La haute Corrèze est-elle un nouvel Eldorado ?
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Avec un taux de chômage relativement bas, la haute Corrèze vit une période de plein emploi. Les entreprises, dont certaines ont bénéficié du plan de relance, investissent et recrutent. Malgré tout, en cette sortie de crise, la concurrence est forte et elles peinent à trouver de la main-d’œuvre.
La haute Corrèze est-elle un nouvel eldorado ? Avec ses grands espaces, sa tranquillité, ses prix doux et son taux de chômage faible, autour de 5 %, ça y ressemble fortement. Et pourtant, le territoire n’attire pas suffisamment. Les entreprises ont du mal à recruter. Pôle emploi est mobilisé pour mettre en place des dispositifs spécifiques d’accompagnement, les agences d’intérim forment.
Parallèlement, les collectivités locales se mobilisent et travaillent sur l’attractivité de ce territoire nature. « Il doit y avoir une vie après le travail, un habitat convenable, du transport, un accompagnement des conjoints… », préconisait récemment la préfète de la Corrèze, Salima Saa. Quelle est la problématique réelle des entreprises ? Comment y remédier ? On fait le point.
Le constat du plein emploi en Haute Corrèze
À la fonderie Constellium, qui usine pour l’aéronautique, le chiffre d’affaires a chuté d’un tiers avec la pandémie. De 366 salariés dont 70 intérimaires avant la crise, l’entreprise est aujourd’hui à 255, dimensionnée pour le marché convalescent actuel dans un contexte de reprise lente. Pour autant, elle embauche et peine à trouver. « Je suis dans une dynamique où je cherche à nouveau. J’ai une dizaine de postes à pourvoir mais il y a une concurrence féroce entre les différents employeurs de la Corrèze », explique son dirigeant Jean-Baptiste Foisel à la lumière des gros investissements réalisés sur le secteur. Il note une grande tension sur les postes de maintenance et recrute aussi des opérateurs d’ateliers en moulage fonderie.
Le Mont de la Coste, spécialiste des mini-saucissons à Ussel, avait, pour se développer, un besoin de conducteurs de ligne. Pour y répondre, la société s’est tournée vers Adecco qui a recruté et formé du personnel avant une conversion en CDI. « Cela a fonctionné et maintenant nous ne recruterons que comme ça, s’enthousiasme Magali Evrard De Smet, la directrice. On les forme comme on veut à nos métiers. Cela crée une cohésion de groupe. Et puis, je crois qu’il ne faut pas chercher le mouton à cinq pattes. » Chez Saint-Angel Forest, (exploitant forestier) le recrutement n’est pas davantage un long fleuve tranquille.
On s’est remué. L’attractivité du territoire est un vrai sujet quand on n’est pas du cru.
" On parle à nos salariés pour leur donner des perspectives », avance le directeur général Frédéric Bordes, également dirigeant d’autres structures, qui rencontrent des difficultés de recrutement sur des territoires censés plus être dynamiques comme Brive et Limoges. « Trouver un employé repose beaucoup sur la capacité des chefs d’entreprises de proposer des choses innovantes, qui n’existent pas ailleurs. Il faut essayer de recruter localement et si la personne n’est pas tout à fait faite pour le poste, il faut faire l’effort de la former et de se mobiliser en interne pour lui donner des compétences. Comme ça, elle reste. Surtout si elle n’habite pas à moins de 15 ou 20 km de l’entreprise ».
Convaincre des BorgWarner de venir à ConstelliumPour compléter son effectif, Jean-Baptiste Foisel nourrit un espoir en lorgnant le bassin d’emploi voisin, celui de Tulle : il espère convaincre des ex BorgWarner de rejoindre Constellium suite à une rencontre prévue aujourd’hui. « Des gens qui travaillaient chez BorgWarner pourraient fort bien devenir des mécaniciens ou des électromécaniciens chez Constellium ! » Là aussi, un métier différent ne doit pas effrayer car l’entreprise assurera la formation. « On est condamné à former les gens à notre métier », constate le directeur de Constellium.
Quels sont les enjeux de demain ?
La société CFBL envisage de déployer un énorme dispositif de formation en interne dans un an « pour régler une partie du problème » lié selon Isabelle Bonnabeau, en bonne partie, à « la mobilité géographique. Pour certains, Ussel, c’est pas sexy ». Et pourtant, cette DRH arrivée il y a 16 mois de La Rochelle en est une preuve par l’exemple. Ce territoire a des atouts à commencer par le coût de la vie, « tout est moins cher ».
Jean-Baptiste Foisel estime que « la haute Corrèze a de sérieux atouts. À Ussel, il y a une superbe piscine, des équipements sportifs de très bons niveaux mais il n’y a pas assez de publicité qui vante tout ça. »
La haute Corrèze gagnerait à faire un plan de communication sur son attractivité.
L’autre aspect majeur, selon le dirigeant, revient à l’État pour faciliter la mobilité des ouvriers : « C’est une politique de l’emploi à mener au niveau national. »
Laetitia Soulier