À Clermont-Ferrand, Abdelilah Etiale consacre sa vie aux jeunes du quartier de la Gauthière
À 46 ans, Abdelilah Etiale est le président de l’association L’Ouverture, présente à La Gauthière depuis 2009.
Dormir ? Il a appris à s’en passer depuis des années. Et ses cernes en témoignent. Il est l’homme multitâche de L’Ouverture, association bien connue dans le quartier. L’air décontracté, le plus souvent habillé d’un tee-shirt au logo de la structure, le quadragénaire a les yeux partout et le sourire communicatif. Surtout, Abdelilah ne s’arrête jamais de travailler.
« Il n’a pas de limite, s’il faut bosser la nuit ou le dimanche, il le fera »
Il faut dire qu’être à la tête d’une structure de cinq salariés, six services civiques et plus de 100 bénévoles, cela occupe. Surtout quand Abdelilah enfile un autre costume la nuit. Celui de veilleur dans un centre de sûreté pour personnes sans domicile fixe, de 22 heures à 8 heures du matin.
Aider et guider la jeunesseNé au Maroc en 1975, Abdelilah arrive en France en 1979. L’année où son père, employé chez Michelin, a fait venir sa femme et ses enfants à la Gauthière via la politique du rapatriement familial.
« Le Maroc, c’est le pays de mes parents, moi je rêve en français. »
Dans son ancien immeuble, « le bât 31 », il aspire à devenir chercheur. Les sciences le fascinent. Mais les difficultés scolaires le ramènent rapidement à la réalité.« En CP, je ne parlais pas bien le français… Plus tard, on ne m’a pas autorisé à passer en filière S. »
En chiffres2009 C’est l’année de création de L’Ouverture5 C’est le nombre de salariés286 C’est le nombre d’adhérents de l’association
Après un BTS en vente peu fructueux, le jeune homme change totalement ses plans. Il passe quelques années à encadrer le dispositif « chantiers jeunes » mis en place par l’agglomération clermontoise. Puis rejoint son premier job en centre d’accueil avec le collectif Pauvreté précarité. La bascule vers le monde associatif date de 2009. Il a alors 29 ans. « Je venais d’avoir mon second enfant et je me suis rendu compte que j’étais déconnecté du terrain. »
Une association en quatre pôlesAbdelilah ne comprend pas comment son quartier peut être le théâtre de violences entre jeunes.
« Je les avais gardés des années auparavant. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour nos enfants. »
Un constat qui a inspiré et impulsé la naissance de l’association L’Ouverture.« Il n’y avait pas grand-chose en termes associatif à l’époque », justifie David Deslandes, enfant du quartier et dorénavant directeur de l’association.En douze ans d’existence, L’Ouverture s’est structurée en quatre pôles. Sportif, social, humanitaire et éducatif. Du club de futsal, en passant par la collecte de repas solidaires au Géant Casino, ou encore le soutien scolaire, l’association est sur tous les fronts.
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« On est des bulldozers, on y va à fond. Certains ont peut-être du mal à suivre. »
Mais cette réussite a un coût. Abdelillah Etiale l’admet lui-même. Pour développer L’Ouverture, l’homme au grand cœur a mis sa carrière professionnelle et parfois même sa vie de famille de côté.
Léa Rochon
Solène Belatrous