Loup : des associations portent plainte contre la Coordination rurale en Creuse et Haute-Vienne
Les déclarations publiques de la Coordination rurale appelant les agriculteurs à abattre eux-mêmes les loups en Limousin ont fait réagir des associations de défense de l’animal.
Le retour du loup en Limousin, qui provoque de vives craintes dans le monde agricole, se déplace ces derniers jours sur le terrain judiciaire.
Tour à tour, l’association One Voice (défense de tous les êtres vivants) et le Klan du Loup (défense du loup en France) ont décidé de porter plainte contre les représentants de la Coordination rurale de la Haute-Vienne et de la Creuse. En cause, le communiqué du syndicat agricole, après la confirmation de la présence du loup, qui indiquait : « en Haute-Vienne, nous avons du plomb et du poison et nous régulerons par nous-mêmes ! »
Puis, sur l’antenne de France 3 Nouvelle-Aquitaine, les propos d’un responsable creusois : « on invite les agriculteurs à prendre leur fusil de chasse et à tuer le loup sans rien dire. Il faut faire ça discrètement pour faire disparaître les cadavres. La coordination rurale remboursera le plomb et le sac de chaux. »
One Voice, rejointe par Pet’s Rescue France a déposé plainte auprès du tribunal de Guéret pour « complicité par incitation à la destruction de spécimens d’une espèce animale protégée et provocation à commettre un délit par voie de presse ».
Le Klan du loup qui dénonce « des appels au braconnage et à l’empoisonnement » a également sollicité les procureurs de Limoges et Guéret, appelant « au respect de la législation en vigueur concernant les espèces protégées et la protection des citoyennes et citoyens ».
Contactée, la Coordination rurale n’a pas souhaité s’exprimer sur ces dépôts de plainte.
Un courrier commun du Limousin adressé à l’Élysée
Les chambres d’agriculture de la Corrèze, de la Creuse et de la Haute-Vienne ont saisi Emmanuel Macron afin de classer le Limousin en Zone difficilement protégeable du loup.
Alors qu’une cacophonie semble s’installer à propos de la présence du loup, espèce protégée, et les moyens de protection des éleveurs limousins, les présidents des trois chambres d’agriculture ont décidé de s’adresser directement au président de la République. Tony Cornelissen (Corrèze), Pascal Lerousseau (Creuse) et Bertrand Venteau (Haute-Vienne) savent que lors de sa visite, la semaine dernière, en Creuse, Emmanuel Macron avait été saisi des « problématiques cumulées de nos départements d’élevage » et avait évoqué la mise en place d’une Zone difficilement protégeable. Les responsables agricoles renouvellent cette demande, un classement administratif dont bénéficie par exemple l’Aveyron ou la Lozère.
Autoriser des tirsIl autorise les tirs de défense simple, mais aussi « renforcés » en cas de plusieurs attaques sur un troupeau. « Nous sommes en capacité de fournir en quelques jours des données pour étayer la justification », assurent, dans leur lettre, les trois présidents qui verraient, dans ce classement, « un signal fort pour les éleveurs ». À la suite de la réunion de la cellule loup en Corréze, la préfète avait assuré que cette piste doit être travaillée « avec les autres départements du Limousin ».
Enfin, la réponse, ou non, de l’Élysée pourrait déterminer un projet de procédure judiciaire mettant en cause la responsabilité de l’État face au retour du loup en Limousin.
Julien Bigay