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Сентябрь
2021

Trois questions à Richard Powers : “Mon livre est inspiré par Greta Thunberg”

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Son roman précédent, l’époustouflant et splendide L’Arbre-Monde, prix Pulitzer 2019, mettait en scène des arbres, ces “individus non-humains”, comme il l’écrit, qui communiquent entre eux, s’entraident. En particulier un séquoia géant du parc national de Californie, menacé de destruction par l’humain. La réalité rattrape dernièrement la fiction, les arbres séculaires étant mis en danger en ce mois de septembre par des feux d’une ampleur inédite

C’est comme si Richard Powers possédait ce don rare de lire le monde si parfaitement qu’il pouvait anticiper certaines de ses évolutions. Sidérations, son nouveau roman, met en scène Robin, garçon de 9 ans pas comme les autres, hanté par la mort de sa mère autant que par le réchauffement climatique, diagnostiqué Asperger et violent avec ses camarades. Son père, Theo, tente de l’aider par une forme de thérapie expérimentale qui s’appuie sur l’intelligence artificielle et sur des séances d’observation des étoiles. On peut espérer de cette fable scientifique et poétique d’une grande force émotionnelle qu’elle devienne là aussi réalité, tant elle offrirait un horizon salvateur à la nouvelle génération, angoissée tout comme Robin par un avenir qui s’assombrit sans cesse. Entretien téléphonique avec l’écrivain qui réside désormais dans le Tennessee. 

Nous voyons depuis deux semaines les séquoias de Californie menacés par ce giga-feu. Peut-on trouver quelque chose de positif à cette situation ? Les gens réalisent-ils à quel point ces individus non-humains sont leurs semblables ?

Richard Powers – Je pense qu’il y a deux transformations de la conscience dont nous commençons à être témoins. La première concerne le changement climatique lui-même. En Europe, cela fait déjà longtemps que vous reconnaissez la gravité de la situation. Ce n’est pas encore le cas aux États-Unis. Notre politique est toujours régie par le déni climatique, une énorme partie du pays dit toujours que “c’est exagéré, ces choses vont et viennent et ce n’est pas notre faute”. Mais je pense que c’est en train de changer ici aussi. Des articles sur le dérèglement climatique sont publiés chaque jour, et de plus en plus de gens insistent pour que les politicien·nes arrêtent leur jeu de dupe. 

L’autre raison d’avoir de l’espoir est ce que vous avez mentionné : cette prise de conscience du public au sujet du monde vivant en général. Nous sortons d’une longue tradition en Occident, surtout dans les pays capitalistes individualistes, qui réduit le monde non-humain à de simples ressources dont nous pourrions disposer à notre guise. Désormais, non seulement les scientifiques et les penseurs de l’environnement mais même des reporters, dans leurs articles au sujet des catastrophes qu’ils·elles décrivent sur le terrain, évoquent ces relations réciproques entre les humains et d’autres êtres vivants. La vieille conception de l’exceptionnalisme humain commence à disparaître. 

Les pompiers ont dû emballer les arbres du parc national de Sequoia en Californie pour tenter de les protéger des flammes. Photo prise le 22 septembre 2021. (© Gary Kazanjian / POOL / AFP)

Votre personnage de Robin me fait penser à Greta Thunberg. Au début du livre, il est diagnostiqué Asperger, ses camarades se moquent de lui. Or c’est le réchauffement climatique qui l’angoisse avant toute chose. 

Tout le livre est inspiré par Greta Thunberg, à bien des égards. Cette idée que nous souffrons tous d’éco-traumatisme à un certain degré, mais particulièrement ces enfants qui sont différent·es des autres. Ils·elles demandent aux adultes des réponses que ces dernier·ères sont incapables, ou ont trop honte, de leur donner.

Robin demande à son père : “Est-ce que ça se passe vraiment ?” Et son père, qui l’aime tellement qu’il ferait tout pour lui, le regarde dans les yeux et lui dit : “Oui, ça arrive.” C’est la question essentielle de notre époque : comment allons-nous faire face à cette sidération, ce sentiment de désespoir et de peur que nos enfants ressentent, en ce moment, et pour de bonnes raisons.

>> À lire aussi : Avec “Rêver debout”, Lydie Salvayre signe un antidote joyeux aux désillusions

Quelle est cette “thérapie expérimentale” que vous décrivez comme une solution possible ?

C’est une sorte de machine empathique, expérimentée depuis quelques années par des chercheur·euses ici aux États-Unis. Elle s’appuie sur l’intelligence émotionnelle et non cognitive. Je crois sincèrement que cette transformation, qui est nécessaire pour que nous continuions à vivre ici, sur Terre, ne sera pas cognitive. Il s’agira d’un bouleversement existentiel non seulement de ce que nous pensons être mais de ce que nous ressentons vis-à-vis des autres êtres vivants. Une transformation des sentiments et non de la pensée. Dans mon livre précédent, L’Arbre-monde, j’écrivais : “Tous les faits et chiffres du monde ne changeront pas l’avis d’une personne. La seule chose qui peut le faire est une bonne histoire.” Dans Sidérations, j’ai essayé de raconter une histoire qui permette aux lecteur·trices d’entrer dans la machine à empathie d’un roman, et de transformer leurs propres sentiments.

Sidérations (Actes Sud) de Richard Powers, traduit de l’anglais (États-Unis) par Serge Chauvin, 397 pages, 23 euros. En librairie.




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