IronMan 70.3 d’Aix en Provence le 19 septembre 2021 : le récit de Xavier Gheysens
1000 participants (pour 3000 d’habitude) et 500 nageurs. Bike and Run et relais exceptionnellement acceptés.
J-7 :
- 2 litres d eau tous les jours. Je me noie. Nuits entrecoupées par des passages aux wawa.
- Carbo loading / cible 800g de riz par jour.
- 10 amandes comme seul encas : tristesse !
J-3 : 8h de route avec escale à Lyon. 15’ de footing pour remettre les jambes en place arrive à Aix en Provence.
J-1 :
Dépôt des sacs de transition fermés hermétiquement car de la pluie est annoncée pendant la nuit.
La prévision météo change du tout au tout depuis 5 jours. Les sacs sont plein de toute mon armoire (chaud, tiède, froid, très froid).
Alors comment on colle les stickers ?
- sur les poils ? J’avoue les avoir déjà rasés.
- sur le bras alors que là tri tombe dessus ? Ce sera donc sur l’avant bras.
- sur les sacs de transition ? Oui tout est clairement indiqué !
- le bonnet de natation, au dessus ou en dessous du mot « Roka » ? On s’en fout.
- le casque de velo troué de toute part pour l aérodynamisme ? Tant bien que mal mis dessus.
- Sur la selle du vélo alors que pas assez de place sous la trousse d’outils du vélo ? Tout de travers. Personne ne m’a rien dit.
Jour J :
Réveil 4h pour un départ navette 6h vers le lac de Peyrolles. Arrivé au bus, les visages sont fermés. Aucun sourire, aucun bonjour, il faut quémander pour avoir une place. Le ton est donné. La tension monte à mesure qu’on s’approche du lac.
6h25 : accès au parc à vélo. Il fait nuit noire.
Premier contact avec mon vélo pour le gonfler. Je casse net la valve en métal de la chambre à air fin de mon IronMan. Le honte et des tonnes d explications à donner aux amis, au club à la famille, ils ne comprendront pas. Mais ça peut vraiment se casser une valve de chambre à air ??? Deni de 30 secondes, j essaye même de la revisser. Mes esprits retrouvés, le mécanicien du staff me change la roue en 2 temps 3 mouvements. Fin de la tourmente qui répondait aux questions pourquoi prendre deux chambres à air et venir si tôt au parc.
Il fait terriblement froid, je n’arrive pas à me réchauffer. Éclaire de génie : j enfile le bas de la combi. Chaleur retrouvée.
Natation
Toujours aussi peu de partage entre les 500 nageurs. Heureusement, je suis accompagné d’un ami toujours souriant et disposé à rire. On entre dans l’enclos à bovin qui mène au lac. Il faut accéder à la zone des 38’, on joue délicatement des épaules pour ne pas se faire encorner. Le club de tri d’Aix en Provence est surreprésenté !
Des files dignes de Disneyland amènent 6 participants jusqu’à l’entrée de l’eau. Une sonnerie, dont le volume nous éclate les oreilles, donne le tempo toutes les 15 secondes des mises à la baille.
Enfin mon tour : je me regarde courir et sauter dans l eau. Ce n’est pas moi. Pas de question si elle est chaude ou froide : ça fonce !
J’arrive à bien allonger mes bras mais ne trouve pas les sensations d’appui sous l’eau. Sûrement l’adrénaline. Je prends un coup dans l’oreille qui siffle, un monsieur âgé, c est pas grave. Un coup de pied ça brasse devant … la fin approche je bats des jambes pour faire circuler le sang (comme mon coach me l’a conseillé).
Sortie de l’eau en 38’, en gérant l’effort, sans tête qui tourne ????
800m à courir pour arriver à la transition 1.
« Pas bête Jean-Pierre », j ai pensé à enlever la Garmin avant la manche de la combi, ah si en fait, j ai oublié d enlever la puce autour de la cheville. Je me change et ne prend qu un coupe vent (choix payant). Je m’apprête à repartir et réalise ne pas avoir remis la puce, soigneusement rangée au fond de mon sac (plein dont la pompe à vélo qui en déborde) = 11 minutes :-/
Vélo
Je pars le dossard sous le coupe vent et me fait reprendre par un bénévole, j espère ne pas avoir gagné un carton … je perds un gel hors éco-zone, j espère ne pas avoir gagné un carton …
Nul en vélo, je me fais dépasser par tout le monde, ce sport m’a appris l humilité, ce n’est pas grave …
Les paysages sont magnifiques jusqu’à ce son qui me donne froid dans le dos d un participant derrière moi (il en restait) qui se vautre et du métal qui racle le sol …
Je zappe volontairement le premier ravito des 20km (choix payant).
45eme km, je sens les crampes aux cuisses. Les mots de Paul résonnent : « il y aura des moments difficiles et ils passeront ». Paul a raison.
Le col du Cengle : j’avance tout doucement, je vérifie mais il n y a plus de vitesse à descendre. Je double des personnes qui pleurent, a l’arrêt.
Les mots de Paul, encore.
Enfin des descentes, je range toute forme de raison et lache les chevaux jusqu’aux 60km/h dans les lacets.
Arrivée à Aix, un policier me fait signe d’aller tout droit dans le rond point (il devait finalement juste me confirmer que la circulation était bloquée) un bénévole me crie de revenir sur le parcours … oups.
Cap
Transition facile : juste ne pas mettre la puce à la cheville sur la chaussette mais en dessous
Je commence à courir et me fait arrêter par des crampes aux cuisses dans les tout premiers mètres. Je repars mais ça ne marche pas. Un bénévole me demande si je veux qu’il appelle les secours. Un peu vexant, je suis si frais dans ma tête. Je vais très bien. C est juste mécanique. Je parle à voix haute : « comment je vais finir ? Comment je fais passer ces crampes». Je me masse, trouve de la Saint Yorre. Et ça repart doucement, je tiens les crampes en respect. Les 3 boucles de 7km sont drôlement pentues (plus de 200m). Quelle ambiance dans Aix, le public est encourageant à souhait. Les benevoles aux ravitos sont super gentils. 1 boucle de faite. La deuxième passe aussi. La troisième est très difficile mais je sais depuis un moment déjà que je vais finir. Je fais les comptes et me surprends à arriver non pas en 8h29 mais en 7h15.
La médaille autour du cou, une fois passé sous l’arche IM, je file aux check-out ou je retrouve toutes mes affaires et vélo. Difficile de rentrer si chargé et tellement hâte de lire tous les messages de soutien des amis, famille et du club. Je vois le classement et fini dans les tout derniers …
Sur le retour un échoppier, nous alpague et nous demande gentiment si « tout le monde a une médaille ? ». Je lui réponds : « oui, tous ceux qui finissent ».
Merci Xavier !