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Сентябрь
2021

Pesticides : l’Élysée vaut bien un tweet jupitérien

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Par André Heitz.

Est-ce le fruit d’un sordide petit calcul, l’enthousiasme débordant après le discours prononcé devant le congrès mondial de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature ou encore le besoin compulsif de paraître ?

C’est en tout cas une énorme imprudence – pour rester poli – qui a eu un précédent fâcheux, sous le hashtag « #MakeOurPlanetGreatAgain », le 27 novembre 2017, le désormais fameux :

« J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans.


Dans la soirée du 3 septembre 2021, le Président Emmanuel Macron twittait donc dans une sorte d’élan trumpien :

« En 2022, la Présidence française du Conseil de l’Union européenne portera une initiative de sortie accélérée des pesticides. Pour protéger nos sols, nos activités agricoles. En accompagnant nos agriculteurs. »

Une bœufferie

Ce tweet est apparemment venu par surprise, tout au moins pour le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie. Devant le congrès mondial, M. Emmanuel Macron s’était contenté, semble-t-il, d’évoquer sa volonté d’agir sur « la baisse des pesticides grâce à la recherche et à l’accompagnement des agriculteurs » (rapporté par Libération).

On ne s’étonnera plus de l’exercice solitaire du pouvoir, ni de l’instrumentalisation de la fonction présidentielle, en cours en France et à venir pour l’Union européenne.

Il faut peut-être avoir fait l’ENA après un cursus littéraire pour ne pas comprendre que « sortir des pesticides » est mission impossible, comme le serait « sortir des médicaments ». 

Si une partie des pesticides constitue un outil d’aide à la production – comme les herbicides auxquels on peut (ou pourrait) substituer des outils mécaniques manuels (la binette…) ou motorisés (la charrue…) –, l’autre est la boîte à pharmacie pour les plantes. Son caractère indispensable a été démontré au cours de cette année à mildiou.

Les promoteurs du bio ont ainsi dû mettre un bémol à leur discours de dénigrement de l’agriculture conventionnelle, celle qui nous nourrit, en le restreignant à la revendication de l’interdiction des seuls « pesticides de synthèse ». Le président de la République et candidat à sa réélection a-t-il conscience que son ambition porte aussi sur le cuivre de la bouillie bordelaise et d’autres mixtures, et sur d’autres produits indispensables au bio ?

Fin 2007, le Grenelle de l’environnement – la concrétisation d’une promesse électorale du candidat Nicolas Sarkozy en direction des sensibilités dites vertes et plus particulièrement du marionnettiste de l’époque Nicolas Hulot – avait enfanté le plan Écophyto et fixé un objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides en dix ans. Le ministre de l’Agriculture de l’époque, Bruno Le Maire, avait réussi à faire ajouter un prudent « si possible ».

En octobre 2015, le ministre de l’Agriculture étant M. Stéphane Le Foll, au vu de l’impossibilité de réaliser l’objectif à l’échéance de 2018, on a concocté un plan Écophyto 2. L’échéance fut fixée à 2025.

On allait procéder en deux étapes : une réduction de 25 % en 2020, « qui repose surtout sur l’optimisation des systèmes de production par le transfert et la diffusion des solutions actuellement disponibles » ; une réduction de 50 % à l’horizon 2025

permise par des mutations profondes des systèmes de production et des filières, soutenues par des déterminants politiques de moyen et long terme, par une politique de formation ambitieuse et par les avancées de la science et de la technique

Interdiction de rire ! 

Et en novembre 2018, le ministre de l’Agriculture étant M. Didier Guillaume, au vu de (bis) et pour éviter d’essuyer le camouflet d’un « 3 », il y eut un Écophyto 2+. Le torse bombé, on ajouta même l’ambition « de sortir du glyphosate d’ici fin 2020 pour les principaux usages et au plus tard d’ici 2022 pour l’ensemble des usages ».

L’objectif de 2020 n’a pas été atteint, pour la simple raison qu’il était irréalisable, sauf à prendre des mesures irréalistes pénalisant l’économie française. Ce sont les aléas de la production agricole qui commandent – les maladies, ravageurs et mauvaises herbes sont récalcitrants à des ordres inspirés du roi Knut ordonnant à la mer de refluer.

 

(Source)

Le graphique ci-dessus mérite une explication.

La hausse de 2018 et la baisse de 2019 sont en partie dues à des achats anticipés pour cause d’augmentation de la taxe sur les pollutions diffuses au 1er janvier 2019. L’augmentation des volumes de produits de biocontrôle (a priori vertueux) et de produits utilisables en agriculture biologique (beaucoup moins) résulte en partie des pressions politiques et sociétales. 

Mais le recours à des produits utilisables en AB moins efficaces comme le cuivre et le soufre se traduit aussi par une augmentation des volumes et des fréquences de traitement. Les plans gouvernementaux sont ainsi affligés d’un cercle vicieux.

Le tweet de M. Emmanuel Macron, pris à la lettre, implique aussi la sortie des pesticides utilisables et utilisés en agriculture biologique.

L’Union européenne appréciera cette position sur les pesticides

Que signifie « sortie accélérée » ?

