L'horizon toujours fixé à 2025 pour la ligne ferroviaire Clermont-Ferrand-Paris
Cette fois, Jean-Baptiste Djebbari et Jean-Pierre Farandou ne sont pas venus. Le ministre des Transports s’était déplacé à deux reprises en Auvergne, en 2019 et 2020, à l’invitation de La Montagne, pour évoquer la ligne Clermont-Paris et répondre aux interrogations des usagers. Le patron de la SNCF l’avait accompagné l’année dernière, succédant en cela à Guillaume Pepy qui était du voyage en 2019.
Cette année, donc, pas de visite ministérielle. Le ministre n’a pas non plus accédé à notre demande d’interview, arguant qu’il n’y avait rien de nouveau à déclarer. Quant à la SNCF, elle a communiqué les réponses à nos questions sur les travaux en cours et à venir.
Maintenir la pressionLesquels consisteront notamment ce week-end en une lourde opération entre Saincaize et Moulins qui entraînera l’absence totale de circulation des trains ce samedi 25 septembre et dimanche 26.
Ce temps de pause forcée nous offre l’occasion de dresser l’état des lieux. À l’heure où le gouvernement et la France concernée célèbrent les quarante ans du TGV, l’Auvergne et sa capitale, qui ont eu en 2018 la confirmation que l’option grande vitesse était renvoyée aux calendes grecques, maintiennent la pression pour que les promesses de rénovation et modernisation de la ligne Intercités Clermont-Paris soient au moins tenues.
Financement des travaux confirmés avec un « coup de pouce »Des promesses énoncées dès 2015 avec un schéma directeur devant mener à une rénovation de la ligne d’ici 2025, pour un montant global de 760 millions d’euros. Une enveloppe confirmée par le gouvernement actuel à laquelle l’État et la Région Auvergne-Rhône-Alpes ont ajouté 130 millions d’euros pour des travaux complémentaires, ainsi que l’avait annoncé Emmanuel Macron lors de sa visite à Clermont-Ferrand en septembre 2020. Le président de la République avait alors évoqué un « coup de pouce » qui permettrait de gagner neuf minutes sur le parcours…
Et donc de revenir, en 2025, à un temps de trajet global autour de trois heures (pour le train sans arrêt entre Clermont et Paris), soit un temps légèrement supérieur à ce qu’il était en 1990, lorsque les rames avaient trente ans de moins.
« Fiabiliser » les trains en fin de vie en attendant les nouveauxAujourd’hui, les trains Corail devenus Teoz puis Intercités sont plus que quarantenaires et « à bout de souffle », ainsi que le soulignait déjà Guillaume Pepy en 2019. D’où, outre le programme de travaux proprement dits, un dispositif dit de « fiabilisation » des locomotives mis en place en octobre 2020 pour maintenir sous perfusion le matériel en attendant le renouvellement des rames, prévu entre fin 2023 et mars 2026 (voir par ailleurs).
Les travaux de restauration de la ligne ont suivi le cours prévu, précise la SNCF, malgré le contexte sanitaire. Des interventions nécessiteront encore la fermeture de la ligne sur des jours ou week-end entiers. L’exercice 2021 a été marqué, en mars-avril, par le renouvellement des voies sur 40 km entre Moulins et Saint-Germain-des-Fossés.Photo Ricjard Brunel
L'alternative par Lyon plus longue et plus chèreQuant aux opérations prévues en gare de Riom et à proximité (régénération de voies et ballast) elles entraîneront la fermeture de la ligne ce week-end et celui des 9 et 10 octobre. Lors de ces fermetures, l’alternative proposée par la SNCF est un trajet avec correspondance par Lyon pour rallier la capitale en TGV, soit près de cinq heures de voyage. À des tarifs situés en 60 et 80 euros l’aller qui rappellent que l’option grande vitesse a un prix.
Quand la ligne n’est pas totalement fermée pour travaux, le rythme des liaisons est quand même perturbé par ces opérations de modernisation, le train direct (sans arrêt entre Clermont et Paris) étant souvent supprimé.
Un mal pour un bien, promis : à l’horizon 2025, il sera possible de voyager confortablement sur la ligne et de façon fiable. Mais toujours au-delà de trois heures dans le meilleur des cas. Ce dont il faudra se contenter encore longtemps.
Si les acteurs locaux, dont l’association Objectif Capitales, militent toujours pour ramener le temps de trajet à 2?h?30, ce qui ne pourrait advenir avant 2030 au mieux, le scénario n’est pour l’instant pas retenu par les pouvoirs publics. Quant à l’option TGV, qui résulterait, rappelons-le, d’un doublement de la ligne Paris-Lyon avec le fameux POCL (Paris-Orléans-Clemont-Lyon), elle ne sera pas réexaminée avant 2028…
Fermetures sur deux week-ends De grosses opérations de rénovation des voies restent à effectuer. Les prochaines entraîneront l’arrêt de la circulation des trains sur la ligne Clermont-Paris les week-ends des 25, 26 septembre et 9, 10 octobre.
Objectif Capitales demande un plan pour 2 h 30 de trajetL’association Objectif Capitales, constituée des décideurs économiques et politiques locaux, affiche toujours l’objectif de ramener le temps de trajet du Clermont-Paris à 2?h?30.
Pour ce qui est des travaux engagés, du renouvellement des rames et des financements associés, le président de l’association, Patrick Wolff, se dit confiant.
Les engagements pour une fin des travaux lors de la livraison des dernières nouvelles rames sont tenus. Idem pour ces nouveaux trains, dont le prototype est en cours de finition. Nous négocions pour qu’il soit présenté en gare de Clermont lors de l’hiver 2022.
Mais la confiance n’empêche pas la vigilance. « Je crains que nous ayons en 2025 des rames modernes, une voie restaurée et qu’on nous dise “Soyez heureux”, poursuit Patrick Wolff. Or, lors de la venue du ministre l’an dernier, l’un des engagements était d’aller au-delà du rattrapage du retard pris sur cette ligne, en constituant un groupe de travail pour travailler sur l’après et notre objectif de 2?h?30 de temps de trajet. Ce groupe s’est réuni deux fois… Il faudrait définir un plan d’action précis. Les travaux à mener ne sont pas insurmontables au regard de ce qui est envisagé sur le Montpellier-Perpignan. »Objectif Capitales pousse toujours pour un meilleur temps de trajet au-delà du rattrapage de celui des années 1990.?Photo Richard Brunel
Appel au Premier ministrePour le président d’Objectif Capitales, la ligne Paris-Clermont devrait bénéficier du plan de relance de l’économie. « Ça me paraît élémentaire. Nous avons sollicité une réunion avec Jean-Baptiste Djebbari (ministre des Transports) en septembre, qui n’aura pas lieu. Olivier Bianchi (maire) et Laurent Wauquiez (président de Région) se démènent aussi mais ça n’avance pas. C’est ce point qui m’inquiète beaucoup. Nous venons de sensibiliser le Premier ministre Jean Castex sur le sujet. Si rien ne bouge d’ici octobre, nous commencerons à grogner. »