Nils raconte sa 3ème étape de la Solitaire du Figaro
Après une bonne nuit d’une quinzaine d’heures, Nils prend le temps de revenir sur sa 3ème étape de la Solitaire du Figaro entre Fécamp et la Baie de Morlaix. Une étape difficile moralement pour le skipper TeamWork qui a terminé à la 28ème place.
Nils revient sur cette 3ème étape et détaille les différents moments clés de sa course.
Nils : « Ce n’est pas facile. Je suis partie avec un bon état d’esprit mais au final, les 2 premières étapes à côté de la 3ème c’était du pipeau. Ça a été dur pour tout le monde, c’était un peu la foire. Mais encore une fois, les choses ne se sont pas bien déroulées pour moi. Autant j’ai fait des erreurs dans mes choix lors des 2 premières étapes et je les ai foirées, autant là, j’ai beau retourner le truc dans tous les sens, je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu me retrouver 2 fois dans les derniers. »
Dimanche 5 septembre au soir : Stoppé net dans son élan en enroulant la cardinale de South Pullar à l’est de l’île de Wight
Nils : « Je n’ai pas d’explication rationnelle à ce qui s’est passé à South Pullar. J’ai regardé la carto, c’est hallucinant. Tout le monde arrive en même temps, je choisis de continuer, tout comme Pierre Quiroga devant moi, afin d’éviter d’empanner tout de suite à la marque. Il y a du bordel, beaucoup de monde, beaucoup de courant, certains bateaux ce sont pris la cardinale. Mais en continuant, le vent molli, molli, molli. J’empanne et là tout s’arrête. Il fait nuit noire et je vois les lumières des bateaux s’éloigner. Ça m’a fait super mal. Au petit matin, je vois que j’ai pris cher. Les bateaux qui étaient un peu avec moi ont réussi à creuser, ça a fait un monstre coup d’élastique mais seulement pour les bateaux de derrière car à l’avant le paquet est encore bien formé. C’est d’une violence inouïe dans ma tête. »
Mardi 7 septembre : de nouveau au contact en mer celtique
Nils : « Après, il y a le passage à niveau après Land’s end, je serre vraiment bien la côte pour rester dans le vent synoptique car au large, ça part en vrille avec la brise qui essaye de rentrer, mais c’est plus perturbé qu’autre chose. Je joue un coup lémanique. Ce sont des choses que l’on rencontre sur nos lacs, avec le vent qui est à ras la terre. Je reviens bien dans le match, je suis au contact. »
Mercredi 8 septembre : une météo capricieuse qui relègue Nils à nouveau à l’arrière de la flotte
« On passe la marque de Saint Gowan et après il y a le second coup invraisemblable. On est au reaching dans la nuit avec du vent d’est, la prévision indique un vent qui va tourner au sud-est, confirmé par l’annonce radio. On est plusieurs à se décaler un peu dans l’est pour jouer la bascule. Je me dis « c’est bien, l’option est juste, il ne faut pas craquer et rester du bon côté ». Sauf que le vent tourne carrément au sud et même au sud-ouest pendant plusieurs heures, donc pas du tout comme prévu. Je me dis que si ça va au virement, on est mort. Tout le groupe de bateau décalé à l’est, on se retrouve face au DST de Land’s end et c’est pas bon. Je me suis fait avoir par cette bascule de vent et je me retrouve de nouveau dernier. C’est la catastrophe totale, il y a du brouillard, le vent molli complétement et pendant ce temps, toutes les personnes arrivent à passer le DST dans le bon sens avec le courant. Mais moi, je suis en train de rentrer dans le DST, il n’y a plus de vent, du courant, c’est le bordel. Je lutte pour ne pas rentrer dedans et je fais même une trajectoire qui est complètement nord pour l’éviter. Je suis complétement anéanti, j’ai décroché dans la tête. Je n’avais qu’une envie, c’est que cet enfer se finisse. Après il n’y a plus rien à faire, je ne suis plus là.
Il reste une étape qui part dans 2 jours, je vais partir en essayant de faire les choses calmement, tranquillement, ne pas me blesser, ne pas casser de matériel. De toute façon, ma Solitaire elle est foirée. »
Retrouvez le classement de l’étape et le classement général ICI
Rendez-vous dimanche à 16h pour le départ de l’ultime étape.
Au programme : 685 mn entre la baie de Morlaix et Saint-Nazaire en passant par le Fastnet.
© Alexis Courcoux