La politique européenne – si on peut appeler cela une politique – se fonde actuellement sur une absence de vision constructive, une hystérie devant ce qui est perçu comme des défis environnementaux (nous ne contesterons pas leur existence ici) et la capitulation devant les exigences vertes qui ne sont pas l’apanage des seuls Verts/ALE au Parlement européen.

Un des éléments de cette politique est la stratégie « farm to fork », de la ferme à l’assiette. Et un des éléments de celle-ci est la réduction de 50 % d’ici 2030 de l’utilisation et des risques des pesticides chimiques (lire : de synthèse) et dangereux (il s’agit de deux objectifs distincts). Rappel : c’est cinq ans après l’objectif final d’Écophyto 2+, dont la première étape n’a pas été atteinte.

 

(Source)

À l’évidence, le tweet de M. Emmanuel Macron s’interprète comme une surenchère. La Commission européenne appréciera-t-elle que, pour des motifs bassement électoralistes, un chef d’État candidat à sa succession vienne bouleverser une stratégie soigneusement bâtie (tout en étant suicidaire).

Le pompier Julien Denormandie

Il a fallu près d’une journée pour que l’on prenne la mesure du désastre. 

C’est au ministre Julien Denormandie – qui avait su retisser des liens avec le monde agricole – que revint la tâche d’éteindre l’incendie allumé en quelques 200 caractères.

Une tâche impossible, le tweet du président Emmanuel Macron étant bien trop clair.


Julien Denormandie a donc écrit que « La question des pesticides doit désormais être portée au niveau européen ». En fait, elle l’est déjà. Les matières actives sont homologuées au niveau de l’Union européenne. Certes, les États peuvent, certes, refuser l’homologation de produits formulés (de pesticides mis dans le commerce) en bloc ou pour des usages particuliers, mais on entre là dans le cadre des surtranspositions, précisément dans ce que le ministre dénonce : la création « de la compétition déloyale, sur le dos de notre agriculture et de notre environnement ! »

« Notre position est toujours la même : « pas d’interdiction sans alternative« . » C’est, n’en doutons pas, la position qu’il s’emploie à promouvoir. Mais c’est précisément l’antithèse de l’ambition présidentielle ! Et c’est démenti par la réalité comme le montre la réautorisation par dérogation de deux néonicotinoïdes sur betterave sucrière pour répondre aux assauts des pucerons vecteurs de jaunisse.

Quant à la recherche qui doit avoir les moyens, cela fait quelque temps déjà qu’on peut se demander si elle travaille pour ou contre le développement de la production agricole et alimentaire et, partant, notre souveraineté. On ne voit pas, par exemple, où est la vraie recherche dans le tweet ci-dessous.


Quant à la recherche en matière de transgenèse et d’édition du génome – pour trouver de vraies solutions plutôt que des « problèmes » et des motifs pour procrastiner –, on peut oublier. Mais reconnaissons à M. Julien Denormandie une attitude positive à l’égard de l’édition du génome (des nouvelles techniques de sélection ou NBT, new breeding techniques).

L’ « hypocrisie du commerce international ». C’est, au mieux, à double sens, sachant toutefois que nos gouvernements successifs se sont évertués à démanteler des pans entiers de l’usine France et d’autres secteurs productifs.

Dire « non » à l’accord avec le Mercosur ne nous mettra pas à l’abri de leurs exportations, dont certaines sont pour l’Europe des importations obligées. 

Les « clauses miroir » ? Outre qu’elles risquent de poser un problème au regard des règles du commerce international (de l’OMC pour désigner un épouvantail), elles seront vraisemblablement inopérantes dans le cas des importations obligées, surtout dans un marché tendu où ce sont les exportateurs qui fixent les règles du jeu. 

Les « clauses miroir » après la « sortie des pesticides », et bien sûr le refus des OGM ? Le différentiel de prix entre tourteau de soja « conventionnel », c’est-à-dire GM, et tourteau bio dépassait les 300 euros en mai 2021 pour un prix de base qui devait se situer autour de 400 euros. On mesure par cet exemple l’importance de l’impact économique.

Et c’est sans compter sur des petites choses comme les défis logistiques d’une séparation des filières, des contrôles, etc.

On peut rêver… 

L’« initiative de sortie accélérée des pesticides » que M. Emmanuel Macron entend porter pendant la présidence de l’Union européenne a peu de chances de prospérer. Elle n’est même pas à l’ordre du jour en France (pas encore… le programme électoral n’est pas encore connu). Quel que soit le motif réel de la sortie twittérienne, elle constitue une interférence brouillant les processus démocratiques et décisionnels.

Nos démocraties ne peuvent qu’être malades quand, au lieu de fixer les grandes orientations de la vie économique et sociale, des dirigeants se livrent à de petits calculs politiciens.

Emmanuel Macron ne gagnera pas beaucoup de voix avec sa sortie. Il risque d’irriter plus d’un électeur avec un effet d’annonce sans lendemain. Et quand l’initiative aura été retoquée à Bruxelles, d’aucuns s’empresseront de dire : « C’est la faute à l’Europe».

C’est, au final, une petite manœuvre perdante sur tous les plans.

 




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