Non-voyante, Anne Archet, domiciliée à Lempdes-sur-Allagnon (Haute-Loire), à l’assaut du Toubkal au Maroc
A gauche des rochers, à droite le ravin… Anne, François, tous deux non-voyants, et leur guide Nourdine progressent sur un sentier avec prudence. Ce passage, taillé dans le Haut Atlas, au Maroc, les conduit à un village bâti à flanc de montagne, où ils sont accueillis à bras ouverts par les habitants. Anne offre à un jeune un t-shirt tout à fait ordinaire, floqué du nom d’une entreprise du bassin brivadois. « Il m’a pris dans ses bras pour me remercier, confie-t-elle. Cela m’a émue. Et ça a été vraiment le déclic. »
L’Association d’Amizmiz au Haut AtlasRetour en 2019. Cette année-là, et au lendemain d’un deuxième voyage-randonnée au Maroc, Anne Archet, domiciliée à Lempdes-sur-Allagnon, décide de créer « L’Association d’Amizmiz (*) au Haut Atlas », dont l’objectif est « d’apporter une aide concrète et efficace aux habitants les plus démunis » de ce massif de l’Afrique du Nord. « Nous avons rencontré des gens souriants, ayant toujours un mot ou un geste amical pour les étrangers de passage que nous étions. Ils veulent vous aider, ils vous offrent le thé… » Avec François Menguy, non-voyant lui aussi, demeurant à Vitré, en Bretagne, et d’autres amis, « L’Association d’Amizmiz au Haut Atlas » unit les réseaux et les idées des adhérents, pour apporter son soutien aux populations berbères. « Nous essayons d’avoir des actions permanentes en effectuant des collectes, en recherchant des personnes qui peuvent transporter ce que nous recueillons au Maroc, en mettant en place des manifestations pour faire connaître l’association », explique Anne. Elle a d’ailleurs participé au marché de Noël de sa commune, créé un partenariat avec l’école de football de Vergongheon…
Anne Archet, non-voyante, prépare l'ascension du Toubkal au Maroc
« Chaque année, poursuit-elle, en lien avec notre référent et ami Nourdine, qui nous indique les besoins ressentis là-bas, nous décidons d’une action. » C’est ainsi que l’association a fourni aux populations du toit du Maroc des brosses à dents et du dentifrice, puis dix lecteurs de glycémie qui ont été distribués dans des dispensaires. Et cette année, pour la troisième action, l’aide va porter sur des fournitures scolaires, cinq ordinateurs portables et cinq imprimantes.
Ce projet, Anne Archet, 39 ans, et François Menguy, 35 ans, le construisent avec Azimut Voyage, qui a leur a établi « un séjour sur mesure » pour leur permettre d’effectuer l’ascension du Toubkal. « Après deux jours de randonnée en altitude, nous ferons un transfert pour débuter notre challenge », explique Anne. Au programme. Jour 1 : Marrakech - Imlil (1.740 mètres) et le refuge (64 km, en voiture, séparent Marrakech du village d’Imlil, niché au pied du Toubkal). D’Imlil au refuge de Toubkal, dernier arrêt avant l’ascension, marche de 6 heures avec un dénivelé progressif.Jour 2 : refuge - sommet (4.160 m) - Imlil. Après une courte nuit de sommeil au refuge, départ vers 4 h 30 du matin « pour atteindre le sommet à la lueur d’une torche… » Arrivée prévue 4 heures plus tard. « Il ne suffit pas d’atteindre le sommet, il faut savoir redescendre en sécurité ». Selon la météo et le temps de descente, Anne, François et leur guide Nourdine n’excluent pas de passer une nuit supplémentaire au refuge avant de terminer la descente jusqu’à Imlil. « Nous espérons que les gens vont nous suivre sur les réseaux sociaux », signale Anne Archet. Sur la page Facebook (association d’amizmiz au haut atlas), la chaîne Youtube…
« Nous avons fait quelques demandes de subvention qui ont été refusées, regrette Anne. On ne connaît pas la raison. » Pas de quoi décourager les deux amis qui, plutôt que de baisser les bras, ont décidé de partir à l’assaut du Toubkal, le plus haut sommet de l’Atlas marocain (4.167 mètres), du 28 mai au 4 juin prochain (voir ci-dessous). Et de médiatiser leur challenge qui, soulignent-ils, « permettra de faire connaître notre association. Cette ascension est un accomplissement de soi, un dépassement de ses limites physiques. » Pour « se tester physiquement » avant le jour J, ils ont prévu de se rendre au Maroc fin mars - début avril afin de randonner, sauf si le Covid vient se mettre en travers de leur route.
Cagnotte en ligneÀ la recherche de partenaires et de sponsors prêts à s’investir financièrement, l’association a mis en place une cagnotte en ligne sur HelloAsso (www.helloasso.com/associations/d-amizmiz-au-haut-atlas) « pour les particuliers qui souhaitent faire un don ». Elle a aussi lancé une chaîne Youtube.
Anne, François et les autres membres « espèrent sensibiliser » autour d’eux suffisamment de personnes pour mener à bien leur projet humanitaire car, « dans ces villages isolés, des ordinateurs seraient très utiles pour lutter contre l’échec scolaire, le manque d’assiduité des élèves, etc. Ils seraient un atout en donnant une approche différente de la scolarité et permettraient un taux de réussite plus élevé. » Et Anne d’indiquer que dans ces villages, « il n’y a qu’une salle de classe, elle accueille une cinquantaine d’élèves de tous les niveaux… »
(*) Pourquoi Amizmiz ? Amizmiz est une ville marocaine à 60 kilomètres de Marrakech. « Elle est située juste avant la montagne. C’est là que les habitants des villages se rendent pour vendre leurs fruits, les animaux, leurs poteries… », explique Anne Archet.
Jean-Luc Chabaud