Leur train de vie un peu trop luxueux à Charmeil (Allier) intrigue la justice et les mène devant le tribunal
Ils possèdent de belles demeures, sur les hauteurs de Charmeil. Des maisons estimées à plusieurs centaines de milliers d'euros. Jusqu'à 600.000 €, même, pour l'une d'entre elles. Et puis il y a ces voitures, multiples, et de grandes cylindrées, dont les achats ont coûté jusqu'à 150.000 €. Et ces bijoux et ces accessoires de luxe, représentant plusieurs milliers d'euros. Sans compter des épargnes dépassant allègrement les 50.000€...
Des revenus qui interrogentUn train de vie aux apparences luxueuses, en somme, pour les deux couples amenés à se présenter ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Cusset. Un tribunal qui trouve à s'interroger : comment ces Charmeillois, âgés de 32 à 41 ans, peuvent-ils déclarer un patrimoine aussi important quand leurs revenus mensuels oscillent entre 1.500 et 2.000 € par mois ? Et ce pour des couples avec plusieurs enfants à charge ?
Pour la justice, donc, à commencer par le parquet, il y a là quelque chose d'étrange. Et le ministère public d'afficher clairement, à l'audience, des suspicions de fraude quant aux patrimoines dont il est ici question. Une « opération structurée de dissimulation de fonds » est évoquée, peut-être cachée derrière des opérations immobilières; du possible « travail dissimulé » est aussi envisagé. Et, pour ces délits présumés présentés comme « graves », des peines de prison allant de 6 mois à 2 ans sont requises.
« Je ne comprends pas ce que je fais là ! »
Mais à la barre, les prévenus restent droits dans leurs bottes. Et ils l'affirment : ils n'ont rien à se reprocher. « Je ne sais pas ce que je fais là. Je suis un travailleur, et j'ai toujours gagné mon argent légalement, en le déclarant », se défend vivement l'un des conjoints. Pour expliquer leur train de vie, les principaux intéressés ont d'ailleurs fourni plusieurs explications au cours de l'enquête : ils ont d'abord dit travailler, donc, et beaucoup. Ils ont aussi expliqué avoir fait de jolies plus-values immobilières, entre achats de terrains et reventes de maisons. L'un deux évoque aussi une dot de 80.000 reçue lors de son mariage.
Et les avocats des prévenus de s'offusquer face à un dossier « mal ficelé », dans lequel il manquerait des pièces pouvant justifier des revenus de leurs clients... Et il n'y aurait donc, derrière tout cela, aucune manoeuvre délictuelle, ni fraude.Qu'en jugera le tribunal ? Face à l'absence de délit clairement établi, et pour se donner le temps d'éplucher les très nombreuses pièces du dossier, les juges ont mis leur décision en délibéré au 17 mars prochain.Pierre Geraudie