Six mois après la coulée de boue à Sauvagnat-Sainte-Marthe (Puy-de-Dôme)
Il existe des zones où des risques à caractère exceptionnel sont documentés, sans pour autant figurer au Dossier départemental des risques majeurs (DDRM). Ruissellements ou glissements de terrain : la commune de Sauvagnat-Sainte-Marthe en a fait la douloureuse expérience.
L’inimaginable se produit dans la nuit du dimanche 27 juin.
Un orage de grêle s’était attardé sur le plateau agricole en contre-haut. Vers 23 heures, le village de Sauvagnat-Sainte-Marthe (Puy-de-Dôme) se retrouve sous une vague de boue. Des trombes d’eau ont déferlé au beau milieu du hameau, charriant la boue et les cultures hachées par la grêle, arrachées au plateau. Plusieurs voitures sont charriées, au moins une dizaine rendues inutilisables.Sauvagnat-Sainte-Marthe se retrouvait sous la boue le 28 juin 2021, victime d'un ruissellement d'ampleur inédite.
Entre 50 et 60 bâtiments privés sont sinistrés : caves inondées, garages sous l’eau et boue partout, créant d’énormes dégâts, obligeant une dizaine de foyers à se reloger temporairement.
La commune est privée d’électricité. En plus des pompiers, les militaires d’Issoire ont été appelés en renfort. Six mois plus tard, la traversée du village ne laisse plus rien paraître du drame, et personne n’a déménagé, même si l’événement a rendu l’été et son lot d’orages particulièrement anxiogènes.
Aujourd'hui, un presque retour à la normaleEn ce début novembre 2021, Séverine Brunel, maire, fait les comptes. Il a fallu trouver 20.000 € pour la remise en état immédiate et les devis pour la voirie et bâtiments communaux sont déjà à 80.000 €.
Pour les particuliers sinistrés, la situation reste parfois complexe malgré l’état de catastrophe naturelle approuvé dès juillet. Deux foyers doivent aborder l’hiver avec un chauffage d’appoint et d’autres n’ont pas encore pu faire poser leurs nouvelles huisseries.
Demain,éviter une nouvelle conjonction de phénomènes« Pour le hameau, ça a été l’événement du siècle », résume la maire. L’équipe qui venait juste d’être élue a su faire face avec le soutien des secours. Et la maire assure qu’il y a peu de chances pour que cela se reproduise.
« L’événement était exceptionnel avec une conjonction de facteurs sans lesquels la situation n'en serait peut-être pas arrivée là: un épisode de grêle conséquent, qui est resté longtemps sur un plateau, ceci à une période où se trouvait un étagement particulier de cultures qui a pu favoriser l’ampleur du ruissellement ».
Élus, agriculteurs et autres partenaires, tout le monde veut aujourd'hui se mettre autour de la table pour y réfléchir et avancer des solutions qui minimiseraient l’impact d’un tel événement s’il venait à se reproduire. Mais pour l’élue, ces phénomènes imprévisibles de ruissellements font partie des aléas qu’il faudra parvenir à intégrer plus formellement dans la gestion des risques majeurs.
« Quand on se retrouve confronté à ça un dimanche soir à 23?h?30, dans l’urgence, on risque de passer à côté de choses importantes?! Il faut des plans de prévention qui permettent de former et d’informer les élus sur ce type de risques: ils peuvent survenir n’importe où pour peu qu’il y ait une conjonction de phénomènes. Il faut être immédiatement réactif et efficace, même quand on n'a jamais été confronté à ce genre de choses. »
Anne Bourges anne.bourges@centrefrance.com Follow @a_bourges