Aurillac s'en sort face à Narbonne, mais court toujours après la constance
"Si cette équipe se met à jouer, elle peut battre les meilleures équipes, mais pas comme on a été aujourd'hui". Cette phrase de Roméo Gontinéac résume à la fois les forces et les manques du Stade Aurillacois au sortir de la 16e journée de Pro D2.
Vainqueur à l'arrachée d'un promu narbonnais qui a joué crânement sa chance même en étant réduit à 14 au bout d'une demi-heure, Aurillac a failli vivre une cruelle désillusion.
Aurillac arrache la victoire dans les dernières secondes face à Narbonne (relire le live)
Une heure durant, Aurillac a joué avec le frein à mainSans ces vingt dernières minutes où les Cantaliens se sont décidés à jouer au rugby, on n'aurait pu qu'applaudir le coup parfait des Audois que même un match nul n'aurait pas vraiment récompensés.
La percée de Tsutskiridze, qui faisait suite à une percussion dans l'axe de Smith, a contribué à réveiller momentanément Aurillac en première période. Photo Jeremie Fulleringer
Comment expliquer cette première heure qui rappelait des bouillies d'un autre temps contre des adversaires du bas de tableau la saison dernière ? Pour l'entraîneur, la réponse était assez simple. "Le rugby, ce n'est pas compliqué quand tu mets du combat", notait le technicien.
Soixante minutes durant, les Auvergnats ont "joué" avec le frein à main en position haute. Et si l'on excepte la (seule) bonne séquence dans le premier acte conclue par une fulgurance avec la passe au pied parfaite de Palmier pour Niko, le premier acte était une morne plaine.
Un banc qui apporte, mais peut-être un peu tardivement"Quand tu fais des séquences une fois toutes les vingt minutes, ce n'est pas assez pour espérer quelque chose", poursuivait Roméo Gontinéac, fier de la victoire mais lucide sur le contenu cantalien et qui ne se réfugiait pas derrière les vingt dernières minutes pour résumer le match.
Le banc cantalien a fait du bien, à l'image des entrées de Reggiardo, Lachaud ou Daniel qui ont contribué à mettre du rythme dans la fin de rencontre.
Dans une rencontre où le banc a eu son importance, alors qu'il avait manqué d'impact lors de la 15e journée, le technicien concédait que certains changements auraient pu intervenir un peu plus tôt, notamment au regard des entrées de Lachaud, Reggiardo et Daniel, pour ne citer qu'eux, alors que Valentin a également été de ceux qui ont donné un peu de pep's à cette fin de match qui en avait cruellement manqué jusque-là.
Par moments, on est capable de faire des bonnes choses, dans la gestion, la manière d'avancer avec le ballon, de faire des structures pour être organisés. On peut le faire pendant 5-10 minutes mais il faut le faire pendant tout le match
Cet apport des entrées en jeu est précieux pour la suite. Pour autant, Aurillac ne pourra pas s'épargner un travail visant à mieux débuter ses matches, de la même manière qu'il ne peut pas se permettre d'attendre d'être sous pression pour mettre du rythme et emballer un match comme il l'a fait à partir de la 60e minute.
Des pistes à explorer pour corriger les manques
Sur ce point, Roméo Gontinéac ouvrait des pistes, notamment sur la manière d'aborder les séances du mardi où le groupe s'entraîne à "haute intensité". Mais il y a ce qui est du ressort du staff, et ce qui revient aux joueurs eux-mêmes.
Les petits bouts de bonnes séquences de vendredi démontrent s'il en était besoin qu'Aurillac est armé dès lors qu'il se lâche dans le jeu et qu'il apporte la bonne variation entre jeu dans l'axe et au large.
C'est quand Aurillac a su utiliser davantage le jeu dans l'axe qu'il a pu ensuite offrir un autre visage offensif.
"On est trop inconstants. Par moments, on est capable de faire des bonnes choses, dans la gestion, la manière d'avancer avec le ballon, de faire des structures pour être organisés. On peut le faire pendant 5-10 minutes mais il faut le faire pendant tout le match. Quand on voit le jeu qu'on propose dans les vingt dernières minutes, où on avance dans l'axe, où on se déplace beaucoup plus, il y a des coups à jouer sur les extérieurs", pointait Marc Palmier.
Des Aurillacois lucides sur leur prestationPassée l'euphorie du final épique avec l'essai salvateur de l'ouvreur. Une fois évoqué la fierté d'avoir arraché ce succès en n'étant pas bon une grosse partie du match, l'ensemble des acteurs aurillacois étaient sur le même longueur d'onde : il reste du travail. Et Aurillac conserve une marge de progression énorme s'il inscrit ses fulgurances dans la durée d'une partie.
Très perfectible, Aurillac a malgré tout remporté son premier match de l'année, portant à 7 sa série de victoires consécutives à domicile.
Ce qui est certain, également, c'est que même sans briller tout le match, même en passant à un pouce de la correctionnelle avec une défaite qui aurait été une tâche à peu près aussi vilaine que le revers à Agen, cet Aurillac-là a gagné.
Et il est bien plus facile de franchir un cap en gagnant et en étant 8e, qu'après une défaite à domicile et avec la tête au fond du seau en queue de classement.
Texte et vidéo : Jean-Paul Cohade Photos : Jérémie Fulleringer