôt, et qui allait finir par trouver une issue à son deuil. Un message adressé à sa femme, l’écrivaine Siri Hustvedt ?

Paul Auster est né en 1947 dans la même ville que Philip Roth, Newark. Il a souvent expliqué être devenu écrivain à cause de deux faits arrivés dans son enfance : avoir raté l’occasion d’obtenir un autographe de son joueur de baseball préféré parce que ni lui ni son père n’avaient de stylo sur eux (dès lors, il a toujours emporté un stylo avec lui et s’est mis à écrire), et le fait d’avoir vu un autre enfant mourir devant lui à la suite d’un accident. Auster s’est d’abord installé à Paris en 1970, où il traduit les poètes français, puis à New York en 1974. Avant de signer sa célèbre Trilogie new-yorkaise, il consacre son premier texte à son père en 1982, L’Invention de la solitude. C’est en 1985 qu’il publie le premier volume de sa trilogie, La Cité de verre, une detective story existentielle qui le fera connaître. Suivront deux autres volumes, Revenants et La Chambre dérobée. Léviathan, en 1992, sera lui aussi un roman marquant, autour d’un homme qui se donne la mort par accident. La mort, les faux-semblants, l’aléatoire et l’absurde hantaient son œuvre, travaillé également par une forme de postmodernité, mettant souvent en scène des écrivain·es, et interrogeant ainsi l’acte d’écrire, le pacte avec les lecteur·ices, la littérature comme vérité ou artefact. 

Relire Auster

C’est en 1981 qu’il rencontre Siri Hustvedt et le couple ne se quittera plus, devenant un couple d’intellectuel·les et de romancier·ères phares de New York, très identifié·es à Brooklyn où il et elle vivaient et où il et elle ont situé certains de leurs romans. Il et elle ont ensemble une fille, la musicienne Sophie Auster. Deux ans avant sa mort, Paul Auster avait souffert de perdre son fils aîné, tragiquement. Daniel, le fils qu’il a eu avec l’écrivaine Lydia Davis, est mort d’overdose après avoir tué son bébé, dix mois plus tôt, accidentellement.

D’Auster, nous relirons la Trilogie new-yorkaise et tant d’autres livres, dont Burning Boy, 4321, et Pays de sang, la grande enquête qu’il avait récemment menée sur les armes aux États-Unis. Paul Auster a aussi écrit plusieurs films, dont deux réalisés par lui : Lulu on the bridge (1998) et La Vie intérieure de Martin Frost (2006).