Au quartier Champegaud de Guéret, des travaux qui font jaser
Un écoquartier à Guéret ? Quand on se promène dans la rue de Faulette, on est loin des visions architecturales futuristes avec de la végétation à tous les étages. Tout au plus les six nouvelles constructions en bois de Creusalis augurent-elles ce monde nouveau, où l’aménagement des villes est au service du développement durable.
Un vrai faux « écoquartier »Néanmoins, depuis un arrêté municipal du 9 octobre 2013, le lotissement d’habitations « Champegaud » est soumis à différentes règles « dans une optique de développement durable », comme des surfaces végétalisées d’au moins 30 % des parcelles. Tant et si bien que certains habitants disent vivre dans un « écoquartier ». L’un d’entre eux, résident de la rue de Faulette depuis 2016, prend la chose très au sérieux, au point de mettre la ville face à ses engagements : « Alors comme ça, les stationnements végétalisés, c’est uniquement pour les particuliers ? »
Les écoquartiers rentrent dans l'ADN creusois
Ce retraité, qui souhaite rester anonyme, fait référence à des travaux réalisés en décembre dans sa rue, lesquels ont remplacé les stationnements herbeux en caillebotis par des enrobés bitumineux. Un ouvrage qui va selon lui à l’encontre de l’objectif initial de perméabilité des terrains pour éviter le ruissellement. Il dit n’avoir jamais été consulté pour ces travaux.Le stationnement en dalle Evergreen remplacé par du bitume.
Le Guérétois poursuit le long de la rue - tout en montrant un arbre coupé par la ville - pour se diriger vers le cédez le passage qui débouche sur la rue Champegaud. La route a été amputée en largeur, par l’ajout d’un trottoir bas, afin d’éviter que les conducteurs rue Champegaud ne viennent prendre la rue de Faulette en sens unique.
Un voisin de la rue Champegaud, qui habite juste en face du croisement, le rejoint. « C’est incroyable de bêtise ! Je ne peux même plus rentrer chez moi », vitupère celui qui réside sur place depuis 47 ans. Il affirme que les six mêmes qui prennent la route à sens unique… le font toujours, mais que désormais ceux qui utilisent le croisement pour manœuvrer s’exposent régulièrement à des accidents. Encore une fois, le manque de consultation est avancé : « Moi, on ne m’a pas demandé mon avis. Qui est l’ingénieur qui a conçu ça ? Avec quel argent ? »Arbre coupé par la ville près de la rue de Faulette
Retour à la démocratie locale ?Contactée, la mairie de Guéret a accepté de répondre point par point, regrettant que les habitants du quartier ne les aient pas sollicités directement. L’ensemble des travaux de sécurisation, estimé à 18.000 euros, a été validé en commission de circulation :
« Une dame du quartier nous a relancés en avril 2021 pour nous alerter sur la vitesse et le non-respect du sens de circulation dans la rue. Elle a déposé une main courante pour des animaux écrasés. Le commissariat, la prévention routière, les services techniques ont voulu raccourcir la largeur du croisement pour éviter les demi-tours accidentogènes »
L’élu précise qu’à ce moment-là, les aménagements n’ont pu être discutés en comités de quartiers, ces derniers ayant été élus très récemment, à cause de la crise sanitaire. Maintenant qu’ils sont installés, les citoyens pourront s’emparer de ce type de sujet, veut-il croire. Concernant les stationnements, Guillaume Viennois concède « une erreur d’avoir voulu rendre les choses trop propres et trop vite » : l’entreprise Colas a « cru bien faire » en mettant du bitume sur des dalles « où il n’y avait plus d’herbe », ce qui a été ensuite validé par les services techniques.
Il estime que cela ne remet pas en cause les engagements de la ville sur le développement durable : le seul arbre coupé dans le quartier l’a été car il empêchait l’accès à des parcelles qui allaient être vendues. Dans le même temps, 121 arbres ont été plantés en 2021, fait valoir l‘adjoint, mentionnant également l’opération « Fleurs sur le bitume » ou la végétalisation de l’école Jacques Prévert. Sur le verdissement de la ville, l’élu estime ainsi que la majorité n’a pas à rougir.
Photos : Bruno Barlier
Texte : Tom Jakubowicz