Carbios prend ses quartiers sur le site de Cataroux à Clermont-Ferrand
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L’installation de Carbios sur le site Michelin de Cataroux, à Clermont-Ferrand, constitue un tournant pour l’entreprise créée il y a dix ans et pionnière dans le recyclage des plastiques PET par enzymes. Un marché potentiellement gigantesque.
L’entreprise Carbios a officialisé en grande pompe, mercredi 29 septembre, son installation dans un bâtiment désaffecté du site Michelin de Cataroux, à Clermont-Ferrand. Une inauguration organisée à quelques pas de là, à Hall 32, Carbios n’ayant pas encore ses bureaux à Cataroux, ce qui ne tardera pas, mais seulement son démonstrateur industriel.
C’est-à-dire une mini-unité de production destinée à valider les performances techniques, économiques et environnementales de la technologie en vue d’une industrialisation à plus grande échelle et de la vente de licences.
Le cœur du démonstrateur industriel de Carbios est un réacteur de 20 m3 dans lequel le recyclage enzymatique s’effectue par hydrolyse durant une dizaine d’heures.
Recycler à l’infini bouteilles et textilesCarbios, créée il y a dix ans au biopôle de Clermont-Limagne, a mis au point un procédé biochimique de recyclage du plastique PET unique au monde, par enzymes, qui permet de recycler à l’infini toutes sortes de bouteilles plastique en PET et autres textiles en polyester et d’obtenir une matière première équivalente au PET vierge issu de la pétrochimie, alors que le recyclage classique, basé sur le broyage mécanique, perd en qualité à chaque cycle.
Lors de la visite du démonstrateur industriel, mercredi, à Cataroux.
Le recyclage par enzymes ne génère « que 10 % de déchets non réutilisables pour l’instant », mais les ingénieurs de Carbios réfléchissent déjà à l’utilisation de ces résidus.
« Pas vocation à produire du PET »En attendant, l’entreprise se focalise sur son démonstrateur industriel. Un outil capable de produire 200 tonnes de produits recyclés par an. Ce qui représente une goutte d’eau au regard des besoins de la planète et des 70 millions de tonnes de PET produits chaque année.
« Les perspectives de ce marché sont immenses. Mais Carbios n’a pas vocation à produire du PET », rappelle le directeur général délégué Martin Stephan. En 2022, l’entreprise a pourtant planifié la construction d’une usine d’une capacité de 40.000 tonnes annuelles à partir de 2024. « Cette prochaine étape servira encore à consolider notre technologie. Et à montrer que nous sommes capables d’intéresser un partenaire. »
Martin Stephan, directeur général délégué de Carbios.
173 M€ de levées de fondsCarbios, qui a levé au total 173 M€, dont 114 M€ en mai dernier pour financer ce nouveau projet industriel, est courtisée par les pouvoirs publics pour poursuivre l’aventure dans l’Hexagone. Lors de l’inauguration, les ministres de la Transition écologique et de l’Industrie, Barbara Pompili et Agnès Pannier-Runacher, ainsi que le président de Région Laurent Wauquiez, ont adressé des messages vidéo en ce sens.
Philippe Pouletty, cofondateur de Carbios, les a bien entendus, appelant sur un ton mêlé d’humour et de défi les responsables politiques à « faire ce qu’il faut » alors que trois candidats sont en lice pour accueillir la future usine et que l’Allemagne semble pour l’instant tenir la corde. La décision sera prise avant la fin de l’année.
Le procédé de Carbios permet de recycler bouteilles en plastique PET et textiles en polyester.
Une mission aux enjeux planétairesPour le démonstrateur industriel, un site près de Lyon avait d’abord été retenu. Puis Michelin était entré dans la danse et au capital de Carbios, appuyant l’installation sur le site de Cataroux en pleine transformation. Bientôt, tous les bureaux de la société et ses cinquante employés (répartis entre Saint-Beauzire et Riom) y seront rassemblés (*).
Et Carbios poursuivra, depuis sa base de Clermont-Ferrand, sa mission aux enjeux planétaires : contribuer à l’élimination des plastiques dans la nature en exploitant les déchets, « nouvelle matière première de demain », promet le directeur général Jean-Claude Lumaret.
(*) Le groupe Carbios englobe la société Carbiolice (25 employés), créée en 2016 à Riom et spécialisée dans les bioplastiques PLA.
Dates clés d’une décennie de développement
2011 : création de l’entreprise par Truffle Capital.2013 : introduction en Bourse (Euronext Paris).2016 : création de Carbiolice en coentreprise avec Limagrain et Bpifrance (Carbiolice est à 100 % Carbios depuis juin 2021).2017 : création d’un consortium avec L’Oréal pour industrialiser le recyclage enzymatique.Jean-Claude Lumaret est à la tête de Carbios depuis les débuts, en 2011.2019 : production des premières bouteilles en PET issues du recyclage enzymatique ; entrée de Michelin au capital ; entrée au consortium de Nestlé et PepsiCo.2020 : production des premières bouteilles plastique transparentes issues du recyclage enzymatique de textiles.2021 : Michelin valide le recyclage enzymatique pour les fibres PET utilisées dans ses pneus ; lancement du démonstrateur industriel à Cataroux.
Patrice Campopatrice.campo@centrefrance.comPhotos Franck Boileau