Shuggie Bain : quand l'enfance est un combat sous la plume de Douglas Stuart
Le premier roman de Douglas Stuart se déroule à Glasgow dans les années 80, celles du délitement économique de la métropole écossaise. Ce délitement frappe de plein fouet Agnes Bain et ses rêves inspirés de la vie que montre la télévision?: un homme qui l’aimerait, dans une maison avec un petit jardin qui leur appartiendrait.
Sombre et lumineuxLa réalité d’Agnes, c’est l’appartement partagé avec ses parents, ses deux enfants issus d’un premier mariage, son mari et le petit dernier, Shuggie. Enfin, ils dénichent un logement indépendant. Dans un quartier éloigné et délabré, où la pauvreté dicte sa loi. Chacun tente de s’en débrouiller comme il peut. Pour Agnes, c’est l’élégance en toutes circonstances. Comme un défi à ce mari qui l’abandonne, à un environnement de boue et de misère.
Maintenant, quand Shuggie la regardait boire, il voyait qu'elle avait perdu le goût de s'amuser.
Mais l’élégance ne suffit pas à Agnes, qui croit trouver du réconfort dans l’alcool. Tout ce parcours, c’est son fils, Hugh Bain, dit Shuggie, qui le raconte. Du haut de ses huit ans, il affronte l’absence de son père, les errances de sa mère, les départs successifs de sa demi-sœur et de son demi-frère… Il endosse sur ses frêles épaules un quotidien de plus en plus difficile. Pour couronner le tout, Shuggie est victime du harcèlement des gamins du quartier…
Aucun misérabilisme pourtant dans l’écriture d’une impressionnante acuité de Douglas Stuart. La luminosité de l’amour d’un fils prêt à tout pour aider sa mère vient en contrepoint de la noirceur du monde. Et donne à l’ensemble une force incroyable.
Pascale Fauriaux
Shuggie Bain, de Douglas Stuart, traduit de l'anglais (Ecosse) par Charles Bonnot, 496 pages, 23,90€.