Pourquoi la Socoba basée à Brive entre-t-elle dans un cercle très fermé de 1.370 entreprises en France
Sur la façade de ce petit immeuble du centre-ville de Brive, « les compagnons » brossent les joints qui unissent les pierres de brasier. « Le but, c’est qu’on les oublie », note François Legendre qui a repris la Socoba en avril 2018. Le geste est précis, presque ancestral. Et c’est ce qui fait la force de cette entreprise spécialisée dans la restauration du bâti ancien qui emploie trente-deux salariés.
Onze entreprises en CorrèzeUne entreprise qui, après un an et demi d’efforts pour monter un dossier et montrer ce qu’elle sait faire, vient d’être labellisée « Entreprise du patrimoine vivant ». La Socoba entre ainsi dans un cercle très fermé qui compte 1.370 membres en France. Dix autres entreprises corréziennes sont détentrices de ce label dont deux sont en cours de renouvellement.
Francois Legendre
Cette distinction est en effet attribuée pour cinq ans par L’Institut national des métiers d’art (Inma) et vise à mettre en valeur « des savoir-faire d’excellence. »
Des chantiers prestigieuxPour François Legendre et son équipe « c’est une satisfaction collective. Ça vient récompenser le travail des compagnons. » Des compagnons qui ont refait la façade de la préfecture à Tulle, qui restaurent le château du Saillant, qui ont travaillé sur le clocher de l’église de Donzenac, qui ont construit une tour et un escalier à vis pour une ancienne maison forte à La Bazeuge (Haute-Vienne)… « Des chantiers sur l’ensemble du gros œuvre du bâti ancien, longs et très intéressants, note François Legendre. Nous travaillons au château du Saillant depuis deux ans et il en reste encore autant. »
Des délais qui ne sont pas les mêmes que dans la construction classique. « Nous avons une certification nationale pour travailler sur les monuments historiques. Et pour ces bâtiments classés, deux architectes viennent de Paris. Ce sont eux qui donnent le tempo étape par étape », précise cet ancien militaire aujourd’hui chef d’entreprise. Et dans l’ancien, les surprises sont nombreuses. « Derrière le crépi, on découvre parfois de très belles choses… ou des choses que nous n’avions pas prévues. »
Des matériaux locauxLa Socoba ne peut toutefois pas invoquer l’excuse des difficultés d’approvisionnement pour justifier les retards sur un chantier. « Nous utilisons des matériaux biosourcés comme la paille, le chanvre qui est un excellent isolant… (NDLR : le point commun avec la Corderie Palus qui fait démarche pour obtenir le même label). La chaux vient de Saint-Astier (Dordogne), les pierres viennent des alentours ou d’Espagne directement depuis une carrière, le sable vient aussi du coin. »
Le label Entreprise du patrimoine vivant « est un label national qui nous apporte une certaine notoriété ». Mais pour François Legendre, c’est aussi intéressant fiscalement. Même si ce n’est pas tous les jours rose pour ce chef d’entreprise notamment pour trouver de la main-d’œuvre, il ressent une belle satisfaction sur ses chantiers. « Quand on rénove une église comme à Saint-Illide dans le Cantal, les gens du village s’intéressent à ce qu’on fait, s’impliquent. Le bâti ancien, c’est captivant. »
Emilie Auffret