Avant Monaco - Clermont Foot, Yohann Magnin (CF63) clame son plaisir de rejouer, en plus en Ligue 1 : « J'ai tellement attendu ça ! »
«C’était début août. On était tous dans le vestiaire. On faisait tous notre sac. Sauf que les autres, c’était pour aller à Bordeaux, disputer le premier match de Ligue 1 du club, et moi, pour aller à Clairefontaine, pour ma rééducation » : chez Yohann Magnin, la voix est toujours posée, le propos réfléchi, voire élégant, mais pas sans saveur, même si les « guillemets » sont toujours indiqués à l’emploi d’une formule triviale, si rare qu’elle soit : face aux micros, le Clermontois veille à toujours avoir de la tenue.
« J'avais des douleurs partout dans le corps »Mais en ce début de mois d’août 2021, donc, il n’est pas encore prêt à enfiler celle d’un joueur de football : « Je suis alors à la croisée des chemins : j’avais passé 3 mois, il m’en restait encore 3. C’est le pire moment, parce qu’on a mesuré combien 3 mois c’est long et le chemin qu’il reste encore à parcourir. Je reprenais à peine la course, j’avais des douleurs partout. Des douleurs que je n’aurais même pas pu imaginer pouvoir avoir un jour dans mon corps… »
Au poste exposé qui est le sien dans la charnière du milieu qu’il compose avec Johan Gastien, en charge de couper les trajectoires et les courses adverses, de remporter les duels qui faciliteront la tâche des quatre de derrière, Yohann Magnin a toujours « tout donné ».
La montée en Ligue 1 fêtée en béquille à Caen
Mais le 14 avril, son corps, plus particulièrement son genou droit, lui a dit : « Un peu trop, même (*) ». C’était contre Amiens. En Ligue 2. Pour le coup, la montée, le footballeur originaire d’Orcet la fêtera bien dans le rond central du stade D’Ornano, à Caen, à l’issue du match… mais en jouant avec sa béquille.
Pour jouer « vraiment » sur un terrain de Ligue 1, il lui faudra attendre le dernier quart d’heure d’une défaite à Reims, à la toute fin novembre, subie sur un but encaissé à la 91e minute. Pas aussi cruel qu’un genou qui se fait la malle, mais quand même, comme cadeau de rentrée…
Alors, comme pour se rattraper, le destin lui offrira Lens, juste derrière, en titulaire pour son retour au Montpied, et… avec un but, pour une forte, très forte, « séquence émotion ». Pour l’effet football, oui, mais aussi pour des raisons qui le dépassent très largement…
« Je suis content d’enchaîner »
Sauf que les blessures s’enchaînant dans l’effectif, on a donc tout de suite eu besoin de lui, d’abord à son poste de milieu, donc, mais très vite à celui de… défenseur central.Face à Reims, dimanche dernier, équipe contre laquelle, il avait effectué son retour après sa blessure de mi-avril, le 28 novembre, au match aller, Magnin a débuté milieu de terrain, avant de redescendre... défenseur central, comme lors de ses précédents matchs, du fait de l'exclusion de Seidu. Au total, après Reims, Yohan Magnin cumulera 4 fois 90 minutes en championnat et un match et demi en Coupe : « Physiquement, c’est vrai que j’ai fait beaucoup d’efforts pour revenir mais pour l’instant, je ne le sens pas trop, je suis content d’enchaîner. Il faut juste être vigilant sur la récupération, avec la mise en place d’un travail complémentaire de proprioception, réactivation des muscles autour du genou, ischios, quadriceps… »
Et sur le plan de la concentration, l’une des exigences majeures du coach ? « C’est vrai que lorsqu’on est absent sur une longue période, on a beau revenir aux entraînements, ça reste des séquences de 10, 12, 15 minutes, ce n’est pas pareil que de devoir être concentré sur 45 ou deux fois 45 minutes. Et déjà que je n’avais aucune marge par rapport au niveau de la Ligue 1, comme milieu de terrain… Comme défenseur central, j’ai dû redoubler de vigilance ! »
Mais cette Ligue 1, tout de même ? « Honnêtement, le début de saison, je l’ai beaucoup plus mal vécu que bien vécu. J’étais évidemment très content pour mes coéquipiers, très heureux ! Mais c’était compliqué, j’ai même eu beaucoup de mal à revenir au stade, à donner de mes nouvelles… »
« Le coach nous le dit souvent : “On est en Ligue 1, il faut croquer à pleines dents !” »Elles sont maintenant très bonnes. Question de (fort) caractère, aussi : « C’est formateur, c’est des moments forts, qui me servent aujourd’hui sur le terrain. On me dit d’être défenseur central, pour mon deuxième match ? Eh bien, je n’ai pas douté, j’ai tellement attendu ça, qu’on pourrait me mettre à n’importe quel poste ! Je suis tellement heureux de pouvoir rejouer ! La Ligue 1, c’est un rêve incroyable et toute cette souffrance me sert, en fait, à rejaillir sur du positif, à être déterminé, à voir toujours plus haut ! »
Un « moteur », aussi, pour un groupe passé par quelques tourments ? « Je ne sens pas le groupe usé mentalement. Mais je peux aussi essayer d’insuffler cette bonne humeur, cette joie de vivre. Et comme le coach nous le dit souvent, et j’ai pris conscience de ça, aussi, pendant ma blessure : ”Eh ! On est en Ligue 1, les gars ! Même si on perd des matchs, on est en Ligue 1, on est Clermont Foot et on est en Ligue 1 ! Il faut croquer à pleines dents ! »
Il aurait été tout de même surprenant que Pascal Gastien n’ait pas, encore une fois, le dernier mot…
(*) Rupture du ligament croisé antérieur.
Jean-Philippe Béal
Monaco en trois points selon Yohann Magnin
AFFICHE. « Ça va être un gros match. Moi, j’ai déjà joué Lens (le 1er décembre dernier, le premier au Montpied et comme titulaire depuis son retour avec les pros) mais c’est vrai que Monaco, c’est peut-être une des premières top-top équipes de Ligue 1 que je vais affronter. » ENJEU. « Il est important, ce match, pour la dynamique. On sait qu’on a une semaine à 3 matchs pas évidents, donc si on pouvait commencer par un résultat, ça ne pourrait être que bénéfique pour les deux suivants. » ADVERSAIRE. « C’est une équipe qui met beaucoup de courses, des joueurs qui prennent la profondeur, habiles techniquement et qui courent énormément. Donc il faudra répondre physiquement et ensuite techniquement, trouver les solutions pour les mettre en difficulté. »