Cinq secrets d'une PME de Corrèze pour réussir à l'export
Et si les champions de l’export en Corrèze n’étaient pas ceux qu’on croit ? Si l’un d’entre eux était installé sur les hauteurs du lac du Causse ? Une grange, une dizaine de serres et une expertise qui n’a plus à faire ses preuves. Voici les secrets de sa réussite à l’export.
Avoir de l’expérience« On en fait depuis 1986 ou 1987. On a une vieille expérience », commence Jean Coulié, le fondateur des pépinières du même nom, spécialisées dans les arbres à fruits à coque. Ses spécialités : le noyer et le châtaignier. « Mais on fait aussi du noisetier, du mûrier, du pistachier, du pacanier… Toutes les plantes difficiles à propager », résume-t-il.Jean Coulié, fondateur des Pépinières éponymes.
Des plantes corréziennes qui se propagent pourtant jusqu’en Europe de l’Est (Roumanie, Ukraine, Moldavie…), mais aussi en Italie, en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni. Elles ont même été jusqu’en Inde en 2017.
« L’export représente un tiers de notre chiffre d’affaires. Mais ça a pu être beaucoup plus, jusqu’à 60 % de notre chiffre, mais ce n’est pas bien. Aujourd’hui, nous nous sommes stabilisés. »
Miser sur des produits innovantsL’export a constitué un débouché au-delà du marché français dans les années 1980. « Quand on est sur des marchés restreints en France, on n’a pas d’autre choix. » D’autant que la recherche sur le matériel végétal menée par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), aujourd’hui Inrae, est très poussée à l’époque.
« Nous avions des variétés plus productives, plus résistantes. Nous étions un petit pays producteur mais techniquement, on bénéficiait de ce travail de recherche. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », regrette Jean Coulié qui, avec ses équipes, mène des travaux d’innovation.
Ne pas négliger la consommation mondialeSes arbres produisent des fruits à coques, considérés comme des « aliments santé », dont la consommation mondiale explose. « C’est surtout très notoire dans les pays émergeant », glisse le pépiniériste.
Ces fruitiers qui naissent en Corrèze et grandissent près de Perpignan où les risques de gel sont moindres, partent toujours dans toute l’Europe, mais aussi en Afrique du nord. « On a concrétisé un marché pour le Maroc. La commande est passée. Nous sommes en discussion avec l’Algérie, mais le fait qu’on ne puisse pas se déplacer à cause de l’épidémie de Covid, c’est embêtant. »
Rester positif et persévérantEn effet, Jean Coulié a eu des sueurs froides en mars 2020, quand la planète économie s’est arrêtée de tourner. « Il y a eu un tout petit ralentissement, puis ça a redémarré de plus belle. J’ai même l’impression qu’il y a un engouement pour nos produits. Les gens sont moins partis en vacances, ont eu moins de loisirs. Ils se sont rabattus sur d’autres choses. Ils ont planté des arbres. » La part à l’export de l’entreprise Coulié a sensiblement augmenté en 2021.Arbres prêts à être expédiés.
Bien s’entourerQuand elles se positionnent sur de nouveaux marchés, les pépinières Coulié font appel à la CCI de la Corrèze pour être accompagnées. Quant aux marchés d’Europe de l’Est, sur lesquels elles sont présentes depuis longtemps, « nous avons un agent commercial moldave qui parle moldave bien sûr, mais aussi roumain ou encore russe ».
Les Pépinières Coulié ont un système à l’export bien rodé et Jean Coulié cherche maintenant à transmettre son entreprise. Avis à ceux qui voudraient entrer au capital de cette jolie SARL.
Emilie Auffret