Trophées des entreprises : comment ces trois finalistes font de la formation une vraie force en Corrèze
La formation est au cœur de leur stratégie de développement. Apprentissage, alternance, formation des salariés… Chacun des trois nommés de cette catégorie a misé sur l’humain et sa capacité à développer ses compétences pour faire avancer son entreprise. Voici Brown Europe, Sport’R Limousin et les Fines Bouches Rient.
Brown EuropeInstallée à Brive-ouest depuis 2015, tout en ayant conservé son site historique de Laval-de-Cère (Lot), Brown Europe a profité de la baisse d’activité engendrée par la crise sanitaire pour lancer un programme de formation «assez intense. À ce jour, 55 % des salariés en ont profité, pour gagner en compétence, faire évoluer le management et préparer des métiers d’avenir », explique Patrice Échalier, le directeur général.
Dans le secteur de la métallurgie, Brown Europe occupe une place à part : cette PME de 72 personnes, dont 17 à Brive, fournit le secteur aéronautique en aciers spéciaux, alliages réfractaires (résistants à la chaleur) ou titane, après une transformation à froid.
Face à une chute d’activité de 30 %, la PME a lancé un vaste programme de formation, soit en interne, avec des référents, soit avec des intervenants extérieurs « pour préparer la reprise. Brown Europe a grandi très vite et les postes sont très techniques. Un salarié doit pouvoir passer d’un poste à un autre pour que la société puisse continuer à s’adapter », commente le responsable. « Cela nous a aussi permis de garder sur le site l’ensemble des salariés durant les périodes de confinement ».
Patrice Echalier
Sa plus grande fierté. « Nous avons profité de deux opportunités, assure Patrice Échalier. Nous avons fait de la crise du Covid un atout pour préparer la société à une reprise qui pourrait être rapide. Et depuis fin juin, nous avons un nouvel actionnaire (le fonds ACE Aéro Partners N.D.L.R.), qui va nous accompagner dans, notre développement. »
Sport’R LimousinCet équipementier s’appuie sur deux jambes solides : d’un côté les clubs sportifs (maillots, chaussures, casquettes…), de l’autre les entreprises (équipement de sécurité, mug, gourdes…). « Notre ADN, c’est de personnaliser les équipements, d’être flexible pour les petits clubs sportifs », décrit Benjamin Guiral qui a monté cette enseigne franchisée à Brive il y a trois ans.
Et pour se développer, l’entrepreneur mise sur l’alternance. « La politique de recrutement passe par là », insiste-t-il. Il y a un an, Benjamin Guiral était seul, aujourd’hui trois personnes l’accompagnent. Trois personnes toutes passées par Inisup, le campus de formation de la CCI, pour valoriser des compétences ou suivre des formations en alternance. Le patron a déjà embauché Lucas après une année d’alternance.
Rémi, 27 ans, passe trois semaines dans l’entreprise et une en formation. « L’alternance permet de gagner du temps, de faire grossir l’équipe en limitant les risques et de la faire monter en compétences », énumère celui qui a, lui aussi, fait ses études en alternance.
Sa plus grande fierté. « C’est aujourd’hui le plaisir de travailler en équipe, de partager le travail, de s’enrichir les uns les autres. »
Les Fines Bouches RientLa nécessité de la formation, Agnès Gallet et Olivier Bruneau en savent quelque chose. « La boucherie, la charcuterie, la salaison, ça ne s’improvise pas, plaisante Agnès Gallet, et comme nous n’étions pas du métier, nous nous sommes formés et aujourd’hui, c’est nous qui formons des apprentis. »
Lui, un CAP de charcutier-traiteur à Limoges, un CAP de boucher aux Treize vents à Tulle. Elle, salaison et charcuterie à l’ENIL d’Aurillac. Une passion qui lie le couple jusque dans la manière de travailler : « Ce qui nous distingue des autres, c’est que nous faisons vraiment tout, nous ne prenons même pas de carcasses prédécoupées, vraiment tout, de A à Z. » D’ailleurs, leur petite boutique de Neuvic jouxte un immense atelier de 180 m². C’est un choix fort.
À Neuvic (Corrèze), une boucherie défend les circuits-courts et le fait maison
Une fois formés et bien au point, les jeunes artisans se sont installés et mis en quête d’apprentis motivés à former. « En trois ans nous avons formé quatre apprentis, c’est pas mal quand même ! »
À l’ambition de tout faire soi-même, Les Fines bouches Rient ont superposé une éthique : travailler local : « Tous les producteurs avec lesquels nous travaillons sont dans un rayon de 20 à 30 km, limousines, aubrac, salers… ».
Sur ces quatre apprentis, Agnès et Olivier ont gardé une personne qui est en CDI aujourd’hui, trois autres sont partis poursuivre leur formation dans d’autres structures « et nous recherchons aujourd’hui un apprenti en charcuterie ».
Leur plus grande fierté. « C’est d’être droits dans nos bottes, de réussir à maintenir une éthique dans notre façon de travailler. »
Emilie Auffret, Arnaud Besnard et Eric Porte