Cécilia Berder – Escrimeuse devenue maman, elle dispute ses troisièmes JO à Paris !
On retrouve l’athlète de 34 ans Cécilia Berder au Grand Palais fin juillet pour disputer les épreuves olympiques d’escrime. Concilier sa vie de famille et sa carrière sportive, tout en faisant face aux aléas et difficultés de la vie : la médaillée d’argent à Tokyo en 2021, est de ces sportives bien accrochées à leur but, qui triomphent, malgré tout. L’atout de Cécilia, entre- temps devenue maman ? Peut-être la juste dose entre la rage et la douceur. Sa botte secrète : une petite fille de 2 ans qui lui apporte le bon équilibre entre performance et affect. PAR LOUISE VIATGÉ. Extrait du WOMEN SPORTS N°33.
« Maintenant que ma fille est là, je me sens plus forte », sourit fièrement Cécilia Ber- der, heureuse de défendre une nouvelle fois les couleurs de la France. Cette Finistérienne a connu récemment le bonheur de la maternité, ce qui n’a aucunement bouleversé son ambition sportive. Maman d’une petite Ambre, l’athlète fait partie de l’équipe de France depuis 2006. Elle fait ses premiers Jeux Olympiques en 2016 à Rio, alors âgée de 26 ans. En 2021, à Tokyo, elle est sacrée vice-championne olympique par équipe. C’est aussi à cette période qu’elle apprend un drame : sa mère est atteinte d’une tumeur. Le projet de grossesse de Cécilia se concrétise dans l’espoir que sa mère puisse connaître son enfant. Ce projet avait déjà été retardé une première fois avec le report des Jeux Olympiques de 2020 dû à la crise sanitaire. « Forcément, en tant que sportive de haut niveau, la grossesse se calcule », précise Cécilia.
Donner la vie… avec le sport !
Suite à l’annonce de sa grossesse, Cécilia a été écoutée et accompagnée, autant par la Fédération française d’escrime que par ses entraîneurs. « Dans mon environnement sportif, beaucoup sont eux-mêmes parents. Ils ont été très compréhensifs », raconte-t-elle. Néanmoins, il ne faut jamais perdre ses objectifs de vue. Avant même que son ventre ne s’arrondisse, l’ambition des Jeux Olympiques de Paris 2024 était déjà fixée avec son entraîneur. En tant qu’athlète au sein de l’Insep, l’escrimeuse a bénéficié d’un suivi global et gynécologique solide. Sa préparatrice physique n’a pas eu peur de lui faire mal, de la pousser hors de ses retranchements tout en étant attentive à la vie qui grandissait dans son ventre. À trois mois et demi de grossesse, elle a arrêté la compétition, mais a continué des entraînements modérés et adaptés tout au long de sa grossesse.
Un jour, à la fin de l’entraînement, elle rejoint son mari en ressentant des douleurs de plus en plus fortes. Ils appellent la maternité. La poche des eaux est fissurée, elle va accoucher. Ambre naît le 4 mai 2022. Elle pourra rencontrer sa grand-mère, qui se bat toujours contre la maladie. Mais après l’euphorie d’avoir donné la vie, Cécilia perd sa mère quelques mois plus tard. Malgré cette épreuve difficile, elle ne lâche pas les objectifs qu’elle avait en tête.
Adopter un nouvel équilibre familial : entre rage et douceur
La Finistérienne reprend les entraînements d’escrime quatre mois après son accouchement. Le retour au haut niveau, la réappropriation de son corps, tout ça prend du temps mais elle accepte ces transformations : « Il faut être patient et indulgent ».
Ce qui a été le plus difficile pour elle ? conjuguer ses deux rôles : la mère et la compétitrice. La mère d’Ambre a dû apprivoiser son côté maternel et doux dans la sphère familiale, tout en faisant renaître cette rage de gagner, « cette capacité à prendre des décisions vite face à un adversaire qui va monter à la gorge ». La grande différence à son re- tour aux entraînements, c’est cette assurance gagnée. Physiquement d’abord, elle a travaillé différemment. Elle a pris le temps de rééduquer son périnée, une étape indispensable, et elle a même travaillé sa souplesse. Mentalement, c’est incomparable. Depuis qu’elle a repris la compétition, elle a progressé. Une évolution qu’elle doit à sa fille qui lui offre des parenthèses enchantées : « elle m’apporte de la douceur dans un monde où tout va très vite. »
Avoir un enfant, c’est aussi un projet à deux. L’escrimeuse rend hommage à son compagnon avec qui elle élève son enfant. « C’est un travail d’équipe », comme elle aime le dire, avant d’ajouter « je ne
pourrais pas faire autant de sport sans l’aide de mon mari Philippe. Il prend le re– lais quand je suis absorbée par le sport. » Et pour cause, en temps de compétition, elle doit rester concentrée au maximum sur ses objectifs. Après un combat, quand elle rentre dans sa chambre d’hôtel, elle éprouve le besoin de se retrouver seule. Mais sa fille n’est jamais loin et elle côtoie cet univers du sport. « Tout le monde la connaît, elle est un peu devenue la mascotte », plaisante Cécilia. Au quotidien, il a fallu organiser une nouvelle routine : elle laisse sa fille chez la nounou de 8h30 à 18h30, ce qui lui permet de se concentrer à l’entraînement.
Comment Cécilia voit l’avenir, la compétition, sa famille ? S’il y a bien quelque chose que sa fille lui a appris, c’est la philosophie de vivre l’instant présent. Elle fera les choses étape par étape. C’est le meilleur moyen d’aller plus loin selon elle.
Cécilia, la sportive intello
Cécilia Berder n’est pas seulement escrimeuse et maman à temps plus que plein. Elle est aussi journaliste. Depuis 2015, elle travaille à temps partiel pour Radio France. Elle y a animé une chronique hebdomadaire, L’âme olympique, qui était diffusée chaque samedi sur France Info. Pour y parvenir, elle s’est formée au Centre de formation des journalistes (CFJ) puis à l’Ecole supé- rieure de journalisme (ESJ). Elle avait alors 24 ans. Jusqu’en juillet 2022, elle a aussi animé une autre chronique hebdomadaire d’actualité, En route vers Paris 2024. Et il faut croire que cette activité lui aura porté chance puisqu’elle s’est qualifiée en avril dernier ! La Finistérienne ne s’arrête pas là. Depuis une dizaine d’années, elle anime des conférences. Grâce à son bagage spor- tif, elle a développé des astuces pour viser le bien-être et la performance, qu’elle partage auprès des entreprises. Elle aborde notamment la gestion des émotions, la résilience, l’optimisation du sommeil ou encore l’alimentation.