À l'origine de plusieurs incendies à Clermont-Ferrand et Orcines (Puy-de-Dôme), une jeune femme condamnée
Une jeune femme, à l'origine de plusieurs départs de feux, en octobre 2019, à Clermont-Ferrand et à Orcines (Puy-de-Dôme), a été condamnée à cinq ans de suivi sociojudiciaire, ce lundi, par le tribunal correctionnel clermontois.
En l’espace de trois jours, entre le 16 et le 18 octobre 2019, une jeune femme de 28 ans, psychologiquement fragile, avait déclenché plusieurs incendies, à Clermont-Ferrand et à Orcines, heureusement sans faire de victimes.
Jugée ce lundi devant le tribunal correctionnel clermontois, elle a été condamnée à cinq ans de suivi sociojudiciaire, ainsi qu’à une injonction de soins (*). Mais l’audience n'a pas permis, deux ans après les faits, de vraiment comprendre les motivations de la prévenue, qui avait mis le feu à plusieurs caves (dont la sienne), ainsi qu’à une armoire technique et à une poussette (à deux reprises, la même nuit), sur son palier, dans son immeuble de la rue Naudin, à Clermont-Ferrand. Elle avait aussi provoqué un départ de feu dans les vestiaires du Golf des volcans, à Orcines, qui l’employait alors comme commise de cuisine.
La prévenue ne donne pas d'explications bien précises...Lorsque la présidente, Anne David, tente de comp rendre ce qui a pu la pousseràcommettre des actes dont les conséquences auraient pu être tragiques, la prévenue – qui semble un peu spectatrice de son procès – reste pour le moins évasive. Les départs de feu dans les caves ? Elle n’en reconnaît qu’un, dans sa propre cave, qu’elle aurait déclenché accidentellement, en jetant négligemmen t une cigaret te mal éteinte. Dans les parties communes ? « Je voulais mettre fin à mes jours, en m’asphyxiant avec les fumées ». Sans trop se souvenir, cependant, par quels moyens, ni avec quelles substances, elle a mis le feu. Sur son lieu de travail ? Elle aurait voulu se venger d’une collègue qui se serait moquée de son poids…
L’expert psychiatre qui l’a examinée, s’il n’a pas relevé « d’attraction pour le feu », a cependant noté sa propension «à exprimer son stress et son mal-être à travers des passages à l’acte » et estimé que le risque de récidive était « relativement important ». D’où « la nécessité d’une « prise en charge médicamenteuse, psychiatrique et psychologique ».
« Vous dites avoir voulu attenter à vos jours, mais vous avez mis la vie de tout le monde en danger, y compris celle de vos propres enfants »
Le procureur de la République, Eléonore Drummond, a indiqué à l’incendiaire que ses gestes « ont mis en danger la vie des habitants de tout un immeuble, mais aussi la sienne et celle de ses enfants ». « Et cela, vous semblez l’occulter complètement, poursuit-elle. Votre prise de conscience réelle de la gravité des faits et vos explications changeantes interrogent, aussi… ».
« Elle a compris la dangerosité de ses actes »En défense, Me Sophie Giraud a tenté de nuancer le portrait de sa cliente, notant que « c’est toujours elle qui a donné l’alerte, juste après avoir déclenché les incendies ». « Contrairement à ce que l’on peut penser, elle ne se moque pas des autres et comprend la dangerosité de ce qu’elle a fait. Elle vivait surtout une situation humaine et personnelle très difficile, à l’époque. Celle-ci s’est encore aggravée depuis les faits, puisqu’elle a notamment perdu la garde de ses enfants, qui ont été placés. Mais elle tente malgré tout de s’en sortir : elle a engagé un suivi psychologique, elle vient de décrocher un emploi en CDI et de trouver un nouveau logement, dans une autre commune ».
Christian Lefèvre
(*) Si elle ne respectait pas les termes de ce suivi sociojudiciaire, la jeune femme pourrait être amenée à effectuer deux ans de prison. Sur le plan civil, elle devra verser 3.439 euros de dommages et intérêts à son ancien bailleur, l’Ophis, pour les dégâts provoqués par ses«mises à feu ».