« Médiocrité » : La chronique de Jean-Michel Aphatie
La campagne a commencé. Même si tous les acteurs ne sont pas déclarés. De quoi parlons-nous, en dehors de la pandémie ? Ou plutôt, si l’on oublie Omicron, de quoi nous parlent les candidats à l’Élysée ? De tout et de rien. Surtout de rien. C’est désolant.
En vingt ans, la France a détruit plus de deux millions d’emplois industriels. Pourquoi ? Simple : trop d’impôts, de taxes. Les plus ingénieux d’entre nous sont allés produire ailleurs. Pour inverser la tendance, il faudrait baisser les impôts. Pour baisser les impôts, il faudrait baisser les dépenses publiques.
Écoutez bien les candidats, et même celui qui ne l’est pas encore. Tous promettent de dépenser plus, toujours plus, ce qui nous tue à petit feu.
Ces dix dernières années, notre dette a gonflé, enflé, beaucoup plus que dans les autres pays européens. Et sous la menace des taux d’intérêt qui vont bientôt remonter, elle pourrait un jour exploser.
Jean-Michel Aphatie. Photo Richard BrunelEt il n’y a pas que l’argent dans la vie du pays. Il y a la sécurité aussi. La plupart des candidats en parlent bien légèrement. Il suffirait d’envoyer la police, voire l’armée, pour tout régler. Tellement facile. Ne faut-il pas aussi, ce n’est qu’une piste, songer un jour à légaliser le cannabis pour éradiquer ce trafic qui gangrène des quartiers et des cités ?
Enfin, le pire, peut-être. Dans vingt ans ou dans cinquante, la Terre se sera tellement réchauffée que nous y vivrons plus mal qu’aujourd’hui. Que faire ?
Comment faire ? Changer nos modes de vie ? Consommer moins ? Au risque de voir le chômage exploser et la pauvreté se répandre ? Ce débat-là, essentiel, vital. Il devrait être au cœur de toutes les discussions. Or, il n’est abordé que par raccroc, d’une phrase, pour se donner bonne conscience.
Au lieu de tout ceci qui est grave, on nous asphyxie avec la France d’avant qui ne reviendra jamais, ou bien avec ce Kärcher© que l’on pensait définitivement remisé à la cave. La politique est parfois médiocre. Cette année, elle l’est particulièrement. C’est dommage. Nous méritons mieux.
Jean-Michel Aphatie
Journaliste politique reconnu, Jean-Michel Aphatie, passé par la presse écrite et la radio, travaille actuellement à la télévision pour LCI et France 5 (C l’hebdo).