L'académie de Limoges gagne 400 élèves mais perd 23 postes de professeurs
Près de 36.000 élèves en plus au niveau national, mais 1.800 postes enseignants en moins : c’est le bilan chiffré de la rentrée 2021 dans le second degré, sous l’angle des moyens humains.
Pour l’académie de Limoges, ce sont 400 élèves inscrits en plus pour 23 postes de professeurs en moins. Une baisse de moyens qui alimente le ressentiment d’une communauté éducative marquée par deux années scolaires très perturbées par la pandémie.
Des effectifs de plus en plus chargés ?« En préparant la rentrée, Jean-Michel Blanquer n’a absolument pas tenu compte de la crise sanitaire, regrette Patrice Arnoux co-secrétaire académique du Snes-FSU. Il renvoie les personnels aux moyens qu’ils ont, c’est-à-dire des moyens en baisse constante. Tout cela va se ressentir fortement sur les effectifs par classe et la réforme des lycées n’arrange rien puisqu’elle entraîne la création automatique de groupes de spécialité à 35 élèves. »
Si les suppressions de postes concernent une bonne partie des disciplines, les mathématiques - notamment en lycée - sont particulièrement touchées pour la troisième année consécutive. Selon le Snes, la voie technologique est également très concernée.
« Une pression continuelle sur les personnels »Ces coupes sombres semblent accentuer le malaise entre le ministre et les syndicats enseignants, à l’heure où la succession de protocoles sanitaires, jugés trop imprécis, continue de bouleverser le quotidien des établissements.
De son côté, le Se-Unsa dénonce une « pression continuelle sur les personnels », y-compris dans le 1er degré où la question du remplacement pourrait être cruciale. « C’est particulièrement le cas en Creuse, où le déficit en enseignants remplaçants va très vite aboutir à des fermetures de classes, explique Pierre Gautret, secrétaire départemental du Se-Unsa 23. Si l’on doit répartir les élèves entre les autres classes, quid du brassage et du protocole sanitaire ? »
En Limousin, les syndicats enseignants craignent une rentrée à haut risque
Formation : trois réformes en 11 ansLe Se-Unsa demande des recrutements de conseillers principaux d’éducation (« il y a trop de mi-temps »), de psychologues, d’infirmier (es) scolaires… « Au lieu de cela, le ministre continue d’enchaîner les réformes comme si de rien n’était, déplore Boris Duniau, secrétaire adjoint académique du syndicat. Il réforme le bac, mais aussi la formation professionnelle des enseignants, en recrutant de plus en plus de contractuels alternants. C’est la 3e réforme de la formation en 11 ans. Dans une école bouleversée par la crise, on ne reçoit plus que des injonctions descendantes de la part d’un ministre totalement hors sol. »
« Rien n’est prévu pour répondre aux besoins nouveaux liés aux conséquences de la crise sanitaire sur les apprentissages, estime Marianne Corrèze, co-secrétaire académique du Snes-FSU. Pas de demi-groupes sur une partie de l’horaire, pas d’aménagement des programmes comme nous le demandons depuis des mois. Le ministre n’écoute rien, il fait de l’autosatisfaction permanente. »
Florence Clavaud-Parant
