Les propos de Macron mettent en évidence un fossé générationnel
À la suite des déclarations d’Emmanuel Macron aux lecteurs du journal Le Parisien, un sondage CSA pour Cnews a été réalisé à propos de l’accueil de ses propos par la population. S’il montre logiquement que les partisans des partis d’opposition sont critiques à l’égard de son discours, on y voit surtout une opposition générationnelle.
Sondage exclusif CNEWS : 53 % des Français estiment qu’Emmanuel Macron a eu tort de dire qu’il veut «emmerder» les non-vaccinés #Punchline pic.twitter.com/5bHc3vPrk2
— CNEWS (@CNEWS) January 5, 2022
Les jeunes rejettent les propos de Macron
Sur l’ensemble de la population, 53 % considèrent que Macron a eu tort de dire qu’il voulait « emmerder les non-vaccinés ». Néanmoins, cette proportion monte à 65 % pour les jeunes de 18-24 ans. 53 % des 35-49 ans considèrent aussi que Macron a eu tort de parler ainsi.
Par contre, la proportion s’inverse pour les plus de 65 ans qui sont 57 % à approuver les propos du président.
On observe une véritable rupture générationnelle entre la jeunesse et les personnes âgées. Celle-ci ne date pas de la crise covid, mais cette dernière l’a fortement accentuée. À cause des restrictions, les jeunes comme les personnes âgées ont été des boucs émissaires : les premiers ont été accusés d’avoir fait circuler le virus du fait de leur mode de vie plus social tandis que les seconds ont été accusés d’avoir immobilisé le pays pour les sauver au détriment du reste de la population.
Les discours de peur comme les politiques gouvernementales ont largement contribué à diviser la population et créer une situation tribale.
Un choix politique risqué de la part de Macron en faveur de son électorat
Le cœur électoral de Macron est composé des personnes âgées comme le montrent les résultats de 2017. Ses propos semblent donc à première vue maitrisés au niveau politique : il s’agit de galvaniser et satisfaire son électorat.
Mais deux problèmes se posent.
Le premier est qu’Emmanuel Macron possédait une popularité importante auprès des 18-24 ans et particulièrement des 18-20 ans. De tels propos risquent de lui aliéner le soutien de cette population. D’autant plus que la jeunesse est avant tout abstentionniste et peut donc le lâcher politiquement très facilement.
Le second problème est que satisfaire son électorat est utile pour le premier tour, mais n’est pas suffisant pour gagner le second tour des élections. Si Macron provoque le rejet du reste de la population, il risque de la pousser à l’abstention ou au vote sanction. Ces deux points jouent en sa défaveur.
On pourrait se demander si le but n’est justement pas de pousser ses détracteurs au vote sanction en faveur de Mélenchon, Zemmour ou Le Pen, lui assurant ainsi un second tour plus facile. Néanmoins un tel pari reste risqué : la situation actuelle n’étant pas celle de 2017 ou des élections précédentes, aucun scénario de victoire ne doit être considéré comme impossible.