Les enfants de troupe, promotion 1969-1971, se rappellent de leurs années d'école militaire à Tulle (Corrèze)
À l’initiative d’un comité d’organisation de cinq anciens élèves de l’AEETAT (Annexe de l’école d’enseignement technique de l’armée de terre), une quarantaine d’entre eux se retrouveront à Tulle ce week-end des 25 et 26 septembre pour fêter les 50 ans de leur départ.Ils ont passé deux ans, entre septembre 1969 et juillet 1971, sur trois sites, les casernes Marbot, de la Bachellerie et Lovy dont ils gardent beaucoup de souvenirs. Ils n’avaient que 16 ans et y ont appris la vie en collectivité dans le respect des strictes règles militaires.
De la jeunesse dans la rueTulle était l’annexe d’Issoire qui formait les futurs sous-officiers de l’armée de terre. L’école militaire de Tulle a fait naître des sous-officiers électromécaniciens ou mécaniciens monteurs.Bruno Debret, Michel Van Caenegem et Jean-Jacques Blanchet font partie de ces anciens élèves qui se retrouvent avec plaisir.Bruno Debret, originaire de Troyes, est devenu électromécanicien à Tulle. À sa sortie, il est allé travailler en Allemagne puis comme instructeur dans les écoles militaires de Bourges et Châteauroux. Il a fini instructeur à l’école militaire de Tulle en 1982 date à laquelle les derniers élèves sont partis. « Ma carrière s’est arrêtée au bout de 13 ans, 7 mois et 3 jours », se souvient précisément Bruno qui voulait rester à Tulle d’où était originaire son épouse et qui a par la suite embrassé une carrière dans le privé.« C’était 2 ans d’études marquantes. À 16 ans, quitter sa famille, c’est un gros changement. Un internat militaire, c’est la rigueur et l’obéissance mais ce n’était pas le bagne », se rappelle-t-il. La solidarité, l’esprit d’équipe remplaçaient la famille. « On avait tous des visions différentes de la vie, on partageait ».Les enfants de troupe à Tulle ne passaient pas inaperçus. « Le week-end, ça mettait de la jeunesse dans les rues. On avait l’uniforme bleu marine, le béret sur la tête, les chaussures noires et les boutons brillants. On ne pouvait pas sortir si on n’avait pas une tenue impeccable », se remémore Bruno qui se souvient de quelques bals du samedi soir mais aussi de la tournée des bars entre l’avenue Victor-Hugo et le quartier de la gare.
À quoi ressemblait la vie à Tulle (Corrèze) dans les années 1950 ?
"Une expérience très formatrice"Jean-Jacques Blanchet, lui, se souvient d’une expérience « très formatrice. Une formation qui a conditionné les adultes que nous sommes devenus ». Aujourd’hui Toulonnais, il reste marqué par ces années tullistes alors qu’il était « en perdition dans le monde éducatif traditionnel ». L’école militaire l’a remis sur les rails et lui a fait comprendre ses capacités.
Jean-Jacques Blanchet à l'école militaire.
« On avait ici un niveau d’enseignement exceptionnel », plaide-t-il. Il aura plaisir à revenir à Marbot où il était logé et recevait l’enseignement technique. Mais aussi à Lovy pour les prises d’armes et à la Bachellerie. « On y allait tous les jeudis pour faire du sport. C’était un plateau sportif complet. » Jean-Jacques garde de Tulle « un ressenti bienveillant à notre égard. Nous n’avions pas la même vie sociale que nos autres camarades qui allaient en boom. Nous, ça se réduisait à quelques sorties. Le week-end, on se réfugiait dans une boulangerie pour manger des croissants, notre petit-déjeuner de luxe de la semaine ! Puis on allait au cinéma. On se fondait bien avec le paysage de la ville. »
Cette école a été bénéfique sur nos trajectoires
À l’issue de ses études, Jean-Jacques a intégré l’aviation légère. Il était électricien sur hélicoptère. « Cette école a été bénéfique sur nos trajectoires. Certains ont fait de belles carrières y compris dans le privé comme chef d’entreprise, d’autres sont devenus officiers. Cela nous a mis face au monde du travail dans une ambiance propice à la réussite. »Michel Van Caenegem a terminé sa carrière à Bourges après des passages par l’Allemagne et l’Afrique. Toute une carrière dans l’armée. Lui aussi garde en mémoire « la camaraderie » mais aussi ces samedis après-midi réservés aux travaux manuels situés dans la partie de Marbot aujourd’hui moderne et vitrée. « J’étais devant les vitres qui donnent sur la ville et c’était très dur quand il y avait les manèges et la musique ». Sans compter la rigueur éducative. « Si les notes n’étaient pas bonnes, la sortie du dimanche était reportée à celui d’après. »
Le programme des retrouvailles. Une quarantaine d’anciens élèves de l’AEETAT (annexe de l’école d’enseignement technique de l’armée de terre) fête samedi 25 septembre les 50 ans de leur sortie d’école. Ils se retrouvent à Marbot le matin pour visiter leur caserne transformée en hôtel du Département. Ils y déposeront une gerbe et y déjeuneront. À 14 heures, la délégation visitera l’école de gendarmerie de la Bachellerie, leur ancien plateau sportif, puis la caserne Lovy. Leur journée souvenirs se terminera par une soirée de gala au Coiroux à Aubazine.
Estelle Bardelot