Treize travailleurs handicapés diplômés pour leurs compétences à Malemort (Corrèze)
Un coordinateur qui joue les animateurs, des chauffeurs de salle qui indiquent à l’assistance quand il faut applaudir, une ambiance « tapis rouge et nœuds papillons » : la cérémonie de remise des diplômes ne se déroulait pas, ce mercredi dans une université américaine, mais dans une petite salle de l’Esat de Malemort, où treize travailleurs handicapés ont reçu leur reconnaissance des acquis et de l’expérience (RAE).
Continuer à acquérir de nouvelles compétences« Ce portefeuille que l’on vous remet est reconnu partout en France. Il liste vos compétences acquises et validée par un jury. Il y a aussi des pages vides car vous pouvez encore continuer à acquérir de nouvelles compétences », a souligné devant les diplômés Vincent Gérard, coordinateur du réseau « Différent et compétent ».
Pendant six mois, ces volontaires ont travaillé avec les moniteurs de leur structure respective pour monter leur dossier de preuves, avant de passer devant un jury : un oral de 45 minutes au cours duquel la véracité des preuves du dossier a été examinée avec soin. « Au total, une trentaine de métiers sont référencés, avec leurs spécificités », précise Joël Continsuzat, vice-président du réseau Différent et compétent en Limousin.
« Je suis très contente et fière de moi »Élodie Célerier, 29 ans, fait partie des récipiendaires. Elle a reçu sa RAE « d’agent de conduite de systèmes industriels ». Dernièrement, elle a travaillé dans le conditionnement de dosettes de café, de sachets de saucisson et a été chargée de vérifier le nombre de pièces dans les jeux de société. « Je suis très contente et fière de moi. J’ai beaucoup révisé avec mon référent à Ussel. Maintenant j’aimerais travailler ailleurs, dans une entreprise extérieure », indique la travailleuse. « C’est très valorisant pour eux, insiste sa tante, présente pour la cérémonie. Élodie a connu des drames familiaux dernièrement. Cette reconnaissance de compétences arrive au bon moment. Cela fait du bien au moral. »
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Trouver un travailJean-Philippe Mauget, 36 ans, travaille de son côté à la blanchisserie de l’Esat de Malemort. Il espère que son diplôme lui permettra de découvrir de nouveaux horizons. « C’est positif, mais je ne suis pas certain que ça ouvre des portes. Je voudrais travailler dans la vente et le conditionnement, je suis quelqu’un de très minutieux. J’ai échoué à l’école, mais j’aime beaucoup travailler », témoigne « l’agent d’entretien des articles textiles ».
Pour Jamal Chaïb, la satisfaction pouvait se lire dans son sourire. Ce pensionnaire des ateliers Bessemer, à Malemort, a comme Élodie, reçu sa RAE d’agent de conduite de systèmes industriels. « Je travaille dans le conditionnement des jeux de société. J’aime ce que je fais. Je préfère cela aux espaces verts où j’étais avant. J’espère trouver un travail maintenant. »
Chaque année en France, entre 2.000 et 3.000 travailleurs handicapés bénéficient de cette reconnaissance de compétences. La caravane Différent et compétent poursuit son périple en Limousin.
Pierre Vignaud