Il avait pris tous les risques pour échapper aux gendarmes, à Issoire (Puy-de-Dôme)
Il se dit accroc à la conduite. « Une addiction de ce type, je n’ai jamais vu ça », s’étonne Christine Loriot-Lhotellerie, la présidente de l’audience. « Ma voiture, c’est ma petite bulle, la recherche de sensations, de liberté… », tente d’exposer le jeune prévenu, la voix faible et le visage crispé.
Son permis était annuléPour l’heure, c’est en détention provisoire que cette passion l’a mené. Le 27 mai dernier, les gendarmes d’Issoire le contrôlent au volant d’une Peugeot 106. Le jeune homme, sous le coup d’une peine de sursis probatoire et dont le permis a été annulé, n’est pas censé conduire.
Dans le véhicule, les militaires découvrent un porte-monnaie contenant des stupéfiants. Ils sont face à un récidiviste du délit routier. Qui n’a pas encore fini de faire parler de lui…
Il refuse de s'arrêterDeux mois à peine après cette rencontre, il est de nouveau au volant d’une Peugeot 106, dans le centre-ville Issoire. Une patrouille le croise alors qu’il vient de griller un stop. Les gendarmes actionnent leur gyrophare. Mais le conducteur refuse de s’arrêter.
S’ensuit une course-poursuite, en sortie de ville, à une heure de grande circulation, au cours de laquelle le fuyard multiplie les manœuvres dangereuses. Accélération brutale sur le parking de l’hôpital, contresens, traversée de rond-point… Le risque devient tel que les militaires sont contraints de laisser filer le fuyard. L’un d’eux a manqué d’être percuté par la Peugeot 106, après un arrêt de celle-ci suivi d’une brusque marche arrière. À l’évocation de cette course-poursuite de tous les dangers, le visage du prévenu se fige encore plus.
« Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, je ne sais pas, j’ai paniqué… »
L’enquête sociale dresse le portrait d'un jeune homme inséré socialement et professionnellement en dépit d’une consommation de stupéfiants. Me Raphaëlle Daunat, son avocate, souligne une gentillesse « reconnue et appréciée » par son entourage.
« Je comprends parfaitement l’agacement que peuvent susciter ces faits graves et répétés, mais il faut qu’on essaie de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête. On ne peut pas continuer cette autodestruction physique et sociale. »
Elle préconise le réaménagement d’un sursis probatoire, qui permettrait à son client d’échapper à la prison. Mais pour Emmanuelle Cano, au parquet, « il ne comprend pas les avertissements donnés ».
Sous surveillance électroniqueElle demande une peine qui totalise dix-neuf mois de prison, avec mandat de dépôt. Pour le tribunal, ce sera quinze mois, dont neuf mois de sursis probatoire et la révocation d’un précédent à hauteur de quatre mois. La partie ferme sera effectuée à domicile, sous surveillance électronique.
Olivier Choruszko